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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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de joncs frais. Il s'y trouvait une table, un tabouret et un lit de campement, une étagère chargée de récipients en terre, un petit brasero, et, tout au fond, un pot de chambre couvert d'un morceau de cuir. Deux chandelles brûlaient dans des coupelles de bronze, sur la table. Kathryn vit même un petit livre relié en veau.
    —
    C'est beaucoup plus confortable que les cachots de château, déclara la voix.
    Kathryn posa le paquet enveloppé dans un torchon sur le rebord de l'ouverture, et le visage qui apparut brusquement la fit sursauter. Mathilda Chandler avait des yeux bleu foncé, et sa peau était étonnamment hâlée, grêlée autour des yeux et sur le front. Elle prit les doigts de Kathryn et les serra.
    —
    Je ne vous ferai pas de mal, Maîtresse. Merci de m'avoir apporté de la nourriture.
    Le paquet disparut, et Kathryn entendit Mathilda manger; après quoi elle reparut.
    —
    Des massepains, murmura-t-elle, ça nettoie la bouche, n'est-ce pas ?
    Quel bonheur de déguster quelque chose de sucré !
    Kathryn ne recula pas. Elle avait côtoyé assez de déments pour les reconnaître, mais de Mathilda Chandler elle n'avait rien à craindre, elle le sentait.
    —
    Les religieux vous traitent-ils bien?
    —
    Oh, cela dépend des saisons ! Je suis triste que frère Atworth soit mort. Il me faisait la vie plus confortable. C'est grâce à lui que j'ai des joncs sur le sol et plus de nourriture tous les jours. Il m'appelait l'Infortunée, ajouta Mathilda en clignant des yeux, alors que les autres disent que je suis la Maudite.
    —
    L'êtes-vous?
    —
    Je le fus; aujourd'hui, j'ai expié. Vous connaissez mon crime ?
    —
    Vous avez assassiné votre époux et vos quatre enfants.
    —
    Ah, toujours la même vieille histoire ! Je l'ai dit et redit, mais personne ne m'écoute. C'est vrai, j'ai tué mon mari. Je l'ai égorgé quand il était abruti par la boisson. Savez-vous pourquoi, Maîtresse Swinbrooke ? Il avait tué mes petits. C'était un sale ivrogne, et il était mauvais. Il gagnait sa vie du commerce des chandelles, mais il buvait tout. J'en étais réduite à prendre ce qu'il fabriquait pour aller le vendre dans Mercery, Derrière la fente, les yeux observaient Kathryn intensément.
    —
    Un soir, un beau soir de juin, je suis rentrée chez moi à la nuit. La maison était tranquille. J'ai ouvert la porte. Mon premier enfant gisait par terre, sa petite tête fracassée comme un œuf.
    Mathilda se mit à sangloter.
    Kathryn attendit. Le bosquet résonnait autour d'elle : chant assourdi des oiseaux qui se préparaient pour la nuit, bruissement du sous-bois ; elle entendit au loin la cloche d'un monastère en écho à celles de la ville qui sonnaient les vêpres. Une charrette qu'on poussait sur le chemin longeant l'extérieur du mur cliqueta.
    —
    Vous écoutez tous ces bruits ? demanda Kathryn.
    — Ce sont eux qui me gardent saine d'esprit.
    Mathilda était revenue près du judas, les yeux humides de larmes.
    —
    Je vous le dis, Maîtresse, j'ai trouvé mes autres petits assassinés aussi brutalement. Robert dormait, saoul comme un cochon sur notre lit. J'ai pris un couteau et lui ai tranché la gorge. Quand les baillis sont venus, j'ai voulu leur expliquer. Vous savez la suite, j'imagine.
    —
    Vous ne vous êtes pas défendue?
    —
    Qui m'aurait crue?
    —
    Roger Atworth l'a fait?
    —
    Oui. Il était mon confesseur. Je lui ai parlé du meurtre, et il m'a raconté certains des crimes horribles qu'il avait perpétrés. Croyez-moi, Maîtresse, de bien des façons, c'était un homme effroyable : il avait violé des femmes, tué des enfants, pendu des hommes devant leurs propres portes, brûlé et pillé des villages entiers. Je me confessais à lui, et il se confessait à moi. Il me raconta qu'une fois il avait été maudit par une sorcière qui lui avait promis une mort violente, et que la seule chose qu'il pouvait faire maintenant était de s'y préparer. Il me consolait, me disant que j'irais au Ciel alors que lui s'attendait à souffrir l'agonie du Purgatoire pendant des millions d'années. Il se tenait à votre place, Maîtresse Swinbrooke, et pleurait comme un enfant.
    — Décrivez-le-moi, demanda Kathryn.
    —
    C'était un homme brisé, apeuré, qui croyait que les démons n'étaient pas très loin.
    — Vous a-t-il jamais parlé de la duchesse Cécile?
    —
    Bien sûr, oui. Il disait que nous avions tous des secrets, même les plus grands du royaume.
    — Était-il un saint homme?
    Kathryn

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