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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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pièce, blême, les yeux écarquillés.
    —
    Il faut que vous veniez, Maîtresse Swinbrooke ! C'est horrible, vous...
    Bondissant sur ses pieds, Kathryn chaussa rapidement ses sandales.
    —
    Quoi donc?
    Comme elle remontait sa robe pour attacher les crochets, elle vit le regard gêné de frère Jonquil. Alors elle le taquina :
    —
    N'ayez crainte, mon frère, ce ne sont que mes chevilles. Que se passe-t-il?
    —
    Gervase... Gervase, il s'est enflammé !
    Que voulait-il dire? Sans comprendre, Kathryn descendit l'escalier derrière le frère convers et sortit de l'hostellerie. Jonquil marchait à toute allure le long des étroits corridors. Il sortit des bâtiments pour filer dans une allée de gravier qui d'un côté longeait le couvent et de l'autre suivait le mur d'enceinte. Des membres de la congrégation se hâtaient dans la même direction, retroussant leurs robes, l'air affolé, angoissé. Certains égrenaient un chapelet entre leurs doigts noueux. Ils tournèrent à un angle de la bâtisse
    : Kathryn avait maintenant à sa gauche des bâtiments conventuels soutenus par des arcs-boutants et pourvus de petites fenêtres et de corniches en saillie. À sa droite, de l'autre côté d'un large chemin garni de cailloux blancs, s'étendait un pré magnifique en forme de U, qui allait jusqu'à une bordure d'arbres et de buissons. À l'extrémité de ce pré s'était assemblé un groupe de religieux. De gros nuages de fumée noire charriaient l'odeur ignoble de chair calcinée.
    —
    Dieu du Ciel ! chuchota Kathryn.
    Cette fumée, cette horrible puanteur anéantissaient la sérénité du beau jardin. Anselm fit signe à Kathryn de les rejoindre. Elle traversa le pré à la hâte. Les moines s'écartèrent et elle vit un grand morceau de toile de couleur sombre qui recouvrait les restes du feu. De la fumée continuait à s'échapper en volutes, et l'air était empli d'écœurants relents douceâtres.
    On aurait dit qu'Anselm avait perdu ses esprits. Son visage était d'une étrange pâleur, et il saisit la main de Kathryn, déglutissant péniblement.
    —
    Que Dieu me pardonne, Maîtresse, je ne me sens pas bien. Je vais être malade.
    Le prenant par le bras, Kathryn le conduisit à l'écart.
    —
    Mettez-vous à genoux, lui ordonna-t-elle.
    Le prieur obéit. Une main devant la bouche, il toussait, secoué de haut-le-cœur.
    —
    Jonquil, ordonna encore Kathryn, occupez-vous du père prieur.
    Après quoi, elle rejoignit le petit groupe. Elle n'y reconnut que Simon. Les autres, elle ne les avait jamais vus. L'infirmier était blême et ses mains tremblaient.
    —
    Que Dieu ait pitié de nous, Maîtresse, mais frère Gervase... !

    Sans plus attendre, Kathryn souleva la toile. Si l'infirmier ne le lui avait pas dit, elle n'aurait pas identifié le corps. Il n'en restait plus rien que des lambeaux de chair calcinée qui pendaient à un squelette jaunâtre et tout fissuré. La tête n'était pas reconnaissable à cause de la chair racornie du visage, rendu encore plus grotesque par les dents proéminentes et les trous noirs des orbites vides.
    —
    Est-ce Gervase ? demanda la jeune femme.
    Les vêtements ainsi que les sandales avaient disparu, si bien que ne demeurait qu'une sinistre caricature d'être humain. La jeune femme avait déjà vu des corps semblables que l'on avait sortis de bâtiments en feu : méconnaissables, il n'en restait que des os carbonisés et des débris de chair noirâtre.
    —
    Gervase portait autour du cou une chaîne en acier avec une croix de Lorraine, confia Simon. Et un des vieux moines l'a vu marcher jusqu'ici.
    Kathryn se pencha, gardant à l'esprit le conseil de son père : « Ne pense pas, ne réfléchis pas, ne laisse pas tes humeurs obscurcir ton esprit, ni ce que tu vois te rendre malade. »
    Respirant un grand coup, elle demanda à l'infirmier de lui apporter un bâton.
    Il partit en courant et revint avec une branche débarrassée de ses feuilles et de ses rameaux. Kathryn s'en servit pour retourner les restes calcinés, se pinçant les narines tant l'odeur était insoutenable.
    —
    N'oubliez pas, mon frère, chuchota-t-elle, c'est la dépouille d'un homme que le feu a consumé : sa robe a brûlé, de même ses sous-vêtements, ses bas et ses chaussures. Le feu a aussi détruit presque toute sa chair, carbonisant le sang et les organes vitaux. À l'instar des yeux, ils se sont liquéfiés.
    La jeune femme fixa la tache, sur l'herbe, autour du corps.
    —
    C'est ici qu'il a

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