Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
Vom Netzwerk:
Blanche. Elle se reprend : Athénaïs serait furieuse. Elle frappe trois coups légers. Une gamine maigrichonne, tignasse sale, tablier gris, entrouvre la porte, la dévisage :
    — Entrez, mademoiselle, je suis Marie-Marguerite, la fille de Catherine Monvoisin.
    Blanche la suit à travers un jardin intérieur à l’abandon où se cachent une chapelle peinte en noir et une maisonnette à colombages. Dans une pièce aux volets clos, une large table de bois supporte flacons, philtres et grimoires. Des peaux de serpents, de lapins et des plantes sèches pendent du plafond. Sur des étagères, on distingue à peine des bocaux où flottent des fœtus que Blanche prend pour d’étranges animaux.
    — Approchez, mon enfant, approchez, murmure une voix dans l’obscurité.
    Une femme en blanc, la tête couverte d’un attifet, la fixe de ses yeux encavés. Sa bonhomie réconforte Blanche. Sans fard, un large front, de bonnes joues, de grosses lèvres tombantes, un long nez, la Voisin la jauge, comme une dame patronnesse :
    — Vous n’étiez pas annoncée. Vous avez de la chance. Quelqu’un s’est désisté. Vous êtes ici dans un lieu de culte. Parlez bas. Que désirez-vous ? Nous avons en notre possession des hosties consacrées. Elles recèlent un pouvoir considérable. Si vous les placez sur votre cœur, vous serez protégée des maladies, même du Malin. Vous semblez gênée… Je crois deviner pourquoi. J’ai l’habitude de ces choses. Si vous êtes ici pour faire passer un enfant, je peux y remédier sans peine. Cela vous coûtera bien moins qu’un chirurgien. Vous ne sentirez rien : mes clientes sont très satisfaites de ma potion anesthésiante et de la qualité de mes services. Livrez-vous à moi.
    — Madame, je ne viens pas pour ce genre d’affaire, mais pour vous demander un service, ose Blanche, mal à l’aise. Deux femmes sont venues juste avant moi. Je n’attends pas de vous que vous me disiez de qui il s’agit, mais que vous me révéliez l’objet de leur visite. J’y mettrai le prix, ajoute-t-elle en glissant sa main le long de sa cuisse pour montrer que s’y cache une bourse.
    — Ici, tout est enterré : ce qui se dit, comme ce qui s’y passe. Je ne vous confierai rien. Je fais partie d’une très vieille confrérie ; nous sommes tenus au secret.
    Blanche pose le collier sur la table. La pythonisse s’approche. À la lumière d’une bougie, ses traits apparaissent plus tirés, plus durs. Elle examine le bijou, s’adoucit :
    — Cette parure doit appartenir à une femme de haute lignée. Pourquoi ne pas vous faire confiance ? Vous me présentez quelques gages de sûreté… Ces dames ont demandé à se faire lire les lignes de la main. J’ai annoncé à l’une qu’elle avait été aimée d’un grand prince. Elle a voulu savoir si la passion reviendrait. J’ai bien été forcée de lui avouer que cela était impossible.
    — Et alors ? insiste Blanche déçue.
    — Cette dame m’a priée de trouver le moyen approprié de faire disparaître sa rivale. Vous vous doutez bien que je me refuse à de telles pratiques, à moins que… Je suis une bonne chrétienne, je crains l’enfer ; j’accepte seulement de dire des neuvaines, rien de plus.
    — Que vous a-t-elle répondu ?
    — Qu’avec ou sans mon aide, elle se déferait de l’une ou de l’autre.
    Blanche pâlit. L’autre est-il le roi ? La Voisin fait glisser le collier vers elle, le fait tomber dans un tiroir, vite repoussé.
    — Chère petite, bien que je ne vous connaisse pas, vous m’êtes agréable ; permettez que je lise les lignes de votre main, avant de clore cet entretien.
    Blanche ouvre sa paume gauche.
    — Votre main est moite. Soyez sans crainte. Voyons… Vous êtes entourée d’ennemis. Ils sont légion. Je vois des femmes, oui, elles sont assez âgées. Rassurez-vous, je me charge de briser leurs intentions et de leur jeter un sort. Des malheurs s’abattront sur elles. L’une se cloîtrera à la suite d’un deuil. Un deuil vous frappera aussi, mon enfant, soupire la Voisin. Vous serez aimée par trois hommes. Les portes s’ouvriront devant vous. Vous triompherez. Ah ! Cette ligne tourne un peu trop vers la gauche : cela m’inquiète. Le signe d’une trahison. Une dame sans doute… oui, une grande dame.
    — Pourriez-vous m’en dire plus ?
    — Pas ce soir. Revenez me voir dans quelque temps. Vous aurez besoin de poudres d’amour…
    Blanche la salue de la tête, se

Weitere Kostenlose Bücher