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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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souffrait du thorax. Elle avait du mal à respirer.
    —       Tsibalt
!... Tsibalt !... fit Vaquero en lui introduisant entre les lèvres un rouleau
de feuilles brunes au bout rougeoyant.
    Il lui fit signe
d'aspirer. Zéphyrine s'exécuta. Une fumée chaude lui emplit les poumons. Elle
toussa, recracha. Etonnée puis curieuse, les yeux pleins de larmes, elle
recommença l'expérience. Elle s'y habitua peu à peu. La fumée lui procurait un
apaisement. Elle remarqua que de nombreux soldats espagnols faisaient de même ;
ils appelaient ces plantes tabaco. Quant à
demoiselle Pluche, s'étant liée d'amitié avec un Cimaron édenté, la digne
vieille fille sur sa mule fumait « Tsibalt » sur « Tsibalt ».
     
    Ce fut ainsi que,
trois jours plus tard, rouleau de tabaco aux lèvres,
Zéphyrine et sa duègne arrivèrent sur une colline en vue de Panama...
    Eblouie par le
spectacle, Zéphyrine, encore courbatue, voulut remonter à cheval pour faire son
entrée aux côtés de Cortés.
    Comment, en une
dizaine d'années à peine [105] , les
conquistadors avaient-ils pu faire jaillir de cette terre inhospitalière la
civilisation de cette si petite ville blanche, baignée par les eaux bleues de
la mer du Sud ?
    Construite à
l'espagnole, la cité sur la mer du Sud avait un plan en damier, ayant pour cœur
une Plaza Mayor où se situaient les édifices symboliques des nouveaux pouvoirs
civils et religieux : le pilori et l'estrade des autodafés de l'Inquisition.
    Avec ses maisons de
bois, ses églises, une cathédrale en construction, un cloître, un port abrité,
plein de navires, Panama éblouissait le visiteur.
    Zéphyrine
n'échappait pas à la règle. Elle avait pour la cité espagnole le regard des
gens arrivant du « bled » et se retrouvant dans la civilisation.
    Les rues étaient
animées de marins, soldats, alcades, alguazils, colons, fonctionnaires du roi
d'Espagne, émigrants, aventuriers, hidalgos, marchands, enfants métis —
mulâtres, indiens, espagnols, noirs, zambos (enfants de
Noirs et d'Indiennes), castizos (métis clairs) ou coyotes (métis foncés). Les charpentiers construisaient
une nouvelle flota pour sillonner l'océan Pacifique. Il y avait des maisons de
plaisir, des filles de joie, des tripots,
des cabarets. Au milieu de cette agitation, les Indiens
pacifiés se promenaient emplumés, d'autres tribus moins chanceuses étaient
enchaînées, réduites en esclavage. Les malheureux tiraient de lourdes charges avec des
hommes noirs amenés des côtes africaines par des navigateurs portugais, anglais
et français, lesquels faisaient du profit en les revendant sur les îles aux
Espagnols.
    —       Regardez,
Madame, tout cet or! admirait Pluche au passage.
    Des chasses dorées,
des statues d'argent, des caisses de pierreries s'amoncelaient devant les
églises. Zéphyrine n'avait pas besoin d'explications. Elle ne savait même plus
si elle avait le droit de stigmatiser : c'était l'or arraché par Cortés aux
Aztèques, qui se préparait à partir pour l'Espagne.
    Le palais du
gouverneur était déjà construit en dur. Superbe monument, grandiose,
tarabiscoté et flambant neuf. Le gouverneur don Benito guettait Cortés sur les
marches du perron. Après les saluts d'usage, le conquistador reprocha sèchement
à don Benito le mauvais état de la route pour venir du côté atlantique.
    —       Il
y a besoin urgent de ponts... Que faites-vous donc? La siesta ! fit Cortés,
ignorant la ville qui jaillissait du sol.
    Don Benito,
consterné, promit d'affecter les esclaves qu'il faudrait à défricher la brousse
pour tracer une voie dans la forêt.
    Ce point réglé,
Cortés accepta d'installer ses pénates au palais. Une surprise attendait le
conquistador.
    —       Hernán...,
mon amour !
    Une femme aztèque,
la belle Malitzin [106] se jetait dans ses bras. Elle agissait avec lui comme si elle eût été son
épouse légale. De fait, un très bel enfant la suivait, Martin Cortés [107] .
Elle était venue de Tenochtitlán attendre son « mari ». A l'air gêné de Cortés,
Zéphyrine réprima une forte envie de rire. Le conquistador pouvait écraser un
continent, mais rester embarrassé entre deux femmes.
    Intelligente et
passionnément éprise de son Cortés, la belle Malitzin, Zéphyrine le comprit
vite, était la collaboratrice la plus efficace du conquérant, même sa
conseillère politique pour les questions concernant les Aztèques.
    Collaborant avec
son amant, elle avait dû

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