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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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que l’un d’eux, Michel Baron, âgé de treize ans, l’a subjugué. Il ferait désormais partie de sa compagnie. Tu ne seras plus la plus jeune, sourit Ninon.
    — Jean-Baptiste prépare-t-il une nouvelle pièce ? insiste Blanche.
    — Quel empressement ! Je crois qu’il ne veut rien entreprendre avant Pâques. Il se repose à Auteuil, loin d’Armande. À Paris, il a loué une grande maison près du Palais-Royal. Il pourra y loger sa femme, Madeleine, Geneviève, Catherine et leurs maris…
    — Je me demande comment fait Armande pour cohabiter avec Catherine de Brie. Il paraît que Molière badine avec elle, ragote Françoise.
    — Les hommes se lassent qu’on leur serve toujours la même viande, pouffe Ninon. Même le roi commencerait à s’ennuyer avec Louise. On murmure que Bonne de Pons aurait ses faveurs.
    — La maréchale a eu vent de la nouvelle et a ramené sa pupille à Paris, révèle Françoise. Bonne était dans tous ses états. Elle m’a confié que Sa Majesté était mieux que magnifique. J’ai tenté de la raisonner, de lui rappeler qu’il était marié. Elle m’a répondu : « Être la maîtresse du roi n’est pas si laid qu’être la maîtresse d’un homme ordinaire. Le roi n’aime point les parfums, à part celui des femmes. Il adore la chasse et plus encore la danse. Il suce des pastilles à la cannelle, raffole des violons, des comédies, des duchesses, mais aussi des chambrières aux trousses légères. » Le roi est jeune : tout lui est permis. Il a reçu tant de grâce de la nature et tant de dons de Dieu.
    — Pourquoi les hommes, fussent-ils roi, ont-ils le droit d’avoir plusieurs maîtresses alors que les femmes infidèles sont mal jugées ? J’en connais une qui ne se gêne pas pour vivre comme eux, persifle Blanche.
    — Il te faudrait un mari qui ait du caractère et te tienne la bride serrée ! la tance Ninon. La duchesse de Longueville m’a confié t’avoir aperçue sur la terrasse du Palais-Royal en train de folâtrer avec son fils. Elle a pris l’air affligé. Je vais tenter de faire oublier cette erreur, sinon, nous te trouverons un autre mari.
     
    Blanche claque la porte, grimpe dans sa chambre, lance ses escarpins à l’autre bout de la pièce. Fulmine : J’en ai assez ! Plus qu’assez ! De quel droit Ninon se permet-elle de me rabrouer ? De m’imposer un mari ? Elle est mal placée pour me faire la morale, elle qui se pique d’un amant de vingt ans de moins qu’elle et a toujours vécu aux crochets de ses payeurs. J’en ai assez de cette vieille bique de Françoise. Elle jalouse Athénaïs – la seule qui me comprenne. J’ai envie de jouer, de danser, de boire du vin de Champagne, de batifoler avec Charles. Sa mère est une peste. Je me sens seule. Si seule. Maman, tu me manques ! Si tu avais été là, tu m’aurais consolée. Tu m’aurais transmis ton courage. Je n’en peux plus. Mon père m’a oubliée. Je ne suis rien pour lui. Je ne sais même pas si j’ai encore de la famille en Bretagne ni qui étaient mes grands-parents. Que vais-je devenir ?
    Blanche attrape la lettre de Ronan, la relit devant l’âtre. Enveloppée dans un manteau de drap gris, elle sort de la maison en courant. Elle sait où elle va : rue de la Vieille-Lanterne. De la lumière se diffuse de la salle basse où Marc écrit sur une table de bois. Elle toque aux carreaux de la fenêtre. L’écrivain lève le menton, se précipite pour lui ouvrir :
    — Morbleu, comme tu as changé ! Ça me fait plaisir que tu reviennes voir ton vieil ami. Entre, tu vas attraper la mort par ce froid. Tu trembles comme un chevreau… D’où te vient cet air tristounet, mon oisillon ? Il a dû s’en passer des choses depuis tout ce temps. Viens te réchauffer et causons. Qu’est-ce que tu es jolie, par saint Michel !
    — Vous êtes gentil. Vous êtes le seul à qui je peux parler. Ninon ne me comprend pas.
    — Allons, bichette, Ninon veut ton bien. Il ne faut jamais se laisser aller. Tu es trop belle pour ne pas être forte. Dis-moi ce qui ne va pas.
    — Je suis amoureuse…
    — En voilà une bonne nouvelle ! Il n’y a pas de quoi se mettre la rate au court-bouillon.
    — Un peu quand même. Parce que… la mère de mon amoureux ne m’aime pas.
    — Qui est cette malfaisante ?
    — La duchesse de Longueville, lâche Blanche.
    — Une grande dame. Riche, écervelée, prétentieuse : tout ce que j’aime. Ne te laisse pas impressionner. Si

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