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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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immédiatement, mais toute la maisonnée s'était levée longtemps avant l'aube pour déjeuner ici dans la cuisine. Kathryn avait narré les événements de la veille. Agnes, la bonne, avait ouvert des yeux ronds, Wulf avait poussé des « oh !» et des « ah !
    », et Thomasina avait marmonné des commentaires.
    Se prenant le menton dans la main, Kathryn mordilla son ongle. Elle avait beau essayer de comprendre, le meurtre de Mafiach était une énigme complète, tout comme le message qu'il avait copié et glissé à l'intérieur du crucifix. La jeune femme avait sorti la bible familiale achetée par son père à Cheapside et retrouvé l'extrait latin du prophète Sophonie. Elle le relut encore une fois :
    Regis regum rectissimi pwpe est dies domini Dies irae et vindictae tenebrarum et nebulae Diesque mirabilium tonitruorum fortium Dies quoque angustiae meroris ac tristitiae
    In quo cessabit mulierum amor ac desiderium Hominumque contentio mundi huius et cupide.
    Le jour du Seigneur,
    Roi des rois tout-puissant, arrive;
    Jour de colère et de vengeance, de ténèbres et de
    [nuages,
    Jour de tempêtes effarantes,
    Jour de malheur aussi, de chagrin et de peine, Quand cesseront l'amour et le désir des femmes, Et les efforts des hommes et les appétits de ce
    [monde.
    Et cette étrange annotation, en bas : « Recto et Verso », alors que le dos du manuscrit était vierge ? Manquait-il quelque chose ? Et ce singulier griffonnage à la fin : « Veritas continet Veritatem » ? Cette sentence d'almanach voulait dire : « La vérité contient la vérité. » Quelle pouvait en être la signification?
    Mafiach était un lettré, avait fièrement déclaré Colum, et rien ne lui plaisait plus que les messages chiffrés. Mais, cette fois, il avait trop bien fait.

    L'Irlandais avait envoyé l'original à Islip par un courrier demeurant deux rues plus bas, qui exécutait souvent des courses de ce genre pour Kathryn et Colum.
    Lequel des deux textes recelait le message? s'interrogeait Kathryn. Celui en latin ou sa traduction? Colum avait commencé à citer la poésie de Chaucer.
    — Voilà ce dont je me servirais, avait-il dit. Je me demande pourquoi Padraig a choisi Sophonie.
    Kathryn prit sa plume et tira son écritoire. Elle essaya de comprendre le chiffre, mais n'y trouva aucune structure, aucun sens. Un coup frappé à la porte d'entrée la fit sursauter.
    Vive comme une hirondelle, Thomasina disparut dans le couloir. La porte s'ouvrit et Kathryn entendit une voix bourrue qui demandait à la voir.
    Thomasina voulut s'y opposer, mais l'inconnu était péremptoire, insistant. La servante revint suivie d'un individu corpulent qui ôta son bonnet de cuir et se posta sur le seuil de la cuisine. L'homme était grand et solide, avec une face rougeaude de buveur constellée de verrues et de marques de vérole. Il avait le crâne dégarni et des yeux perçants.
    Il sembla d'abord s'intéresser davantage à la pièce qu'à Kathryn, et promena rapidement son regard autour de lui, comme pour évaluer la cuisine. Il était entièrement vêtu de cuir : justaucorps brun foncé retenu par une ficelle à la taille, chausses de même couleur et de même matière, et il portait des bottes en cuir bouilli. Point de ceinture de guerre, mais une large courroie passée en travers d'une épaule, fermée par une boucle devant. À celle-ci étaient accrochés plusieurs accessoires singuliers dans de petits étuis : clés, baguettes, canifs.
    —
    Vous êtes Kathryn Swinbrooke?
    —
    Non, c'est la reine d'Angleterre ! déclara Thomasina, qui joua des coudes pour rentrer dans la cuisine et braver l'inconnu.
    Kathryn se dressa.
    —
    Je suis Kathryn Swinbrooke, et vous, monsieur... ?
    L'homme avança, tendant de grosses mains gercées.

    —
    Malachi Smallbones, chasseur de rats, position que je tenais autrefois dans la ville royale d'Oxford. Aujourd'hui, je suis embauché par le maire et le Conseil de Cantorbéry pour exterminer et anéantir toute cette vermine.
    —
    La vermine à quatre pattes ou à deux jambes ? intervint Thomasina.
    Kathryn conserva son sérieux. Il y avait beaucoup de gens semblables à Malachi, imbus de leur importance, fiers de leur condition. Cet homme possédait des yeux rusés, vifs, animés d'une lueur facétieuse. Il était de la trempe des colporteurs ou marchands, vendeurs de reliques ou charlatans, qui fourmillaient à Cantorbéry afin de soutirer de bonnes sommes aux pèlerins.
    —
    Asseyez-vous, Maître Smallbones,

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