La Rose de Sang
Mortimer est gentil, mais il
vendrait son âme pour procurer de l'or à son avare de roi. »
— Zéphyrine,
je maintenant être trop pressé... Vous promettre venir, trouver moi demain
matin, disons à onze heures, pour le dîner... Nous parlerons...
Mortimer serre la
main de la jeune femme. Nerveux, il la dévore des yeux.
— Mon
chère Zéphyrine, vous savoir à quel point je ai toujours aimé vous... Hao,
darling, Dieu être mon témoin, je ai beaucoup de chagrin pour Fulvio... Mais,
si vous être veuve, je moi pouvoir espérer... N'est-il pas vrai, my dear?
Avec une violence à
laquelle le flegmatique lord anglais n'a pas habitué Zéphyrine, il lui baise
les doigts, va pour partir, se ravise, retient encore la jeune femme.
— Où
vous être à Madrid ? chuchote-t-il, inquiet de la perdre avant même de l'avoir
retrouvée.
— Ici,
avec la suite du roi de France.
— Loui,
mourir? interroge aussitôt Mortimer.
Zéphyrine va pour
répondre que François I er va mieux. Elle se ravise. Le charmant
Mortimer n'est-il pas toujours un adversaire en puissance ?
— Hélas,
j'ai bien peur que le pauvre prince ne passe pas la nuit...
— My
God !
Cette fois-ci,
Mortimer a encore plus hâte de filer pour envoyer un message à Henry
d'Angleterre et lui annoncer la nouvelle du décès.
— A
demain, darling...
Zéphyrine t'empêche
de s'esquiver.
— Mortimer,
avez-vous vu l'empereur ?
— Mmmm...
répond le duc, soudain sur ses gardes.
— Pouvez-vous
me dire où Sa Majesté se trouve ?
Mortimer se
rassérène. La question ne met pas en danger la sécurité d'Albion.
— A
côté de sa oratoire... Dans sa cabinet de repos.
— Est-il
de bonne humeur ?
Mortimer secoue la
tête.
— Ce
ne est jamais la mot exact quand il s'agit de Charles... Mais ce nuit, il est,
comment dire, mi-raisin, mi-figue.
Mortimer salue.
Zéphyrine le retient par la main. Mutine, elle fronce le nez.
— Dois-je
comprendre que vous m'avez fait une demande en mariage, Mortimer?
— Par
saint Georges, oui, Milady.
Retrouvant sa
coquetterie, Zéphyrine sourit.
— A
demain, milord de Montrose !
Mortimer se penche
jusqu'à toucher ce ravissant visage, il murmure :
— A
demain, divine Zéphyrine...
La tentation est
forte, pourtant Mortimer s'arrache. En trois enjambées, il rejoint ses écuyers
dans la cour.
A la lueur des
torches, Zéphyrine le voit enfourcher un destrier noir, dire quelques mots au
capitaine Herrera qui l'a suivi.
La voie est libre.
Zéphyrine s'approche d'un hallebardier.
— Ciudad
Impérial ! lance-t-elle.
Le mot magique
suffit.
A l'instant où le
capitaine Herrera revient vers le palais, le garde ouvre la porte donnant sur
l'antichambre royale. Zéphyrine se faufile dans le saint des saints...
Elle s'attendait à
trouver l'aile de l'Alcazar occupée par Charles Quint endormie, une grande
agitation régnait. Des pages porteurs de messages allaient et venaient. A
croire te maître des lieux était insomniaque. Une dizaine de personnages très
différents quant à la classe sociale attendaient sur des tabourets d'être
reçus.
Don Ramon triait
les visiteurs, leur apportait un rouleau de parchemin, les faisait s'esquiver
par une sortie dérobée, soulevait une portière en tapisserie, laissait pénétrer
l'heureux élu dans un cabinet.
A l'entrée de
Zéphyrine, don Ramon fronça ses sourcils noirs et vint vers la jeune femme.
Sans attendre sa
question, Zéphyrine prit les devants.
— Madame
Marguerite d'Alençon m'envoie donner des nouvelles de Sa Majesté le roi à Sa
Majesté Impériale.
— Sa
Majesté a-t-elle trépassé? répondit froidement don Ramon.
Zéphyrine baissa
les paupières.
— Pardonnez,
Señor, mais j'ai ordre de Son Altesse Royale de ne parler qu'à Sa Majesté
Impériale en personne.
Don Ramon réprima
un mouvement d'agacement.
— Secret
d'Etat, Señor..., articula Zéphyrine.
Malgré la fraîcheur
de la nuit, elle sentait une rigole de sueur couler dans son dos. Le regard de
don Ramon la transperçait.
« Imposture...
Mensonge! »
Si don Ramon
éventait la supercherie, c'en était fait de Zéphyrine. Elle se voyait déjà
jetée dans un cul-de-basse-fosse pour outrage, forfaiture, usurpation
d'identité,
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