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La Revanche de Blanche

La Revanche de Blanche

Titel: La Revanche de Blanche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuelle Boysson (de)
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roi a proposé à la Grande Mademoiselle d’épouser son frère. « Ma cousine, voilà une place vacante », lui a-t-il dit. Mademoiselle a décliné cette offre. Elle est folle de Lauzun, ce blondinet, chauve, graisseux et difforme.
    — Le meilleur parti pour Monsieur serait Élisabeth Charlotte von der Pfalz-Simmern, la princesse Palatine. Une grosse allemande teigneuse qui ne jouera pas les coquettes, se moque Marie-Madeleine de La Fayette.
    Le teint gris, des cernes bleus, Françoise Scarron essuie son front :
    — Permettez que je me retire, je dors mal ces temps-ci.
    Blanche descend aux cuisines pour se régaler de confiture de framboises. Dans l’escalier, elle surprend Françoise confier à Ninon :
    — Afin que personne ne découvre l’existence des enfants de madame de Montespan, je suis sans cesse obligée de déménager. Athénaïs ne se soucie guère de sa progéniture. Par bonheur, elle se plaît à causer avec moi. Quant au roi, il me voit comme une Précieuse et m’appelle « ce bel esprit ». Votre filleule s’épanouit, il serait temps de la marier…
    De quoi se mêle-t-elle ? se crispe Blanche qui attend que Françoise soit partie pour apostropher Ninon :
    — J’espère que tu n’as pas révélé l’existence de Marquise à la Scarron ni à cette pie de Sévigné. Elle me regarde d’une drôle de façon celle-là.
    — Rassure-toi, je suis une tombe.
     
    Avant de partir pour Villarceaux, Blanche prend l’air sur son balcon. Un cavalier trotte près du pavillon de la Reine. Il attache son étalon devant chez elle. Mais, c’est T’en-fais-pas et… Charles ! Vite un peu de fard, du rouge aux joues, un coup de peigne. À peine le temps d’enfiler un jupon de soie bleu, le comte de Saint-Pol se présente. Blanche frétille. Radieux, il la salue bien bas.
    — C’est magnifique, ma chérie ! Ma mère m’a souvent parlé de la ruelle d’Arsinoé. Tu es une dame maintenant. Aurais-tu hérité ? Aurais-tu des bienfaiteurs, comme Ninon ?
    — Ne dis pas de mal de Ninon. Elle s’est montrée très généreuse envers moi et me permet de vivre ici, ment Blanche avec aplomb.
    Charles s’agenouille devant elle :
    — Tu es belle, tu es la femme que j’aime.
    Blanche se pelotonne au creux de son cou :
    — Comment se porte Laure ?
    — Elle est froide, hautaine, mondaine. Toi, tu es la vie même, chaleureuse, aimable, si désirable…
    Sa voix grave, aux accents chantants, Blanche pourrait l’écouter des heures. Il l’attire vers la chambre rose. Le lit d’Arsinoé est trop grand pour eux. Ils s’enivrent du mot amour, le caressent, le chantent, le bercent. Les lèvres du chevau-léger sentent la nuit. Sa peau, la crème de lait.
    — Nos nuits sont plus belles que leurs jours, soupire-t-elle, évanescente.
    Après l’épreuve de la maternité, elle craignait de ne plus rien ressentir. Tout est revenu, encore plus fort.
    Au petit matin, Charles est obligé de rentrer. Elle le retient, lui parle des acteurs, de son jeu, de Racine. Il la félicite, la couvre de baisers. Rejoint T’en-fais-pas, sa femme.
    Sur le sol, près d’un jupon bleu, de souliers à talons rouges, un mouchoir tombé de la boutonnière de Charles. Brodée au fil d’or, la devise des Condé : Nous serons comme des dieux.
     
    Cet été-là, Blanche profite enfin de Marquise. Des yeux en amande, un ovale en cœur, une bouche bien dessinée, les premiers sourires de sa fille la ravissent. Elle la promène le long de la rivière, la berce, la câline, lui chante de vieilles chansons bretonnes. Pendant que Margot la nourrit, la change, elle se tracasse. Que dire à la petite quand elle lui demandera qui est son père ? Faudra-t-il amadouer le roi pour qu’il désire la connaître ? Elle espère lui parler à Chambord où la reine l’a invitée pour les fêtes de la chasse. Molière y présentera Le Bourgeois gentilhomme . Elle a reçu un mot de Racine : il l’attend pour les répétitions de Bérénice, début novembre.
     
    Blanche arrive à Chambord le 10 octobre 1670, juste avant la représentation. Sur la scène éclairée d’une rampe de chandelles, La Grange ouvre le bal :
    — Majesté, j’ai l’honneur de vous présenter cette comédie-ballet en cinq actes accompagnée d’une musique de Jean-Baptiste Lully ; les ballets sont de Pierre Beauchamp, les décors de Carlo Vigarani, les costumes du chevalier d’Arvieux.
    Turqueries avec chœur, grand mufti et orchestre, la

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