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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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l'intriguaient.
    —
    Vous m'avez écoutée, Maîtresse, je ne suis pas la Maudite, mais une pauvre femme emprisonnée ici pour des meurtres que je n'ai pas commis.
    Mon monde est ce que je vois et entends ici, et croyez-moi, les apparences sont trompeuses.
    Mathilda poursuivit sur un ton détaché :
    —
    Quand on regarde ce bosquet d'arbres et de buissons, on pourrait penser que l'endroit est désert hormis les oiseaux qui y nichent et les hermines qui y chassent.
    —
    Qu'avez-vous entendu? Qu'avez-vous vu? Outre frère Atworth ?
    interrogea Kathryn.
    —
    Gervase venait souvent ici, et pas seulement pour s'occuper de moi comme il l'aurait fait avec un chien dans un chenil. Je crois qu'il rencontrait quelqu'un.
    — Qui?
    — Un autre moine.
    Kathryn se remémora les médisances des salles d'auberge que Thomasina adorait rapporter.
    — Vous parlez d'une relation illicite?

    —
    Ce n'est pas à moi de juger les hommes, Maîtresse Swinbrooke. J'ai aperçu deux silhouettes vêtues de l'habit brun des moines : l'une était sans aucun doute Gervase; l'autre avait le visage masqué.
    — C'est arrivé souvent? demanda Kathryn.
    —
    Au cours de ces derniers mois, cinq ou six fois. Apparemment, Gervase est venu ici, ce soir, mais je ne l'ai pas vu.
    — Comment cela? s'écria Kathryn.
    —
    J'ai vu les flammes, je les ai entendues crépiter, et j'ai senti la fumée, expliqua Mathilda, mais maintenant que je vous en parle, je m'interroge.
    Gervase a traversé le pré des heures avant le moment où il a brûlé.
    — Vous en êtes sûre?
    — Je vous ai dit, Maîtresse...
    — Je vous en prie, appelez-moi Kathryn.
    —
    Merci. Généralement, Gervase venait rejoindre l'inconnu vers trois heures, quand tout est très calme au couvent. Frère Timothy fait la sieste, et Atworth en faisait autant Je voyais Gervase arriver à travers les buissons.
    Une fois, j'ai entendu des voix, l'une s'élevait comme en colère. C'était il y a deux semaines.
    — Avez-vous jamais interrogé Gervase?
    —
    Je ne suis pas folle, Kathryn : ce que je sais et ce que je dis sont deux choses différentes.
    —
    Et vous avez vu Gervase ici, beaucoup plus tôt, cet après-midi?
    —
    En effet.
    —
    Mais vous ne l'avez pas vu partir ou revenir juste avant que le feu ne le dévore ?
    —
    Non.
    —
    Y a-t-il eu quelqu'un d'autre?
    —
    Personne!
    Kathryn recula.
    —
    Je reviendrai demain, déclara-t-elle. Désirez- vous quelque chose?
    —
    Ma liberté.

    Kathryn faillit lui faire une promesse : elle pouvait parler à l'archevêque et à Luberon, et il était déjà arrivé que des agents du roi comme Colum sollicitent auprès de la Couronne la grâce de quelqu'un.
    —
    Ayez confiance, répliqua-t-elle. Je serai de nouveau là demain.
    Kathryn retraversa le bosquet, se frayant un chemin dans le sous-bois broussailleux, se guidant d'une main au mur d'enceinte. C'était la partie la plus éloignée du taillis, qu'on ne voyait absolument pas du couvent. Près du contrefort, elle remarqua que le sol avait été foulé et s'accroupit : la terre était humide. Elle huma ses doigts : était-ce de l'eau ou du sang? Impossible à dire. La jeune femme leva les yeux vers le faîte du mur : l'arc-boutant faisait comme une échelle naturelle, et, s'y prenant prudemment, Kathryn entreprit de l'escalader. Comme c'était drôle! Elle se retrouvait enfant, lorsqu'elle s'introduisait dans le verger de Goodman Proutler ! Elle se fit mal aux mains, s'érafla le genou, mais arriva en haut du mur et regarda de l'autre côté. En contrebas, il y avait un chemin boueux qui puait les légumes pourris, désert, bordé de l'autre côté par le mur de clôture d'une grosse maison de marchand.
    Certes, un endroit à éviter la nuit. Malgré ses bras qui lui faisaient mal sous l'effort, Kathryn examina rapidement la surface extérieure de l'enceinte, et remarqua les trous dans les briques qui s'effritaient : ils offraient de bons appuis pour qui voulait escalader le mur.
    La jeune femme redescendit maladroitement, s'épousseta et regarda par-dessus son épaule. On ne voyait plus la cellule de Mathilda Chandler.
    Quand elle regagna le pré, il faisait presque nuit. Malgré le froid et la fatigue, la visite de Gervase, plus tôt dans l'après- midi, préoccupait toujours la jeune femme. En arrivant au couvent, elle se rendit tout droit chez le prieur Anselm.
    On avait chanté les vêpres, et les religieux se trouvaient au réfectoire. Anselm et ses deux compagnons s'étaient

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