La Rose de Sang
Sicile et Lombardie...
— Vous
avez demandé sa grâce à l'empereur ?
— Je
vous donne Jean Fleury, donnez-moi mon époux, j'ai votre parole, señor Cortés,
répondit Zéphyrine.
Cortés marchait de
long en large.
— C'est
dangereux pour moi. Mais, un marché est un marché. J'ai quelques relations au
Conseil royal et dans diverses capitaineries. Je vous préviens que je ne ferai
rien d'autre que vous faire savoir le lieu où se trouve votre époux..., même si
c'est le cimetière.
Zéphyrine frémit.
— Mais
ne comptez pas sur moi pour les échelles de corde et pour le faire évader, vous
aurez le renseignement, un point c'est tout. Nous sommes d'accord ? insista
Cortés.
La gorge sèche,
Zéphyrine hocha la tête.
— Topez
là, Señora.
Cortés frappa la
main de Zéphyrine, comme celle d'un négociant pour conclure un marché.
— Où
puis-je vous joindre ?
Zéphyrine donna
l'adresse de l'auberge San Simeón.
— Adieu,
Madame, fit Cortés en s'inclinant. Il est l'heure pour moi d'aller faire mes
dévotions...
Son cartographe sur
les talons, le conquistador sortit de la pièce pour aller, nu sous sa robe de
chambre, prier le Dieu Tout- Puissant !
Curieux personnage,
moitié seigneur, moitié reître.
Quand Zéphyrine
ressortit du palacio San Lorenzo, elle était étourdie, mais satisfaite de sa
négociation. Elle n'avait pas parlé de doña Hermina, décidée à le faire, le
soir, avec don Ramon.
Il fallait
diversifier les missions.
Quand elle arriva
sur le coup de quatre heures de l 'après -midi à l'auberge, La Douceur et demoiselle
Pluche l'attendaient, pâles comme des morts.
Sans prononcer une
parole, ses fidèles compagnons lui montrè rent
un panier enrubanné qui avait été apporté après son départ par un mendiant,
lequel avait filé aussitôt.
Zéphyrine l'ouvrit.
Sur un plat
d'étain, au milieu des fruits, était posée la tête de Tiziano le Vénitien...
Un billet plié en
quatre était glissé entre les lèvres sanguinolentes du malheureux. Zéphyrine
tira le parchemin avec un haut-le-corps. Elle lut ces mots : « Ainsi meurent
les traîtres ! »
C 'était l'horrible réponse de doña Hermina. Probablement
le « travail » de son âme
damnée, Le Byzantin.
Ainsi, sa
belle-mère non seulement savait que Zéphyrine était sur ses traces, mais
connaissait sa retraite à San Simeón. La louve sanguinaire ne
désarmait pas. Elle était d'autant plus dange reuse , Zéphyrine le devinait, que sa folie
meurtrière augmentait avec les drogues hallucinogènes dont elle usait.
Et c'était cette
femme hideuse qui détenait son enfant, son Luigi...
Le seul espoir de
Zéphyrine résidait en Karolus, ce pauvre nain, mi-femme, mi-homme, dont elle ne
savait si c'était son oncle ou sa tante, qui lui avait déjà prouvé ses bonnes
intentions. Lui au moins devait prendre soin du petit prince Farnello.
Qu'avait donc fait
Tiziano pour mériter tel châtiment ? Peut- être le Vénitien avait-il voulu
enlever le vrai Luigi pour le rendre à sa mère ?
Les portes de
l'Alcazar fermaient à six heures. Tremblant pour la vie de Corisande, Zéphyrine
décida de la soustraire sans tarder à la vengeance de doña Hermina.
Il n'y avait qu'un
lieu où Corisande serait en sécurité. C'était sous la protection de Madame
Marguerite. Parmi les compagnons de Zéphyrine, il y eut un instant de
flottement. La jeune femme voulait envoyer Pluche et La Douceur à l'Alcazar,
mais la digne demoiselle et l'écuyer refusèrent cette charge.
« Jamais ils ne
quitteraient la princesse Zéphyrine, c'était une mission qu'ils avaient jurée à
monsieur le marquis, son père, et monseigneur son époux... »
Il fut donc décidé
qu'Emilia et Piccolo resteraient au service de la petite Corisande jusqu'à ce
que Zéphyrine reprenne sa place auprès de Madame Marguerite.
Zéphyrine remplit à la hâte les sauf-conduits de Lannoy. Pour ê tre sûre que tout se passerait bien, elle accompagna sa
fille jusqu'à
l'Alcazar.
Au moment de la
quitter, elle l'embrassa avec une tristesse et passion qui l'étonnèrent.
Zéphyrine préférait ne pas entrer dans la forteresse, craignant ne plus pouvoir
en ressortir de la soirée. Son troisième rendez-vous, elle le pressentait, serait le plus important.
La Douceur était
bien connu de Madame Marguerite, il s'acquitta à la perfection de son ambassade
et revint à San Siméon pour rassurer
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