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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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      Un peu...
    Zéphyrine
changea de sujet. Cristobal pensait que la jeune femme se cachait
sous des vêtements masculins et sous un autre nom uniquement pour suivre
Cortés.
    Don
Ramon se doutait-il que Zéphyrine était dans la conspiration ? Il devait lui en
vouloir mortellement de l'avoir quitté. Zéphyrine faisait bien de se cacher.
    A
part ces conversations qui ne lui apportaient que des nouvelles désastreuses,
Zéphyrine se laissait aller au pessimisme, aux remords et à l'angoisse.
    L'inaction
lui pesait. L'impatience la dévorait. La veille du départ, toujours
vêtue en garçon, avec Pluche et Piccolo elle se rendit à la cathédrale. Gros
Léon resta sagement dehors. Après avoir prié avec une ferveur oubliée, elle
gagna la sacristie. Un serviteur de Dieu nettoyait les burettes. Elle raconta
une histoire d'oncle venant « le » rejoindre à Séville. Moyennant 20 réaux pour
ses « bonnes œuvres », Zéphyrine fit promettre au sacristain de remettre une
missive peu compromettante à La Douceur.
    Elle
y écrivait :
     
    Cher Oncle,
    Nous partons à la
suite de notre chère belle-mère sur le Victoria poussé
par le zéphyr vers les Indes occidentales. Votre dévoué neveu.
    Gil de Pilar
     
    Zéphyrine
connaissait La Douceur. Il comprendrait le message.
    Comme
elle ressortait de la cathédrale, des cris vindicatifs montaient sur la
plaza San Francisco. Le peuple conspuait un prisonnier. Pieds et poings liés,
chargé de chaînes, monté sur un chariot, l'homme était pâle, mais son regard
défiait la populace.
    —       Qui est-ce ?
    Zéphyrine interrogeait un
marchand de mazapanes [64] .
    —       Le corsaire Jean Fleury !
    «
Je porte malheur ! pensa Zéphyrine. Tout ce que je touche tourne mal... Comment
lui porter secours? »
    Se
mêlant à la population excitée, Zéphyrine et ses compagnons suivirent le
chariot jusqu'à la tour de Hassan, vieille forteresse maure.
    Jean
Fleury avait été jeté dans un cul-de-basse-fosse. Les Sévillans étaient admis à
défiler. Attaché par ses chaînes à la muraille, Fleury supportait sans broncher
les crachats, détritus et avanies de toutes sortes que la population lui jetait
entre les barreaux.
    Pour
que Zéphyrine puisse approcher, il fallait créer une diversion. Gros Léon s'en
chargea.
    —       Sangriar
! Salvage ! Sapo ! Sabado ! Severidad !
    Parfait
bateleur, le choucas s'en donnait à cœur joie. Il lançait tout le répertoire
espagnol qu'il connaissait. Les gardes, amusés, approchaient. Un attroupement
se forma autour de Gros Léon. Le poing tendu, Piccolo faisait le montreur
d'oiseau, demoiselle Pluche le guet derrière sa maîtresse. Zéphyrine
s'agenouilla devant les barreaux du cachot.
    —       Messire Fleury... Messire Fleury! chuchota Zéphyrine.
    A
cette voix française, le corsaire tressaillit.
    —       Qui es-tu, mon garçon ? murmura-t-il.
    —       Un ami de tout cœur !
    —       Tu viens de France ?
    —       Oui, Messire. Que puis-je pour vous?
    A
cette question de Zéphyrine, un sourire effleura les lèvres ensanglantées du
corsaire.
    —       Prier et me venger, si tu le peux.
    —       Dites, Messire...
    —       Une femme m'a vendu... Je ne sais pourquoi, ni comment, une
Française à ce que m'ont dit mes gardes... Reviens à onze heures cette nuit...,
ajouta précipitamment Jean Fleury.
    Des
geôliers entraient dans le cachot. Zéphyrine n'eut que le temps de se retirer
des grilles.
    «
UNE FEMME M'A VENDU... » Ces mots
résonnèrent toute la soirée aux oreilles de Zéphyrine.
    Un
être d'une autre trempe ne serait pas retourné voir le corsaire. Zéphyrine ne
pouvait demeurer avec cet effroyable poids sur la conscience.
    Les
onze coups de l'heure sonnaient au beffroi voisin, lorsque la jeune femme,
suivie de Piccolo et de Gros Léon, ressortit de l'Alcazar. Ils n'avaient pas
besoin de lanterne tant le clair de lune nappait les ruelles de blancheur
laiteuse.
    Zéphyrine
atteignit la tour de Hassan sans faire de mauvaises rencontres. Les abords de
la forteresse étaient déserts. La jeune fille comprit pourquoi Jean Fleury lui
avait dit de revenir à cette heure-là. C'était la relève de la garde. Les
soldats se restauraient dans un bastion. Zéphyrine pouvait entendre leurs
exclamations.
    —       Faut r'tourner surveiller 1' prisonnier !
    —       L'est bien attaché 1' bougre... Z'inquiétez pas, pitaine...,
s'envolera pas comme un

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