Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
Vom Netzwerk:
      Et mes gens ? dit la jeune femme.
    —       Ils sont à bord.
    —       Vous pensez à tout.
    —       Quand cela te concerne, oui... Divine Zéphyrine, tu es une
enchanteresse... j'ai adoré! murmura Cortés.
    Sans
se soucier de Cristóbal, il lui arracha un baiser et la souleva comme un fétu
de paille pour la poser à dos de mulet.
    Zéphyrine
prit avec Cortés la dernière chaloupe à quitter le port. Les marins saluèrent
cérémonieusement la jeune femme. Elle était devenue la maîtresse en titre du
conquistador.
    Afin
que nul n'ignore sa victoire, Cortés la tenait par le bras. Cette forfanterie
agaça Zéphyrine.
    Comme
la felouque passait devant la galère Conception, elle se dégagea avec brusquerie. Les cris
et coups de fouet retentissaient dans la chiourme. La galère se préparait au
départ.
    Sur
le galion, comme Cortés le lui avait promis, Zéphyrine retrouva demoiselle
Pluche, déjà couchée, et Piccolo jouant aux dés, mais il n'y avait pas trace de
Gros Léon.
    Elle
se désolait, l'appelait, sifflait. Le choucas était introuvable.
    —       Sa Grandeur vous attend, Señora, sur le pont pour la messe !
prévint Cristóbal.
    D'assez
mauvaise grâce, Zéphyrine rejoignit le conquistador à genoux devant ses hommes.
    —       Seigneur, donne-nous un
vent doux et fort nous poussant dans la bonne direction... Sainte Vierge,
éloigne Satan de ce vaisseau...
    Tandis
que Zéphyrine répétait les prières, elle scrutait l'horizon à la recherche de
son choucas. Elle plissa les yeux, surprise Gros Léon sortait d'un sabord de la
galère Conception. A tire-d'aile, il venait vers le vaisseau amiral.
    «
Que faisait-il dans la chiourme ? » pensa Zéphyrine, troublée.
    Après
l'office, elle interrogea l'oiseau. Ce dernier ne répondit que par des
roucoulades du genre :
    —       Soleil ! Saumon ! Sornettes ! Salmigondis ! Sardanapale !
    Zéphyrine
connaissait Gros Léon, il n'y avait pas caractère plus buté quand il ne voulait
rien dire.
    Elle
se promit de le surveiller et de tâcher de découvrir ce qui pouvait attirer le
choucas sur la galère.
    Retournée
dans sa chambre pour soigner Pluche, Zéphyrine entendait les bruits de la
manœuvre toujours délicate du départ. Avec des chants, les hommes relevaient
les ancres. Dans les mâtures, les grumetes obéissaient aux ordres répétés par les
cabos (caporaux).
    Deux
tambours et un fifre jouaient une marche très gaie.
    Cristóbal
vint refrapper à la porte de Zéphyrine.
    —       Sa Grandeur vous invite, Señora, à voir la manœuvre à ses
côtés !
    Zéphyrine
passa une cape sur ses épaules. Elle rejoignit le conquistador, entouré de ses
officiers, à l'échelle de coupée.
    Zéphyrine
ne regretta pas d'être venue. Le spectacle était superbe. Les douze vaisseaux
de la flota, voiles colorées au vent, laissaient dans leur sillage l'archipel
rose des Canaries.
    L'Océan
clapotait à peine sous le soleil.
    —       Il semble, Señores, que nous ayons une mascotte dorée à
bord...
    Les
officiers applaudirent la phrase de Cortés en regardant Zéphyrine. Le ton était
donné. D'une révérence, Zéphyrine salua ces messieurs.
    Le
soir, ayant plongé dans une des malles que le conquistador lui avait fait
porter, Zéphyrine soupa, vêtue d'une robe pastel rehaussée de pierreries, dans
la grand-chambre.
    Etaient
admis à la table de l'amiral, outre un capitaine de mer, un capitaine
d'infanterie, le lieutenant des arquebusiers, celui des mosquiteros (mousquetaires), Cristóbal et Pedro de Cadix.
    Zéphyrine
animait la conversation, souriait, charmait, satisfaite au fond de régner seule
sur cette gent masculine.
    A
onze heures, ces messieurs se levèrent pour rejoindre leurs différents postes.
    Zéphyrine allait les suivre. Cortés la saisit
par le bras. Il l 'entraîna
vers le sabord d'aérage. Lui désignant l'Océan luisant au clair de lune, il
murmura :
    —       Maintenant, Zéphyrine, c'est la grande traversée... Nul ne sait si nous arriverons à bon port. Pendant des jours et des
jours, heures de sablier bien longues, nous risquerons orages, tempêtes, naufrages, pirates, corsaires, scorbut, malaria...
    Cortés
ponctuait chaque mot d'un baiser sur l'oreille, la joue ou la tempe de
Zéphyrine.
    —       Est-ce là toute la liste de vos calamités, Messire ? ne put
s'empêcher de dire en souriant Zéphyrine.
    —       Hélas, non ! Car à tout cela s'ajoute l'horrible

Weitere Kostenlose Bücher