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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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railleuse.
    — Bien sûr ! N’as-tu pas
constaté toi-même que l’acte n’avait pas pu être accompli par un humain ordinaire ?
    Sénat se mit à réfléchir :
rien de concluant ne pouvait être tiré de ce fatras ! Il imaginait les
rires du Comité à la lecture d’un rapport reprenant ces histoires de Loge
Noire, de démon envoyé par Satan, le tout étayé par le seul témoignage d’une diseuse
de bonne aventure !
    Pourtant, il n’avait aucune
autre piste et, en outre, c’était Vadier qui l’avait envoyé jusqu’à elle.
    Il se redressa, fit quelques
pas et se retourna vers la jeune femme en prenant l’air le plus sévère dont il
fût capable.
    — Citoyenne, je ne suis pas
bien sûr que tu aies pris au sérieux l’objet de ma mission. J’attendais de toi
une véritable collaboration et non ces histoires à dormir debout. Un envoyé de
Satan dans Paris ! Nous ne sommes plus aux âges de l’obscurantisme. L’Ère
des Français a balayé des siècles et des siècles de superstition. Néanmoins, il
est possible, en effet, qu’une organisation criminelle commette de tels crimes,
il est également possible qu’une loge maçonnique continue son activité à
l’encontre des décisions du Comité. Au nom du peuple et de la République, je te
somme de m’indiquer où et quand je peux rencontrer des personnes représentant
l’une ou l’autre de ces organisations séditieuses.
    Un rire répondit à cette
déclaration :
    — Citoyen Sénart ! Tu es
tellement sérieux tout à coup ! Tu as l’air de croire tellement à ce que
tu dis que je reste confondue devant une telle naïveté ! C’est presque
touchant. En fait, je crois même que cela m’émeut un petit peu, conclut-elle
avec un clin d’œil.
    Lui, d’ordinaire si calme,
faillit se mettre en colère.
    — Tu refuses de collaborer avec
le Comité ? Prends garde, car les petits arrangements pris dans cette
prison pour retarder ton exécution peuvent être balayés d’un trait de plume.
    — Je n’en doute pas mais,
vois-tu, j’ignore absolument où peut agir la Loge Noire. Si je le savais, leur
démon m’aurait déjà fait subir le même sort que celui de ce pauvre Tavannes.
Quant aux loges encore en activité, peut-être pourrais-je t’en faire rencontrer
quelques membres, mais tu comprendras que, vu la manière dont ils sont
pourchassés, à la fois par le Comité et par leurs ennemis, ils prennent
beaucoup de précautions. Même moi qui les connais un peu ne sais où ils se
trouvent exactement. Par contre…
    — Oui ?
    — Si je sors d’ici, je peux
négocier une entrevue. Mais je te préviens, ce sera à leurs conditions. Il est
inutile d’amener tes ruffians. D’ailleurs, nous aurons sans doute les yeux
bandés et on te désarmera.
    L’idée était dangereuse. Il
s’agissait de se livrer ainsi entre les mains de parfaits inconnus.
    — Garantis-tu notre
sécurité ?
    — Ces gens ne sont pas les
séditieux et les criminels que tu crois ! répliqua-t-elle avec chaleur. Ce
sont avant tout des philosophes, des amoureux de la sagesse. Tu ne risques
rien, et moi non plus. En revanche, ils n’auront confiance qu’en moi. Il faut
donc que tu me laisses sortir et que tu m’accompagnes.
    Laisser sortir une condamnée de
la Petite Force ? Jamais le Comité n’accepterait.
    — Envoie une missive à Vadier,
continua-t-elle comme si elle lisait ses pensées. Je suis sûre de la réponse.
Je l’ai lue dans les cartes comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs,
ajouta-t-elle avec un sourire enjôleur.
    Sénart hocha la tête et remit
son bicorne, mal à l’aise.
    — Je vais réfléchir à ta
proposition. Peut-être contacterai-je le Comité. Reste là et surtout ne bouge
pas en attendant ma décision.
    Nouveau rire :
    — Je te rappelle que je suis
prisonnière ! Il me semble que ma liberté de mouvement se trouve
étroitement limitée.
    Il claqua des talons, fit
demi-tour et partit. Le son de la voix railleuse de la jeune femme résonnait
dans ses oreilles.
     
    À l’entrée de la prison, il
trouva ses deux porteurs d’ordres à moitié ivres. Ils faisaient grand tapage en
compagnie des gardes de la prison, des gredins comme eux, et de quelques gendarmes.
    — Comme je vous le dis,
citoyens, raccourci mais pas de la tête. Les deux bras et les deux jambes,
arrachés et posés sur le ventre du ci-devant en bon ordre.
    Lepoulet pérorait au milieu du
groupe tandis qu’à son habitude Duglas restait en retrait, le

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