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La Rose de Sang

La Rose de Sang

Titel: La Rose de Sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Monsigny
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court conciliabule, puis le gaillard
répondit :
    —       P't'êt'
ben l'ami qu'on pourrait s'joindre à vous... Mais, les camarades et moi qu'on
cherche surtout à s'engager dans l'armée d'messire Cortés... Qu' saurais-tu si
Sa Grandeur est toujours ici ?
    —       Dame,
ouais..., pour sûr qu'Sa Seigneurie doit partir sous peu pour les Mexicas...,
qu'il a besoin d'gaillards pour engrosser les macaques, pas vrai vous autres...
Ah ! ah !
    Le grand borgne et
ses compagnons mêlèrent leurs rires aux bruyants éclats des portefaix.
    —       Va
au palais du Gouverneur, le borgne !
    Suivant le conseil
du portefaix, les trois hommes prirent la direction indiquée. Dans une ruelle
montant vers le palais, l'un des marins, le plus maigre, avec un visage austère
et un front dégarni, chuchota pour le grand borgne :
    —       Ce
n'est pas prudent, vous allez vous jeter dans la gueule du loup.
    —       Que
veux-tu qu'il nous fasse ?
    —       S'il
vous identifie, rien de moins que de nous rejeter aux galères et nous renvoyer
à Sa Majesté Charles Quint.
    —       Nos
camarades nous attendent dans la crique de l'Opale. Ne crains rien, Paolo, et
ne sois pas défaitiste, tu nous porterais malheur.
    Le marin au front
dégarni fronça les paupières au-dessus de ses yeux enfoncés dans leurs orbites.
    —       Que
Monseigneur m'excuse, mais j'ai ramé comme Sa seigneurie, je me suis battu
comme Votre Grâce... et...
    Il pinçait les
lèvres, froissé.
    Le grand borgne
posa avec affection son bras sur les épaules de son compagnon.
    —       C'est
vrai, mon bon Paolo. Pardonne-moi, tu as payé de ta fidélité et au-delà. Mais
encore un petit effort, tout nous donne à penser qu'elle est ici.
    Le grand borgne s'était
arrêté en vue du palais. Pour un gaillard de sa trempe, il semblait ému,
nerveux.
    —       Saumâtre
! Sardine ! croassa l'oiseau.
    —       Laissez
Bois-de-Chêne aller aux renseignements, Monseigneur ! supplia Paolo.
    —       C'est
bon... admit le borgne.
    Le troisième
larron, un costaud aux jambes arquées, partit en se dandinant vers les gardes
du palais, tandis que ses deux compagnons s'abritaient derrière une muraille en
construction. Bois-de-Chêne ne tarda pas à revenir en sifflotant. Le grand
borgne l'interrogea aussitôt :
    —       Alors,
tu as trouvé quelque chose ?
    —       Pour
sûr, capitaine... Vot' dame vient de partir sur les voiles... qu' vous voyez
là-bas au loin.
    —       Comment
le sais-tu ?
    —       Bé,
qu' j'ai demandé si qu'une dame blanche, blonde et gironde qu'était là à
Panama... ?
    —       Tu
as interrogé les soldats ?
    —       Non,
capitaine... La sauvage là-bas, qu'est ben aimable... même qu'é vous attend.
    Bois-de-Chêne
désignait une belle jeune femme indienne qui tenait à la main un garçonnet de
sept à huit ans.
    —       Va
jouer, Martin..., dit-elle.
    Elle envoya l'enfant
vers un jardin, puis elle se dirigea droit vers la cachette des trois marins.
    Le borgne sortit de
derrière la muraille. Il ôta son béret.
    —       Mon
camarade me dit, Señora, que vous pouvez peut-être me renseigner, je cherche...
    —       Doña
Zéphyrine...
    Le grand borgne
regarda l'Indienne avec surprise.
    —       Vous
la connaissez ?
    —       Je
suis sa «sœur», Malitzin... Tu es Fulvio... Fulvio Farnello, son époux... Elle
m'a parlé de toi. Viens, suis-moi.
    —       Mais,
Monseigneur... Et Cortés, s'il vous découvre? chuchota Paolo, retenant le
prince par la manche de son sarrau élimé.
    Malitzin se
retourna :
    —       N'ayez
crainte, je suis une amie. Faites-moi confiance Cortés n'en saura rien. Viens,
Fulvio...
    La belle Malitzin
entraîna le prince Farnello avec ses deux compagnons vers une porte dérobée du
palais de Panama.

Chapitre XXVII
LES FILS DU SOLEIL
     
     
    Tumbez, principal
port de l'Empire inca, où mouillait une flotte impressionnante de radeaux à
voiles, reposait sous un soleil de feu parmi les palmiers.
    Du vaisseau,
Zéphyrine, admirative, regardait les temples, les palais, les maisons basses et
carrées face à la mer scintillante.
    Une triple enceinte
protégeait la ville, la rendant imprenable.
    Francisco Pizarro
avait abordé un peu plus au sud. Avec ses canons, il remontait vers la cité,
pour la prendre en tenaille. Sur son brigantin, Hernando de Soto hésitait sur
la conduite à

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