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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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un peu.
    — Rien que cela, ça te fait
mal ? Voyons les réflexes.
    Et il frappe. Je ne sais pas
avec quoi. Le genou. Hurlement. Il m’arrache la jambe. Mais non, elle est là,
intacte. Et il continue. Encore de la douleur, en vagues. Ça augmente, comme
avec les autres, les fils du diable. Tout va disparaître.
    Mais non, ça baisse tout à
coup. Des coups.
    — Monsieur le médecin,
qu’est-ce qui se passe ?
    Le père et la mère sont là. Ils
me regardent avec de grands yeux. C’est bizarre des yeux aussi grands surtout
pour moi.
    — N’ayez crainte, j’ai fini mes
examens. Madame, votre fils ne joue pas la comédie, j’en suis persuadé. Au
cours de mes études, j’ai vu des gens qu’on soumettait à la question, ils présentent
à peu près les mêmes symptômes.
    — Que voulez-vous dire ?
On ne le torture pas, tout de même ! Bien sûr ces garnements n’y sont pas
allés de main morte, mais de là à…
    — Je ne dis pas que vous le
torturez. Je pense simplement que votre fils souffre d’une hypersensibilité à
la douleur. Vous avez entendu ses cris. J’ai testé ses réflexes. Je l’ai
ausculté. Je lui ai fait mouvoir ses muscles et vous avez entendu le résultat.
    — Mais alors, que pensez-vous
que l’on puisse faire ?
    Le monsieur me regarde. Cette
fois-ci, il a l’air de me voir. Mais il a l’air triste.
    — Je ne sais pas. Il faut que
j’y réfléchisse, que je relise mes ouvrages d’anatomie. Je reviendrai peut-être
l’examiner mais je vous promets d’y aller plus doucement. Auriez-vous quelques
animaux dans cette ferme.
    — Heu oui, des chèvres,
quelques vaches, des poules et des lapins aussi.
    — Une chèvre, ce sera parfait.
Donnez-m’en une.
    — Il faut vous la
cuisiner ?
    — Mais non, vivante bien
sûr ! Je vais expérimenter quelque chose sur un être vivant. On ne sait
jamais.
    — Et le petit, qu’en
faisons-nous ?
    — Qu’il garde le lit, et donnez-lui
à manger de la soupe, bien claire. Se servir de sa mâchoire doit le faire
affreusement souffrir. Également, venez le changer de position à peu près
toutes les heures et toutes les deux heures la nuit. La position immobile à la
longue lui est insupportable.
    Je suis au lit, j’attends. Le
monsieur a dit des mots à mon sujet. Je ne les ai pas compris. Ils étaient à la
fois gentils et pas gentils. Pas méchants non, mais comme si je n’étais pas
quelque chose d’important. Je ne sais pas qui il est, le père et la mère ont
l’air d’en avoir peur comme du seigneur. Moi aussi, il me fait peur.
    — Je pense avoir trouvé quelque
chose. Votre fils souffre d’une infection au niveau de la moelle épinière.
    — La moelle, comme la moelle
des bœufs ?
    — Si vous voulez. C’est par ce
conduit que passent la plupart des nerfs. Ils transmettent au corps les ordres
du cerveau. Comme de bouger un membre. Mais ils transmettent aussi au cerveau
les principaux signaux en provenance du corps. Je les connais bien. Quand je
fais une préparation, je prends bien soin de les isoler et de les conserver. Si
j’arrivais à éliminer ceux qui envoient ces signaux anormaux de douleur au
cerveau de votre fils, peut-être parviendrais-je à soulager sa douleur.
    — Oui, oui, faites cela, je
vous en prie.
    — Je vous préviens. Nous
prenons des risques.
    — Il peut mourir ?
    — Peut-être. Il peut aussi
rester paralysé. Mais rendez-vous compte qu’il souffre atrocement. Franchement,
je pense qu’un tel état est pire encore que la mort. Laissez-moi faire, et dans
tous les cas votre fils ne souffrira plus.
    — Écoutez, est-ce qu’on peut
réfléchir ?
    — Allons, la mère, qu’est-ce
que tu veux réfléchir ? Tu vois comment il est et tu as écouté monsieur le
médecin… Il a dit que c’était encore pire que la mort d’être comme ça.
    La mère parlait mal. Les mots
sortaient avec difficulté de sa bouche.
    — Mais c’est pas un chien tout
de même. Qu’on pourrait tuer en le noyant. C’est notre fils.
    — S’il reste comme ça,
qu’est-ce que tu veux qu’il fasse ?
    — Tout de même, dit-elle. Puis
elle répète plusieurs fois : Tout de même, tout de même…
    Le monsieur est resté
silencieux pendant que la mère et le père parlaient. Comme s’il n’était pas là.
Et puis il revient :
    — Je vous ai dit ce que j’en
pensais. Je comprends vos scrupules. Je suis encore dans la région quelques
jours. Faites-moi venir quand vous vous serez décidés.
    La mère, elle,

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