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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Bourchier, mais mon hypothèse est plus logique. Je crains que les choses n'empirent avant de s'améliorer.
    Son regard soutenait maintenant celui de la duchesse Cécile.
    —
    Madame, demain après-midi, on doit exhumer le corps de votre confesseur, Roger Atworth, en vue de sa béatification.
    Clarence eut un éclat de rire plein de mépris que Bourchier ignora.
    —
    Quel est le rapport avec Mafiach? demanda Édouard avec mauvaise humeur.
    L'archevêque joignit les mains comme s'il priait.
    —
    Je peux me tromper, cependant Atworth, comme le feu et regretté Mafiach, connaissait trop de secrets. J'hésite à le dire, Madame, mais je me demande si le saint Roger est mort de mort naturelle.
    Des protestations fusèrent, et l'on demanda à l'archevêque de s'expliquer.
    Celui-ci secoua la tête et remonta son chaud vêtement sur ses épaules, sans quitter le regard de la duchesse un seul instant.
    —
    La mort d'Atworth, reprit-il, constitue une sorte de mystère, Madame. Je crois savoir qu'il devait vous écrire et ne l'a pas fait? Qu'il se soit retiré de la vie de sa communauté religieuse juste avant de mourir, tous ces phénomènes extraordinaires...
    —
    ... sont la manifestation de la volonté de Dieu, lança sèchement Cécile.
    Atworth était un saint homme.
    —
    Certes, Madame, mais il était aussi un pécheur, comme nous le sommes tous aux yeux de Dieu.
    Cécile sentit un froid glacé la gagner comme si une main mystérieuse avait laissé entrer l'air gelé de la nuit dans la salle chaude et parfumée. Ce vieux renard était au courant pour elle, se dit-elle. Elle promena son regard autour de la table, et oublia le brouhaha des voix qui brusquement posaient des questions à Bourchier. Malgré son visage impassible, elle se trouvait ramenée à un temps bien avant que ses fils n'aient vu le jour. Elle était à Calais avec son époux quand les armées françaises s'étaient rapprochées, le vaste empire anglais en France s'était effondré... jours de violence et de fougue !
    Cécile leva les yeux. Édouard la fixait avec un air singulier.
    —
    Qu'y a-t-il, Madame? chuchota-t-il.
    À présent, Bourchier s'occupait de répondre à une question de Clarence, mais il observait toujours la duchesse du coin de l'œil,
    — Votre Éminence, lança celle-ci, le bienheureux Roger Atworth était mon confesseur ! Savez-vous qui était le sien, dans la communauté religieuse?
    —
    Il n'en avait pas, Madame.
    —
    Il a pourtant dû se faire entendre en confession ? Ainsi que vous le dites, il était pécheur, comme nous tous au regard de Dieu.
    —
    Certes, Madame, mais ne vous l'avait-il pas dit?
    Bourchier croisa les mains.
    —
    C'est moi qui l'entendais.
    Cécile d'York se retint à la table pour ne pas perdre l'équilibre. Il mentait ! Il ne pouvait en être autrement ! Tout ce dont elle était sûre s'effondrait! Elle ne pouvait penser à rien d'autre qu'à Atworth. Quand le roi frappa sur la table avec le pommeau de sa dague, elle sursauta.
    — Je vous ai dit tout ce que je savais, déclara Édouard. Il est tard, et nous ne pouvons guère faire plus.
    Il leva la main afin de calmer les murmures.
    —
    Nous devons nous préparer pour l'arrivée du vicomte de Sanglier, ajouta-t-il d'une voix doucereuse, la nuit est bien avancée, et les dames nous attendent.
    Des rires accueillirent ses paroles. Bourchier se dressa et, après s'être incliné, sortit de sa démarche de canard. Les autres se dispersèrent. Édouard effleura le pied de sa mère de sa botte en cuir souple, indiquant ainsi qu'elle ne devait pas partir. Une fois la salle vide, il s'étira et se leva. Puis il ouvrit la porte, adressa quelques mots au capitaine des gardes, referma et reprit son siège.
    —
    Vous êtes troublée, Mère.
    —
    Non, mon fils.
    —
    Vous ne dites pas la vérité. Qu'était cet Atworth pour vous ? Un vieux religieux ennuyeux qui écoutait vos petits péchés et vous donnait l'absolution? Oh, je sais, je sais...
    Édouard éleva une main ornée de bagues.
    —
    Vous l'avez connu en France.
    —
    Il était mon valet de chambre.
    Dans un bruissement de taffetas, Cécile se tourna pour regarder son fils bien en face.
    —
    J'étais jeune alors, sourit-elle, ton père et moi étions partis en France pour voir si nous pouvions retourner la situation, mais les hommes du Dauphin avaient confiance en Jeanne d'Arc, la pucelle d'Orléans. Ils assuraient qu'elle était la main de Dieu. Je ne sais pas si c'était vrai, ajouta-t-elle

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