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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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propre question.
    « Elle devait encore
rêver », se dit-il.
    On frappa à nouveau :
    — Citoyen Sénart.
    « Vadier ! Il ne doit
pas la voir là. »
    Il se leva précipitamment et
courut vers la jeune femme.
    — Dissimule-toi sous ces
couvertures et ne bouge pas ! lui chuchota-t-il.
    Puis il se dépêcha d’aller
ouvrir. On ne faisait pas attendre Vadier.
    La porte s’ouvrit et le
conventionnel apparut, encadré de Duglas et de Lepoulet qui l’accueillirent
avec un regard mauvais.
    — Alors, citoyen, tu
dormais ?
    Le maître du Comité de sûreté
générale ne semblait pas de très bonne humeur.
    — J’aurais aimé avoir de tes
nouvelles hier soir !
    Le jeune homme tenta de
reprendre ses esprits : chercher à s’excuser n’aurait fait que compromettre
encore sa position.
    — Désolé citoyen, mais je suis
rentré fort tard cette nuit. En revanche  – il désigna le volumineux
cahier sur le bureau  –, j’ai pu consigner tout ce à quoi j’ai assisté.
    Le Grand Inquisiteur changea
immédiatement d’expression.
    — Ah ! je retrouve bien là
mon fidèle secrétaire rapporteur. Toujours prêt à noircir du papier. Voyons un
peu cela.
    Il s’installa à la place que le
jeune homme occupait un instant plus tôt et entreprit de lire le cahier avec la
plus grande attention.
    Duglas et Lepoulet qui tenaient
leurs piques bien en évidence s’étaient postés de chaque côté de la porte,
empêchant toute sortie. Sénart se sentait mal à l’aise, jetant de temps à autre
un regard inquiet sur le lit de camp. La jeune fille ne bougeait pas d’un pouce
et retenait vraisemblablement sa respiration. Mais qui sait si l’une des deux
brutes n’aurait pas la mauvaise idée d’aller s’y asseoir. Soudain, son cœur
s’arrêta de battre. Sur une chaise au fond, à côté de la fenêtre, la jeune
femme avait disposé ses vêtements. Le bureau les cachait aux yeux des deux
séides, mais si Vadier se retournait…
    Pour l’instant, l’homme
semblait passionné par le rapport.
    — Hum, remarquable… Voilà qui
est très intéressant... Ça par exemple, je ne l’aurais jamais imaginé…
    Et il ponctuait sa lecture de
nombreux commentaires de la sorte.
    Pour finir, il fit le geste de
fermer le registre puis se ravisa et en arracha les pages écrites par Sénart.
    — Voilà qui ne doit pas tomber
entre toutes les mains, notamment dans celles du Comité de salut public. Vous
deux, laissez-nous !
    Duglas et Lepoulet se
retirèrent de mauvaise grâce avec un regard noir à destination du secrétaire
rédacteur. Sans doute avaient-ils largement rapporté sa conduite étrange de la
veille et avaient-ils espéré le voir déchu, voire condamné.
    Sitôt la porte fermée, Vadier
se leva et parla à voix haute.
    — Jeune femme, veux-tu te
lever, ce n’est vraiment pas une position digne de la Sibylle de la
Révolution ! Ne crains rien, le citoyen Sénart et moi-même regarderons
ailleurs tant que tu ne seras pas décemment vêtue !
    Le jeune homme rougit. Le Grand
Inquisiteur avait remarqué les vêtements en entrant. Il ne pouvait en être
autrement. D’ailleurs, l’autre lui jeta un regard goguenard tandis que derrière
eux ils entendaient quelques pas mal assurés ainsi que des bruits d’étoffe
qu’on froissait.
    — Voilà, je suis prête.
    — Parfait.
    Vadier se retourna et alla
saluer la demoiselle, maintenant rhabillée, avec une parfaite révérence.
Ensuite, il se rassit devant le bureau et s’adressa à eux deux.
    — Je dois vous dire tout
d’abord, cher Sénart, et toi mon estimée Sibylle que je suis tout à fait
satisfait des débuts de votre enquête. Vraiment, dès le premier jour, lever un
nid de contre-révolutionnaires, me trouver le nom d’un suspect et me rapporter
toutes ces précieuses informations avec un tel luxe de détails, voilà qui est
tout à fait remarquable.
    — Je m’excuse, citoyen, mais en
vérité je serais incapable de te guider jusqu’au lieu où ces gens m’ont mené.
Mes yeux étaient sous le bandeau. D’autre part, si nous avons le nom de
Saint-Germain, cette information semble peu crédible tellement le personnage
paraît fantasque et insaisissable. Enfin, nous ne savons même pas où il se
trouve présentement.
    Vadier fit un geste d’apaisement
dans sa direction.
    — Allons, tout cela n’a pas
beaucoup d’importance. Cette loge, nous la trouverons, et vite. Le champ de nos
recherches se trouve, grâce à vous deux, considérablement

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