Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
Vom Netzwerk:
claquement de doigts, il invite Blanche à s’asseoir près de lui. Elle cligne les paupières. Se laisse caresser la bouche, les cheveux. Louis embrasse son front, son nez, s’attarde sur son cou, ouvre son corsage, lèche par petites lampées ses mamelons, les tète, les mord. Blanche se cambre. Il glisse sa main sous sa jupe. Elle s’ouvre. Il entre dans son jardin, s’y repaît, s’y repose. Elle ne sent plus la paillasse.
    Le roi pose ses mains sur son ventre, de longues mains fines.
    — Je te donnerai ce que tu voudras. Je ne te demande qu’une chose : pas un mot.
    — C’est juré.
    — Jurer, c’est blasphémer, promettre est mieux.
    Louis enfile ses bottes, rajuste sa perruque, se couvre, la laissant les seins nus. Jusqu’à la fin de la chasse, il ne laisse rien paraître.
    En sueur, Blanche talonne son cheval : après tout, Charles l’a bien mérité.
     
    Le lendemain, à minuit, alors qu’elle lit à la chandelle le Journal de sa mère, Louis surgit dans sa chambre bleue. Elle se couvre d’un châle. Il ôte son pourpoint, jette un regard circulaire aux murs où la peinture s’effrite :
    — Je viens vous dire bonsoir. J’ai décidé de vous installer place Royale, ma douce. La comtesse de La Tour vient de décéder. Ses enfants refusent de reprendre l’hôtel qui sera divisé en appartements. Vous serez chez vous, près de Ninon. Cela vous fait-il plaisir ?
    — Je ne voudrais pas vous obliger, Majesté, s’incline Blanche troublée de vivre là où sa mère a commencé.
    — À présent, montrez-moi vos jolies jambes, belle Bretonne.
    Pour gagner du temps, Blanche lui raconte l’histoire de sa mère, son exil à Locronan, sa mort en Nouvelle-France. Louis s’impatiente ; il la prend dans ses bras, la caresse jusqu’à ce qu’elle crie, ivre de volupté. Le roi s’en contente.
    Après une nuit agitée, Blanche descend l’escalier en marbre décoré de massacres. En grand deuil, Aglaé grimpe dans un carrosse pour se rendre aux funérailles de sa grand-mère. Le roi s’y engouffre, s’y attarde. Lorsqu’il en sort, échevelé, son pourpoint déboutonné, Blanche bouillonne : à sa réputation, il est bien capable d’avoir troussé la Bouillon. Prise de haut-le-cœur, elle se résout à rentrer à Paris.
     
    Rue des Tournelles, elle avoue tout à Ninon. Sa marraine la serre contre ses seins :
    — Des milliers de femmes t’envieraient, ma chérie. Le roi t’a-t-il gratifiée ?
    — Il m’offre un logement dans l’hôtel des La Tour.
    — Magnifique ! Ta mère serait si heureuse. Ah ! Il faut que je te dise : Françoise Scarron m’a écrit : Athénaïs a accouché d’une fille. N’oublie jamais que la marquise est une Rochechouart de Mortemart, une famille plus ancienne que celle du roi. Tu n’auras jamais les mêmes faveurs qu’elle. Sois discrète. Si elle apprenait ton aventure, elle ne te le pardonnerait pas.
    Blanche se mord les lèvres. Non sans appréhension, elle se dirige vers la place Royale : l’hôtel des La Tour est chargé de souvenirs. Comment vivre dans les murs qui abritèrent sa mère, mais aussi Arsinoé et Charlotte ? Ont-ils une mémoire ? Les arbres bourgeonnent. Sous les arcades, les marchands ont ouvert leurs échoppes. Les volets de l’hôtel sont fermés. Blanche fait lentement tourner la clef dans la serrure du porche et entre à pas de loup dans une vaste entrée. Un lustre en bronze se balance au-dessus d’un escalier de pierre à rampe en fer forgé à l’italienne. À l’étage, une double porte en chêne gris cérusé s’ouvre sur une enfilade assombrie par de hauts plafonds à caissons peints de couleurs vives. Blanche imagine sa mère le jour de son arrivée. Comme elle, elle devait se sentir si petite. De lourds rideaux de brocard masquent la lumière du jour. Des cabinets toscans marquetés d’ivoire, des tables légères, des chaises dorées à la feuille meublent trois salons qui se suivent en enfilade. Une antichambre où trône le portrait d’une Diane chasseresse côtoie la chambre de la comtesse. Les rideaux défraîchis rose pâle sont tirés. Devant un lit à baldaquin bordé de tabourets à franges, Blanche croit entendre bruire les murmures de la comtesse et de ses amies dans la ruelle. Elle pose son sac, s’assied devant une coiffeuse, passe sa main dans ses cheveux, oppressée, comme si la maîtresse de maison allait sortir de son lit et reprendre sa place.
     
    Accompagnée de Blase, Ninon

Weitere Kostenlose Bücher