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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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sûre.
    —
    Désolée d'être en retard, balbutia-t-elle.
    Elle eut un rire nerveux et poursuivit :
    —
    Mais mieux vaut tard que jamais.
    —
    En effet, Blanche, mieux vaut tard que jamais.
    Ayant reconnu la voix, elle se détendit.
    —
    Approchez, je vais prendre le cheval.
    Elle obéit et tendit les rênes à l'individu, si contente qu'elle vit à peine le couteau que celui-ci lui plongea dans le flanc avec un mouvement de vrille. La silhouette encapuchonnée regarda Blanche vaciller, s'occupant déjà de calmer le cheval que la brusque odeur du sang énervait.

    Kathryn était installée à la table de la cuisine. Thomasina, sa coiffe se gonflant comme la voile d'une cogue, avait le visage rouge et congestionné, tandis qu'elle retirait les braises du four à pain à côté du foyer.
    —
    Je serai bien préparée pour le purgatoire, marmonna-t-elle, mais le pain est cuit, Kathryn.
    Elle leva les yeux sur le panier suspendu aux chevrons, à l'abri des ravages des souris.
    —
    Ces petites voleuses n'y toucheront pas, pas vrai? Où est donc passé Wulf?
    —
    Il est sorti dans le jardin, répondit distraitement Kathryn.
    —
    Et vous, vous avez eu de la besogne, fît observer la cuisinière, plantée les mains sur les hanches.
    Kathryn en convint, toujours distraite. Les clients avaient défilé toute la matinée dans son échoppe installée en façade de la maison. Le Conseil n'avait pas autorisé Kathryn à avoir un étal; les gens venaient donc chez elle acheter leurs simples et leurs épices : reine-des-prés, estragon, thym, basilic, lampsane, peuplier noir, trèfle blanc. Quelques personnes avaient demandé un peu du contenu de ces fioles et petits pots de poisons que Kathryn gardait dans son coffre : champignon vénéneux, poudre d'écorce et de feuilles de buis. Ces ventes-là, Kathryn les consignait dans le grand livre. Elle savait pourquoi les gens achetaient ces poisons : tout le monde se plaignait de l'infestation de rats et cherchait des substances nocives pour s'en débarrasser.
    Les patients habituels s'étaient présentés : Mollyns, le meunier qui se plaignait de son ventre; Edith et Eadwig, les jumeaux de Fulke, le tanneur, qui avaient de nouveau plaies et bosses; un colporteur souffrant d'une infection des gencives; une femme avec un furoncle au sein que Kathryn avait examiné avec attention. Ces maux-là, elle s'en méfiait. Si elle ne comprenait pas quelque chose, la contagion d'une maladie, par exemple, ou une tumeur maligne, elle envoyait toujours les malades au père Cuthbert, de l'hospice des Prêtres Indigents. Et Thomasina les y accompagnait volontiers.

    Kathryn leva les yeux. Pour elle, Thomasina était à la fois une servante, une mère, elle tenait la boutique, et surtout elle jouait le rôle d'amie très proche.
    Son grand plaisir était d'arpenter bruyamment la maison, mais elle sautait sur toutes les occasions de se rendre à l'hospice des Prêtres Indigents.
    Plusieurs fois veuve, Thomasina, dans sa jeunesse, avait nourri une ardente flamme pour le jeune et beau père Cuthbert, qui, à l'instar du père de Kathryn, avait étudié les drogues et la médecine à Salerne et à Montpellier.
    —
    Quand donc cette Agnes sera-t-elle de retour? maugréa Thomasina, brandissant son couteau comme un bourreau en s'approchant d'un jambon.
    —
    Tu sais où elle est, répliqua Kathryn, les yeux fixés sur son manuscrit.
    Elle est allée au Buttermarket, et Wulf se trouve dans le jardin.
    —
    Et Colum?
    —
    Il est parti à cheval en hâte pour Kingsmead, confier les affaires courantes à son sergent Holbech,
    —
    Et il va revenir vous épouser?
    —
    Non, Thomasina, il va revenir pour me conduire chez les frères du Sac.
    —
    Encore un tas de bons à rien, marmonna la servante. Je déteste les moines, je déteste les frères, je déteste les Irlandais aux yeux brûlants et aux doigts avides.
    —
    Tu aimes bien Colum, répliqua Kathryn comme si elle récitait un psaume, et Colum t'aime bien. J'aime Colum d'amour, il me le rend. Je te l'ai dit, si Monksbane découvre la vérité, Colum et moi nous marierons à l'église Sainte-Mildred, Tu pourras danser avec le père Cuthbert.
    —
    Je ne peux pas danser! claironna Thomasina avant de disparaître dans la dépense.
    Kathryn se pencha sur l'inventaire rapide qu'avait fait Colum de ce qu'ils avaient trouvé dans la chambre de Padraig Mafiach, au Falstaff. Ils n'étaient rentrés que peu avant minuit. Kathryn s'était retirée

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