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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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avec une pointe d'ironie, mais Dieu en tout cas n'était pas avec nous. L'armée anglaise est partie en déroute; ton père et moi avons trouvé refuge à Calais.
    — Qu'est-il arrivé là-bas ? voulut savoir Édouard.
    —
    J'ai commis un meurtre; je ne t'en dirai pas davantage, mon fils. J'ai tué un homme qui constituait une menace pour ton père et moi.
    Édouard se pencha, les bras posés sur la table, scrutant le visage de sa mère comme pour y déceler la vérité.
    —
    J'ai tué, moi aussi, nous avons tous tué, Mère. Ceux qui sont roi, ou veulent le devenir, se fraient un chemin jusqu'au trône à travers un océan de sang.
    Il se tut, puis reprit :
    —
    Vous n'avez rien à craindre. Qui était cet homme?
    — Un ennemi. Il aurait pu nous anéantir.
    —
    Et vous ne pouvez me dire ni son nom ni pourquoi?

    —
    Non, répliqua Cécile sans élever la voix, mais l'affaire pèse sur ma conscience.
    —
    Comment peut-il être dangereux pour vous maintenant?
    — Je l'ignore, chuchota Cécile, mais j'ai l'impression que c'est grave.
    Elle baisa le bout de ses doigts et les appuya sur la bouche de son fils adoré.
    —
    Et je ne t'en dirai pas plus, mon ange blond, murmura-t-elle.
    Dans la forêt au nord de Cantorbéry, une femme qui se faisait appeler Blanche Southgate sauta maladroitement de la monture qu'elle avait achetée sur un petit marché aux chevaux, non loin de Queningate. Comme on le lui avait ordonné, elle conduisit la bête sur l'étroit chemin. À tout autre moment, Blanche aurait été nerveuse, mais ce soir-là, elle avait confiance. Le marchand lui avait promis qu'elle ne risquait rien et deviendrait riche, et cette nouvelle perspective la réjouissait. L'animal, sa selle et son harnais avaient dû coûter un bel argent, de même la robe, la tunique et le manteau qu'elle portait. Elle avait de bonnes chaussures aux pieds, et arborait des cheveux propres et bien coiffés pour être avenante et sentir bon.
    Les bruits de la nuit s'entendaient partout : bruissement des sous-bois, hululement solitaire d'un hibou en chasse. Blanche avala sa salive pour dissimuler son appréhension. Dans ses fontes de selle, elle transportait une dague, mais les bois ne recelaient pas de danger. Il n'y rôdait pas de hors-la-loi. Les gardes de la cité avaient été très vigilants et les troupes de la maison royale, cantonnées à Islip, à moins de deux kilomètres, avaient battu ces halliers à la chasse, les débarrassant des mendiants et vagabonds, gens de l'ombre qui vivaient loin de la lumière de la loi.
    Blanche était fière de savoir ces choses. C'est qu'elle n'était pas une ignorante
    : elle avait fait partie d'une troupe ambulante qui avait rencontré des temps difficiles à Londres. Blanche connaissait le monde. Elle avait joué la comédie chez les grands du pays. Elle avait aussi diverti de puissants marchands et vendu ses faveurs pour une pièce d'argent, pas moins. Elle regrettait seulement que l'homme qui avait loué ses services ne l'ait pas gardée avec lui, mais il avait tenu à lui faire quitter un lit douillet pour qu'elle le rejoigne ici, bien après minuit, sous le ciel étoilé. Le cheval s'arrêta brusquement et hennit, tournant la tête, comme attiré par un bruit. Blanche, qui tenait le licou, sonda les ténèbres. Elle distinguait les arbres, le reflet de la lune sur une petite étendue d'eau.
    — Qu'y a-t-il? demanda-t-elle, flattant le col de l'animal.
    Le cheval se laissa mener en renâclant. Une petite bête leur coupa la route en détalant. Blanche sursauta et sa monture recula en hennissant. Mais elle était bien dressée, Blanche n'avait rien à craindre. Avec un claquement de la langue, elle la fit avancer, comme avec les baudets de charge de sa troupe ambulante. Elle atteignit enfin une clairière qu'inondait le clair de lune.
    Blanche sentit l'humidité du bois et de faibles effluves de fumée : sans doute un braconnier qui faisait du feu.
    Elle était bien décidée : au moindre signe de danger, elle enfourcherait son cheval et filerait comme le vent chercher refuge dans l'enceinte de la ville. Elle entrevit la maisonnette de charbonnier abandonnée : elle avait perdu son toit depuis longtemps, et ses murs en clayon- nage étaient ouverts à tous les éléments. Tirant sa monture, Blanche s'en approcha et s'immobilisa.
    —
    Bonsoir, Blanche.
    Elle pivota. L'homme qui portait un habit de moine avait surgi de nulle part.
    Était-ce le marchand? Blanche n'en était pas

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