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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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attendit la réponse.
    —
    Non, maîtresse, c'était un grand pécheur qui voulait se racheter.
    — Que vous a-t-il raconté?
    —
    Je ne puis vous le dire. Il est mal de briser le sceau de la confession, mais il parlait de meurtres, de vies humaines supprimées comme vous ou moi écraserions une mouche. Il disait que parfois, quand il était à Gethsémani, les morts se pressaient autour de lui : toutes ses victimes, des multitudes de gens qui le fixaient de leurs orbites vides.
    — Venait-il souvent ici?
    —
    Oh, oui! Il trouvait pénible la compagnie des autres moines. Leurs vies lui rappelaient ses péchés.
    — Et frère Jonquil ?
    Mathilda eut un rire âpre.
    — C'était une croix qu'il lui fallait porter.
    — Qu'entendait-il par là?
    —
    Jonquil est un drôle. Il joue les demeurés, mais je ne pense pas qu'il le soit. Ce n'est pas un moine. Il est arrivé ici voilà quelques mois mais n'a prononcé que des vœux simples, pas les solennels.
    Mathilda rit de nouveau.
    —
    C'est ce qui convient pour un simple d'esprit. Roger Atworth clamait que Jonquil était son ange gardien et n'en démordait pas.
    — Comment se comportent les autres moines ?

    —
    Cela dépend. Certains sont bons, la plupart m'ignorent, quelques-uns sont cruels.
    — Et Gervase?
    —
    J'ai entendu qu'il était mort. Il ne me parlait jamais, ne me regardait jamais dans les yeux. Il m'apportait à manger et me nourrissait comme si j'étais un chien.
    — Vous ne l'aimiez pas?
    —
    Je ne le connaissais pas, Maîtresse. C'est peut- être la pire des cruautés que d'être traitée comme si on n'existait pas. Il arrivait même à Gervase de lâcher un pet ou un rot, comme s'il était seul. C'était un être secret, celui-là.
    —
    Vous pourriez m'en apprendre davantage, n'est-ce pas ? interrogea Kathryn.
    —
    Je ne puis vous dire que ce que je vois et entends, Maîtresse.
    — Et la mort d'Atworth?
    —
    Jonquil est venu et me l'a racontée. D'abord j'ai pleuré, puis j'ai récité le requiem.
    — Pensez-vous qu'il ait été assassiné?
    —
    Je suis emprisonnée entre ces murs depuis plus de vingt ans, Maîtresse.
    Je n'ai pas de visions, et nulle illumination divine ne m'a traversée. Peut-être Roger Atworth trouvera-t-il enfin un peu de paix. Il se plaignait de maux de ventre, de crampes violentes, mais disait qu'il avait une potion qui le calmait.
    — Et ce soir? interrogea Kathryn.
    Elle sursauta en entendant un bruissement près d'elle.
    —
    N'ayez pas peur, Maîtresse, ce ne sont que mes amies, les hermines.
    Elles se plaisent dans le mur, où elles construisent leurs nids, et font des ravages sanglants chez les lapins et les rats.
    Kathryn dressa l'oreille.
    — Les rats?
    —
    Oh, oui ! Ils sont apparus du jour au lendemain, voraces, effrontés.
    Mathilda tapota l'appui du judas.

    —
    Je laisse ici des miettes pour les oiseaux ; ils sont mes messagers, je leur adresse mes prières en espérant qu'ils les portent à mes chers petits.
    Dans l'ouverture du mur, les yeux sourirent.
    —
    Un matin, en me réveillant, j'ai vu un rat, tel un maraud tout en noir ; il avait rampé le long du mur et mangeait les miettes, bien calé sur l'appui, très affairé.
    Les yeux disparurent un instant, puis Kathryn vit un petit bâton qui se dressait.
    —
    Je l'ai frappé au museau, poursuivit Mathilda. Frère Atworth a trouvé le cadavre, il avait été brûlé, a- t-il dit. Il l'a enterré là-bas.
    — Et les autres rats ? questionna Kathryn.
    —
    J'ai entendu la nouvelle. Frère Atworth me racontait ce qu'on disait en ville. Il assurait que les rats ne pouvaient survivre dans un endroit sanctifié et qu'ils avaient fui le couvent. Moi, je lui répondais que, si c'était le cas, pourquoi d'autres créatures bizarres venaient-elles ici la nuit?
    Kathryn sentit un frisson de terreur lui parcourir le dos.
    — Des créatures?
    —
    Ce n'est pas un lieu saint, Maîtresse, murmura Mathilda d'une voix âpre. D s'y passe toutes sortes de diableries.

    CHAPITRE VII
    « Je vis sa mort comme dans un songe. »
    Chaucer, « Le conte du Semoneur », Les Contes de Cantorbéry Kathryn se retourna pour regarder au travers des buissons. La cellule de Mathilda Chandler était pratiquement hors de vue, encore que l'on pût distinguer les contreforts et les corniches, et de la lumière à certaines fenêtres du couvent Le ciel s'assombrissait et la jeune femme voulait regagner sa chambre, cependant les mystérieuses allusions de Mathilda Chandler

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