Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
Vom Netzwerk:
p'tit oiseau !
    Cette
fine plaisanterie déclencha l'hilarité des brutes.
    Laissant
Piccolo et Gros Léon faire le guet, Zéphyrine se glissa jusqu'aux barreaux. Tel
un Christ crucifié sur la muraille, Jean Fleury paraissait dormir.
    —       Messire Fleury, c'est moi !
    A
cette voix, le corsaire releva la tête.
    —       Tu es un petit gars courageux, je ne pensais pas que tu
oserais revenir.
    —       Je suis avec un compagnon, nous allons vous délivrer!
    —       Avec quoi, Dieu du ciel ?
    —       Nous avons une lime.
    Jean
Fleury montra ses poignets et ses chevilles enchaînés de fers.
    —       Il faudrait des heures. Ecoute-moi plutôt. Si tu rentres en
France, va trouver mon ami Jean Ango, l'armateur de Dieppe. Dis-lui de me
venger... La femme qui m'a vendu s'appelle Zéphyrine de Bagatelle... Tu te
souviendras..., nom maudit.
    De
dégoût, Jean Fleury crachait sur la boue de son cachot.
    Un
sanglot lui répondit.
    —       Messire Fleury, je suis cette femme. Zéphyrine de Bagatelle...
Je ne savais pas où vous étiez. Comment l'aurais-je su? J'ai dit n'importe quoi
pour sauver mon amour. Je vous pensais au loin, à l'abri des îles Sous-le-Vent.
On m'a montré la carte. Par hasard, mon doigt pointé sur le cap
Saint-Vincent... Je vous jure sur mon âme, et mon salut éternel... que c'est
vrai... pardonnez-moi.
    Zéphyrine
pleurait à petits coups. Dans la pénombre, elle sentait le regard brillant
de Jean Fleury.
    Soudain, le corsaire murmura :
    —       Alors, c'est la main de Dieu, Madame, qui vous a guidée...
    Oui,
Je vous pardonne et je préfère cela... Le Seigneur a voulu probablement me
punir de mes péchés.
    —       Mais non, c'est une épouvantable erreur ! Je veux tenter de
vous délivrer.
    —       Non, Madame, cela est une affaire entre le Tout-Puissant et
moi.
    —       Mais, Charles Quint va...
    —       Me faire mettre à mort sans doute. Laissez-moi ce dernier
plaisir d'aller le narguer. Il ne pourra résister à la curiosité de me venir
voir... pour apprendre où j'ai caché le trésor de Montezuma.
    Un
croassement prévint Zéphyrine d'un danger imminent. Les soldats ressortaient du
bastion. Avant de reprendre leur poste, ils s'égaillaient dans les bosquets
pour soulager leurs besoins naturels.
    —       Vite, écoutez-moi, chuchota Jean Fleury. Pour preuve de mon
pardon, je vous fais confiance. J'ai été arrêté sans pouvoir révéler à mes
compagnons où j'ai caché le trésor de Montezuma...
    Pendant
quelques instants, Jean Fleury parla, révélant à Zéphyrine sa cache.
    —       Vous êtes dépositaire du secret. A vous de remettre le trésor
à Jean Ango et au roi de France... Si vous ne le faites pas, de l'autre monde
je vous maudirai, sinon vous aurez ma bénédiction et les prières d'un mourant.
    La
voix étranglée, Zéphyrine murmura :
    —       Sur ma vie, Messire, je vous jure d'agir comme vous me l'avez
demandé.
    Alors,
Jean Fleury fit un geste étrange. De la tête, il dessina un signe de croix en
direction de la jeune femme.
    —       Je vous pardonne. Allez en paix, Zéphyrine de Bagatelle.
    —       Madame, vite...
    C'était
Piccolo qui revenait chercher sa maîtresse. Il entraîna Zéphyrine en courant.
    —       Holà! Qui qu' t'est-y? Arrêtez ou je tire..., menaça un
soldat armant son arquebuse.
    —       Sangria
! Sabado !
    Gros
Léon s'envolait d'un arbre.
    Les
soldats éclatèrent de rire.
    —       Un oiseau parleur, Pablo ! T'as peur d'un oiseau !
    Se
moquant de leur camarade, ils revinrent vers le cachot
    —       Alors, macaque... tu t'es point évadé...
    La tête baissée sur
la poitrine, le corsaire Jean Fleury paraissait déjà dormir du
repos éternel [65] .
     
    Zéphyrine
n'eut que le temps de rentrer à l'Alcazar. Cristobal venait frapper à sa porte.
    «
C'était l'heure de se préparer. »
    Les
bagages furent vite faits.
    Le
soleil commençait à se lever sur Séville, lorsque Zéphyrine et ses compagnons
montèrent à bord du vaisseau amiral de messire Cortès : le Victoria.

Chapitre XX
LE VOYAGE
     
     
    Gros
Léon sur l'épaule, Zéphyrine regardait les minarets blancs de la ville s'éloigner.
Elle n'avait pas encore réalisé qu'elle allait quitter la terre pour de longs
mois.
    Doña
Hermina avait une avance de quinze jours sur ses poursuivants, mais Cortés
l'avait affirmé à Zéphyrine : « Il n'était

Weitere Kostenlose Bücher