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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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tête
avec énergie.
    — Je te répète l’histoire comme
ma grand-tante me l’a racontée. Lorsque je lui ai demandé si elle l’avait fait,
voici ce qu’elle m’a répondu : « Je ne l’ai fait qu’une fois, ma
chère Marie-Adélaïde, et j’ai eu devant moi la plus touchante et bouleversante
vision de ma vie. Vraiment, je ne comprends pas pourquoi les hommes se montrent
tant attachés à leur misérable existence sur Terre. Moi, je n’attends que le
moment où je rejoindrai l’ointe de Notre-Seigneur ! »
    Le récit de la jeune fille
impressionna durablement les pensionnaires et bientôt le bruit s’en répandit
dans tout le couvent.
    Marie-Adélaïde n’en dit pas
plus. Elle attendait ce qui devait fatalement se produire. Donatienne, un soir,
vint la trouver :
    — Marie, j’ai beaucoup réfléchi
à ce que tu nous as raconté. D’abord, je ne comprends pas comment cela peut
être possible. Comment se trouver au-dessus du prêtre quand il célèbre
l’eucharistie ? Jamais il ne nous permettrait de monter sur l’autel !
Ta tante, comment a-t-elle procédé ?
    — Je ne sais pas car, comme je
te l’ai dit, je n’ai jamais tenté l’expérience moi-même. Ma grand-tante ne
s’est pas ouverte à moi de ces détails. Par contre, j’ai une idée…
    Elle avait pris un ton
mystérieux. Aussitôt, Donatienne voulut en savoir plus :
    — Quoi donc, dis-moi !
    — Au-dessus de la voûte de la
chapelle, il y a une sorte de grenier. Il suffirait de se tenir juste à
l’aplomb de l’autel. En vérité, ce serait chose simple.
    — Mais oui, bien sûr, comment
n’y ai-je pas pensé moi-même ?
    Toutes deux se glissèrent
nuitamment dans les étages supérieurs de la chapelle. Elles y trouvèrent
effectivement un large grenier au plancher assez délabré. Une mince couche de
plâtre, en dessous, constituait le plafond de la chapelle. Marie-Adélaïde
enleva plusieurs lattes, puis creusa un petit trou dans la voûte à l’aide d’un
couteau de cuisine dérobé au réfectoire.
    — Attends, le plâtre va
tomber !
    — Bah, ils croiront que c’est
de la poussière. Ah ! L’autel est un peu plus loin.
    Ainsi, en tâtonnant, elles
trouvèrent l’endroit idéal.
    — Ce sera là.
    — Mais comment se trouver ici
au moment de l’office. Nous sommes tenues d’y assister !
    — Nous nous déclarerons
malades. Moi seule, je n’aurais aucune chance de tromper les sœurs, mais toi,
Donatienne, elles font tes quatre volontés.
    La semaine suivante était
justement la fête de l’Assomption. Tout le couvent et la population des
environs s’étaient rassemblées pour célébrer la Vierge Marie. La chapelle avait
été pour l’occasion ornée de mille fleurs blanches. De nombreuses draperies
immaculées avaient été accrochées sur les colonnes. Les chants d’actions de
grâces pour Marie la bienheureuse résonnaient sous la voûte. Là-haut, par un
petit trou, les deux fillettes contemplaient le spectacle. La messe dura longtemps,
en fait, jamais elle ne leur avait paru aussi longue. Enfin, le prêtre
s’inclina devant l’autel, tournant le dos aux fidèles pour célébrer
l’eucharistie.
    — Ipse enim in qua nocte
tradebatur accepit panem et tibi gratias agens benedixit, fregit, deditque
disci pulis suis, dicens : hoc est enim corpus meum, quod pro vobis
tradetur.
    — C’est le moment, souffla
Marie-Adélaïde.
    Donatienne s’avança et se plaça
juste au-dessus de l’autel à la fois exaltée et tremblante. Elle allait voir la
Vierge Marie. Après avoir sanctifié et transformé le pain, le prêtre prit le
calice rempli de vin :
    — Simili modo, postquam
cenatum est, accipiens calicem, et tibi gratias agens benedixit, deditque
discipulis suis, dicens : accipite et bite ex eo omnes, hic est enim calix
sanguinis mei novi et aeterni testamenti, qui pro vobis et pro multis effundetur
in remissionem peccatorum. hoc facite in meam commemorationem.
    À ce moment, emportée par une
exaltation toute religieuse, Donatienne prit son élan, comme Adélaïde lui avait
expliqué, et s’éleva. Il ne lui fallut qu’un minuscule effort. Déjà, elle
levait les yeux au ciel, cherchant du regard le visage de la Vierge Marie.
    Malheureusement pour elle,
toute sa foi enfantine ne parvint pas à vaincre l’abominable gravité de
M. Newton, cet anglican hérétique et blasphémateur. Elle chuta aussitôt
et, alors que l’enfant de chœur faisait résonner la clochette invitant tous les
fidèles

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