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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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Zéphyrine à poser l'emplâtre sur
le front trempé de sueur du malheureux. A l'aide d'une cuillère d'argent, elle
écarte les dents serrées de son frère, tandis que Zéphyrine laisse couler,
goutte à goutte, l'épais liquide brun.
    François fait une
grimace. Il recrache, absorbe quand même une bonne moitié de la potion.
Zéphyrine s'agenouille à côté de la princesse, attend, scrutant le malade. Elle
essuie son front avec une mousseline. Après une longue prostration, François I er se met à trembler, à transpirer abondamment. Il gémit, ses mains sont
brûlantes, sa poitrine ruisselle. Marguerite, affolée, appelle un archevêque
qui attend avec les médecins dans l'antichambre. La princesse réclame une
messe. Au moment de l'élévation, le roi se redresse, murmure :
    —       C'est
mon Dieu qui me guérira l'âme et le corps... Je vous prie que je le reçoive...
    L'archevêque
introduit une partie du saint sacrement entre les lèvres desséchées du malade.
Celui-ci retombe en arrière.
    Toute l'assistance
reprend la prière des agonisants. Agenouillée dans la ruelle, Zéphyrine serre
la main du roi. Elle espère n'avoir rien oublié du secret de Nostradamus.
Nerveuse, elle attend, tressaille. A travers ses paupières à demi fermées, le
roi l'a reconnue. Les doigts royaux donnent une petite pression. La main paraît
moins chaude. Soudain, par le nez et les oreilles, l'abcès du roi éclate. Le
pus jaune coule abondamment sur la chemise et les oreillers. Les médecins
accourent avec des linges. Ils essuient le visage de François I er .
    —       Miracle
! C'est un miracle ! Si les humeurs s'évacuent par le haut et le bas, Sa
Majesté est sauvée !
    —       C'est
le miracle de l'eucharistie, déclare l'archevêque.
    Le pus ne cesse de
jaillir. Les médecins font quitter la pièce à Madame Marguerite et ses dames
pour changer la chemise de l'auguste malade, dont toutes les fonctions
naturelles partent en même temps.
    Dans l'antichambre,
Madame Marguerite serre Zéphyrine dans ses bras.
    —       Tu
l'as sauvé, ma fille, murmure Marguerite en larmes. Demande-moi ce que tu veux.
    Zéphyrine baise la
main de la princesse.
    —       Madame,
si je venais à disparaître, puis-je confier à Votre Altesse ma fille Corisande
?
    —       Fais
ce que tu as à faire, Zéphyrine, va où est ton devoir... Je te jure de
m'occuper de Corisande comme de ma propre enfant.
    La princesse
Marguerite sanglote.
    Des valets
s'activent pour emporter les draps salis du malade. D'autres reviennent avec du
linge propre.
    Un moricaud apporte
du bois pour allumer un feu dans la cheminée. Zéphyrine tressaille en
détaillant du regard cet homme de race noire, ramené probablement du continent
africain par quelque navigateur espagnol ou portugais.
    Le Noir a une tête,
des mains, des pieds. Il semble fait comme tout un chacun, n'était sa couleur
foncée de peau et ses cheveux crépus. Soudain, une idée germe dans l'esprit de
Zéphyrine, prend forme, la fait sourire.
    Madame Marguerite
s'étonne.
    —       Tu
as l'air bien heureuse, chère Zéphyrine...
    —       C'est
que, Madame, les anges ont des ailes et les murailles des fentes, murmura la
jeune femme.
    Elle ne peut en
dire plus, il y a trop d'espions dans l'antichambre. Les médecins reviennent.
    —       Madame,
Sa Majesté demande Votre Altesse !
    Après avoir serré
les doigts de Zéphyrine, tout en lui jetant un regard de connivence, Madame
Marguerite entre à nouveau dans la chambre du roi.
    Zéphyrine va la
suivre. Messire Lannoy l'en empêche.
    —       C'est
le moment, princesse Farnello, chuchote-t-il.
    Zéphyrine regarde
le vice-roi de Naples sans comprendre.
    —       Ne
m'aviez-vous pas demandé à voir quelqu'un ? s'étonne le généralissime.
    —       Il prend le bras de
Zéphyrine et l'attire près d'une fenêtre.
    —       Pour cette nuit, le
mot de passe est Ciudad Imperial [24] . La personne que vous cherchez à rencontrer n'a pas quitté l'Alcazar, elle est
restée dans l'aile nord où elle prie et prend quelque repos, mais elle ne dort
pas, attendant à chaque instant des nouvelles du roi. Allez la trouver sous un
prétexte quelconque, mais je vous adjure de ne jamais dire qui vous a donné le
moyen de parvenir jusque-là.
    Zéphyrine regarde
le vainqueur de Pavie avec émotion.
    —       Messire
Lannoy, comme ennemi je vous respectais..., comme ami de Fulvio, je

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