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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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nuit dans votre hôtellerie. Cela m'éviterait les allées et venues. Demain, il faut que je mène mon enquête sur les miracles opérés par frère Roger.
    — Vous les mettez en doute?
    Kathryn eut un sourire plein de tact.
    —
    Je n'ai rien dit de semblable. Néanmoins, à présent, j'aimerais m'entretenir seule à seul avec Maître Murtagh.
    Venables s'excusa de devoir partir, et quand il fut dans le couloir, il cria qu'il rentrait à Islip, mais reviendrait peut-être le lendemain matin.
    Colum se tourna vers Kathryn.
    — Quel est le problème?
    Kathryn traversa la pièce pour s'assurer que le couloir était maintenant désert, puis elle ferma la porte.
    —
    Rien ne va, murmura-t-elle, et je doute vraiment que frère Roger soit mort dans son sommeil.
    — Qu'est-ce qui vous fait croire cela?
    Colum prit la jeune femme par la main, et tous deux s'assirent au bord du lit.
    Kathryn tapota la paillasse.
    —
    Rappelez-vous la façon dont Jonquil était étendu. Eh bien, j'ai vu beaucoup de cadavres, Colum, y compris ceux de gens morts dans leur sommeil. Jamais je n'ai vu une posture pareille : pieds joints, mains croisées sur le ventre, visage serein.
    — Il se peut qu'ils mentent.
    Colum épousseta sa chausse avant de reprendre :
    —
    Ces moines tiennent à ce que frère Roger soit un saint. Il faut bien qu'ils le dépeignent mourant en odeur de sainteté.
    — Mais n'est-ce pas singulier, Colum? Voilà un homme qui pense qu'il va mourir. Il brûle même ses affaires dans le brasero : en l'occurrence une besace en cuir remplie de lettres, des babioles et autre bric-à-brac.
    Kathryn marqua un temps d'arrêt, puis :

    —
    Avez-vous lu les vies des grands franciscains, Colum? Une chose dans leur ordre a été respectée par les célèbres fondateurs comme le bien connu Antoine de Padoue : tous veulent mourir dans l'église, devant l'autel.
    Pourquoi Roger ne l'a-t-il pas fait? Pourquoi n'a-t-il pas appelé Jonquil pour lui demander qu'on le transporte devant le maître-autel? Et voilà que ce saint qui, d'après les témoignages, portait les stigmates, à l'instar de saint François d'Assise, refuse de suivre son illustre maître?
    Kathryn secoua la tête.
    —
    Atworth semblait se soucier davantage de brûler des choses que quoi que ce soit d'autre. Il ne dit adieu à personne, n'écrit pas de lettre, mais meurt tranquillement en odeur de sainteté.
    La jeune femme étendit les mains.
    —
    Et pourtant, il y a ces phénomènes, les stigmates, le parfum exquis, l'apparition, le corps qui ne s'est pas décomposé...
    —
    D'après vous, c'est à cause de l'arsenic?
    —
    J'en ai la certitude, oui, affirma Kathryn,
    —
    Pensez-vous que Roger Atworth ait pu être délibérément empoisonné ?
    —
    C'est possible, cependant nous savons qu'il prenait des quantités infimes de ce produit.
    —
    Et il y a autre chose aussi, dit Colum qui se dressa, et un point sur lequel il faudra que vous ayez le cœur net, Kathryn. Y a-t-il eu ici quelque mystérieux visiteur? Existe-t-il un lien entre les frères du Sac et la cour de France ?
    L'Irlandais se pencha pour embrasser Kathryn sur le front puis il la mit en garde.
    — Néanmoins, soyez prudente, les enceintes sacrées ne garantissent pas contre une mort brutale.

    CHAPITRE VI
    « La cupidité est source de tous les maux. »
    Chaucer, « Le conte du Pardonneur », Les Contes de Cantorbéry Frère Timothy, l'un des vieux religieux du monastère des frères du Sac, n'avait guère d'occupation dans la vie sinon prier et regarder par une petite fenêtre qui dominait l'étendue verte du jardin de Gethsémani. Frère Timothy adorait cet endroit ; ses allées de gravier étaient toujours tranquilles. Il aimait contempler le vaste pré qui s'étendait vers le haut mur d'enceinte, ainsi que les arbres dont la masse dessinait un fer à cheval sur l'herbe. Gethsémani changeait avec les saisons : par un matin d'hiver le jardin pouvait scintiller de givre, ou, sous la neige épaisse, évoquer la cour immaculée de quelque château du Ciel. Mais surtout la douceur du printemps était éblouissante, lorsque l'herbe poussait, si jolie, que les oiseaux s'égaillaient, que les fleurs en boutons s'ouvraient et renaissaient, à l'instar du Seigneur à sa résurrection. Frère Timothy avait été le jardinier du monastère : il connaissait Gethsémani par cœur, et s'intéressait particulièrement à une colonie d'hermines d'été qui nichaient dans le mur d'enceinte et furetaient

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