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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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avec ses hommes. Il offrait son large dos au regard de
Zéphyrine.
    «
Je suis trop nerveuse... Fulvio, mon amour..., je te vois Partout »,
pensa-t-elle.
    Les
jambes molles, Zéphyrine reposa la longue-vue. Elle voulut gagner le deuxième
pont. Un coup de roulis la fit débucher dans le couloir. Elle réussit à
rejoindre le château arrière. Cortés et ses officiers y surveillaient la
manœuvre.
    Toute
la flota avait mis en panne.
    Entre
la Conception et le Victoria, la felouque dansait comme une coquille de noix. Pedro de Cadix avait l'air soucieux.
Il lorgnait le ciel dans lequel des nuages noirs s'amoncelaient
    —       Un grain, Messire. Ce n'est pas prudent...
    Cortés
évalua la distance entre la felouque et le Victoria
    —       Hissez les pavillons..., ordonna-t-il. Que Fernandez regagne
son bord au plus vite. Nous recommencerons
demain matin Ordre à toute la flota, nous mettons à la voile !
    Tandis
que les marins obéissaient à la manœuvre, Zéphyrine vit la chaloupe qui
regagnait péniblement la Conception. La dernière image qu'elle conserva fut, à travers les vagues et les embruns,
celle du capitaine Fernandez debout sur la felouque, regardant le galion qui
s'éloignait.
    La
nuit tomba et la soirée se déroula comme à l'accoutumée. Le vaisseau dansait
sur les flots. Cela n'empêcha pas Cortés ni ses officiers de souper
normalement.
    Pendant
le repas, Zéphyrine fut distraite. Son esprit était ailleurs.
    Se
méprenant, Cortés la rassura.
    —       Ce n'est qu'un peu de houle. Demain, le ciel sera bleu...
comme vos yeux verts, belle Señora...
    Galant,
l'Espagnol et ses officiers burent à la santé de Zéphyrine. Rien n'y fit, elle
pensait au large dos du capitaine Fernandez.
     
    Les
coups de boutoir réveillèrent Zéphyrine.
     
    Por mau tens ne por
gelée
Ne por froide matinée
Ne por nule autre riens nec
Ne partirai ma pensée
D'amors que j'ai,
Que trop l'ai aimée
De cuer verai
Valara !
     
    «
Ni mauvais temps ni gelée
Ni froidure matinale
Ni aucun être au monde
Ne pourront détourner ma pensée
D'un amour que j'ai
Je l'ai tant aimée
D'un cœur sincère
Valara! »
     
    Pourquoi
ses lèvres répétaient-elles comme une prière un poème de son trouvère préféré,
Thibaud de Champagne [92] . « Ah ! on savait chanter
l'amour en ce temps-là... ! »
    Un
grondement sourd fit vibrer le navire.
    —       Nous sommes attaqués au canon ! pensa-t-elle dans son
demi-sommeil.
    Son
bras chercha Cortés, qu'elle n'avait pas vu en se couchant, et ne trouva que le
vide.
    Boum ! Boum ! Boum
!
    La
violence des chocs était terrible. Zéphyrine voulut sortir du lit. Elle alla
rouler à huit pieds contre le bois de la table. A moitié assommée, elle se
releva, mais partit comme un fétu de paille vers un grand coffre.
    Dans
la chambre de l'amiral, tout bougeait, remuait, tombait, sabbat infernal, plats
d'étain, cartes, cachets, objets de navigation, brocs de cuivre devenus fous
passaient devant Zéphyrine. Elle devait baisser la tête pour les éviter, se
protéger des bras.
    Enfin,
elle comprit : la flota était prise dans la tempête.
    S'accrochant
à la colonne du baldaquin, elle réussit à se mettre debout. Le spectacle
qu'elle aperçut par le grand sabord à vitrail qui, heureusement, résistait,
était effrayant. Illuminée par les éclairs, Zéphyrine voyait déferler des
trombes d'eau. Il y eut un bruit sec. Un des vitraux venait d'éclater. L'eau
entrait. Elle passa une mante sur sa chemise. Titubante, s'agrippant à tout ce
qu'elle pouvait trouver, elle gagna la porte.
    Ouvrir
le battant fut une opération difficile. Chaque fois qu'elle croyait y arriver,
elle culbutait en arrière. Un bruit infernal retentissait. Zéphyrine,
arc-boutée, réussit à sortir dans le couloir.
    Comme
une personne ivre, elle gagna la chambre de Pluche. La vision était dantesque,
Le sabord de papier huilé n'avait pas tenu. Des montagnes d'eau, hautes comme
des tours, passaient devant l'ouverture. Chaque fois, un paquet d'eau entrait.
Il y avait un pied d'élément liquide sur le sol. Les mains jointes, dans son
lit, demoiselle Pluche paraissait être sur un radeau.
    —       C'est la fin du monde, ma petite Zéphyrine... ! gémit la duègne
en reconnaissant sa maîtresse.
    —       Ne
bougez pas, Arthémise, recommanda Zéphyrine jevais chercher du
secours.
    —       Ooooh ! ne me laissez pas, nous allons sombrer corps et
biens, gémit Pluche, accrochée à la

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