La Rose de Sang
nos
vies...
C'était on ne peut
plus aimable.
Don Ramon répondit
avec civilité.
— Je
bois, Señora, à votre beauté illuminant le regard éperdu de celui qui fut
frappé par votre vue...
Le terrain devenait
glissant. Zéphyrine décida de ne pas poursuivre sur cette pente.
— Croyez,
seigneur de Calzada, que je sais apprécier à sa valeur tout ce que vous avez
fait pour ma cause... J'ai été très touchée que vous preniez la peine de
m'apporter cet enfant, croyant sans nul doute de bonne foi qu'il était le
mien... Maintenant que nous sommes amis, pouvez-vous me dire qui vous a remis ce
nourrisson ?
Après bien des
circonlocutions, Zéphyrine arrivait au but.
Don Ramon regarda
Zéphyrine avec froideur.
— Ce
n'est ni le lieu ni le moment, Señora, de parler de ces choses.
Zéphyrine se leva,
mécontente.
— J'ai
tenu ma parole, je suis venue souper avec vous. Tenez la vôtre.
Par la fenêtre
barrée de grilles, elle regardait la cour où les valets nettoyaient, à la lueur
des torches, le sang du taureau.
Les mains de don
Ramon s'appuyèrent sur ses épaules.
— Vous
gâchez notre soirée, Señora... Zéphyrine... Regardez la lune, mi amor.
Elle se retourna
pour protester. C'était le seul geste qu'il ne fallait pas faire. Comme le
matin, elle eut affaire à un possédé. Le froid don Ramon serrait sa taille,
renversait sa tête, s'emparait de ses lèvres. Comme d'une proie, il se saisit
de Zéphyrine. A grandes enjambées, il souleva une portière, derrière laquelle
se trouvait un lit à baldaquin.
— Messire,
lâchez-moi ! protestait Zéphyrine.
Elle pensait s'en
sortir comme avec les autres rendez-vous.
C'était mal
connaître le bouillant caractère de l'Espagnol.
— Mi
amor... belleza... mi corazon .
Il arrachait les vêtements de Zéphyrine, tirait sur les lacets du corselet, enfonçait
ses lèvres dans sa bouche, caressait ses seins, relevait ses jupes. Il était
partout à la fois. Jamais Zéphyrine n'avait eu affaire à un tel diable à quatre
mains.
«
J'aurais juré qu'il était un morceau de glace ! » eut-elle le temps de penser
sous la tornade.
Elle
aurait dû lutter, se débattre. Elle réprima un gémissement. Don Ramon caressait
son intimité. Il s'arrêta, presque étonné devant sa
découverte. Elle aussi avait envie de lui. Il poussa un grondement de joie, de
désir et de plaisir.
Cette
journée avec deux beaux mâles jeunes et vigoureux avait mis Zéphyrine en
émoi. Sa peau était à vif. Elle avait besoin d'amour, besoin de
serrer le corps d'un homme contre le sien .
Elle
ne pouvait plus lutter, dire toujours non. Le troisième homme de la journée
n'avait qu'à récolter ce que les deux autres avaient semé.
C'était, curieusement, celui auquel Zéphyrine aurait le moins pensé. Un homme
d'âge mûr, mais dont les expériences
amoureuses offraient des ressources qui semblaient sans fin.
— Viens
! murmura Zéphyrine, s'abandonnant, divagante, entre les bras de don Ramon.
«
Fulvio m'avait dit que seuls les hommes jeunes pouvaient faire ça ! » pensa
Zéphyrine.
Don
Ramon l'avait possédée à trois reprises. Elle y trouvait un plaisir extrême.
D'abord un peu craintive, comme toute femme n'ayant eu qu'un seul homme dans sa
vie, Zéphyrine se laissait aller, peu à peu devenait plus hardie, provoquait
même son partenaire.
Un
véritable dédoublement se passait en elle. Son esprit pensait à Fulvio, son
amour, à qui elle avait juré fidélité. Tandis que don Ramon la prenait, elle
fermait les yeux, imaginant son époux, mais d'un autre côté, son corps trouvait
une extrême jouissance avec l'Espagnol.
— Bella...
divina Zéphyra... tu es sensuelle et douce, une vraie femme. J'aime ton corps,
tes seins... Je ne pourrai plus me passer de toi, divine maîtresse.
Don
Ramon, ébloui, caressait sans relâche la nudité dorée de Zéphyrine.
«
Voilà... j'ai un amant, j'ai un amant... », se répétait-elle étonnée de la
facilité avec laquelle elle était passée de l'état d 'honnête femme à celui de maîtresse. « Je ne le fais que
pour Luigi et pour Fulvio» se disait-elle pour calmer ses remords. Elle savait que ce n'était pas entièrement vrai.
Après avoir encore mordillé la pointe de ses seins et bu le nectar d'une toison dorée
qui le rendait fou, don Ramon se leva pour chercher des fruits et du vin.
Restée allongée sur le lit
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