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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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on sort la pauvre femme, afin de nettoyer son cachot. C'était frère Gervase qui en était responsable. Peut-être était-il allé lui rendre visite.
    —
    A-t-elle toujours perdu l'esprit? questionna Kathryn.
    —
    Oh non, elle a les idées claires comme de l'eau de source !
    —
    Frère Roger Atworth aussi allait la voir, précisa le prieur, et tous deux s'entretenaient de multiples sujets. Elle inspirait de la pitié à Roger.
    Anselm joua avec le gland de sa cordelière avant d'ajouter :
    —
    Un jour, il me confia qu'il tenterait de lui obtenir une grâce, une remise de peine partielle.
    Kathryn fixa le pré. Un pigeon ramier venait d'apparaître en se pavanant, comme s'il était venu en éclaireur avant les autres de sa compagnie afin de vérifier que l'harmonie de cet endroit béni était rétablie. Le soleil sombrait, zébrant le ciel de rouge. Les ombres des arbres s'étiraient comme des doigts noirs sur l'herbe, tandis que la brise du soir forcissait.

    — Redites-moi ce que vous avez vu, frère Timothy.
    Le vieillard se tourna sur son siège, indiquant l'extrémité du pré.
    —
    Frère Gervase est sorti de la lisière des arbres, les mains dans les manches de sa robe. Il a dû se tenir immobile quelques instants. J'ai vu alors une volute de fumée, puis tout son corps a été englouti par les flammes.
    — A-t-il crié? A-t-il couru?
    —
    Je ne sais pas, Maîtresse, j'ai détourné les yeux. Quand j'ai regardé de nouveau, il s'était effondré sur le sol et flambait de la tête aux pieds.
    Timothy regarda le prieur, pointant le menton avec agressivité.
    —
    Gervase n'était pas un mauvais moine. J'ai entendu ce que disent les frères : qu'il est mort parce qu'il ne croyait pas à la sainteté de Roger Atworth.
    —
    C'est absurde, riposta sèchement le prieur en se levant. Maîtresse Swinbrooke?
    —
    Merci, frère Timothy. Père prieur, j'aimerais m'attarder ici. Je veux retraverser le pré.
    — Il se fait tard, la mit en garde l'infirmier.
    —
    Il y a encore assez de jour, répliqua Kathryn.
    Elle embrassa le vieux moine sur le front et ajouta :
    —
    Je voudrais d'abord me rendre à vos cuisines.
    Après les avoir remerciés, la jeune femme s'éloigna et, suivant les indications d'un frère convers, pénétra bientôt dans une vaste cuisine pavée. Le moine qui en avait la charge arriva, très affairé, un tablier blanc immaculé protégeant son gros ventre. Il écouta ce que Kathryn désirait.
    —
    Bien sûr, bien sûr, et vous souperez dans votre chambre ?
    —
    Un peu plus tard, mais si je pouvais avoir ce que je vous ai demandé?
    Le convers prépara une petite outre de vin, des lamelles de viande, un morceau de pain, un pot de miel et quelques massepains, le tout enveloppé dans un linge propre qu'il plaça dans un sac en cuir. Kathryn en passa le lien à son poignet et regagna Gethsémani. Il n'y avait personne dans le jardin, sauf l'infirmier, qui portait une étole et bénissait avec un goupillon et de l'eau bénite l'endroit où Gervase était mort. Kathryn lui adressa un signe de tête, il poursuivit son rituel tandis qu'elle pénétrait sous les arbres. Elle ne s'arrêta qu'au buisson d'aubépine et se retourna pour regarder le monastère. Voyant l'image floue d'un visage pressé contre la fenêtre du second étage, elle leva la main. À son tour, le vieux Timothy leva la sienne.
    —
    Vous avez donc tout vu, murmura la jeune femme.
    Elle posa le sac de cuir derrière elle et se tint comme avait dû le faire Gervase, les bras croisés. S'accroupissant, elle huma un léger parfum pénétrant.
    Qu'était- ce? Du savon? Quelque chose de plus acre? Elle s'enfonça davantage dans le taillis. À travers le fouillis des buissons, elle aperçut le mur extérieur du couvent. D'étroits sentiers partaient dans toutes les directions.
    — Un lieu de rendez-vous idéal, murmura-t-elle, si d'aventure un moine voulait retrouver son amante.
    Elle remarqua que l'herbe avait été foulée ; çà et là, des tiges de buisson sauvage étaient cassées. Le sous- bois s'éclaircissait, et Kathryn se trouva dans une petite clairière dont le sol était couvert de feuilles mortes et de brindilles. Elle tapa du pied : la fine couche de terre recouvrait de la pierre, et non loin il y avait un mur avec des marches qui descendaient. Kathryn s'en approcha. Les degrés à demi écroulés étaient en pierre, les murs de part et d'autre en brique de terre cuite rouge. Kathryn comprit alors qu'elle se trouvait

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