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La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
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la tête.
    — N’essayez pas d’en savoir
plus. Ce serait de la folie. Lorsque je suis entré, ils m’ont donné une liste à
moi aussi. Pour être admis, il me fallait tuer un homme.
    Le secrétaire rédacteur fronça
les sourcils :
    — Et tu l’as fait ?
    Svendenborg fit un signe
mystérieux, comme pour conjurer quelque mauvais sort.
    — Ce ne fut pas difficile,
l’homme en question était un aristocrate, un immigré qui, revenu en France sous
un faux nom, trafiquait avec les Anglais. Il m’a suffi de le dénoncer et votre
Tribunal révolutionnaire a fait le reste. À l’époque, je ne pensais pas à mal.
Après tout, un proscrit de plus ou de moins qu’est-ce que cela pouvait bien
changer ? Et puis, ils m’ont donné de l’or, beaucoup d’or. Mais il y a eu
d’autres hommes à tuer. Toujours plus. Parfois c’était aussi facile mais parfois
non. Une des victimes était un proche du Comité. Comment aurais-je pu le tuer,
moi, simple alchimiste. Alors, ils m’ont donné un avertissement : pour
cette fois, ils m’aideraient. Ils enverraient leur démon faire le travail à ma
place, mais la prochaine fois si je n’exécutais pas moi-même la sentence, je
prendrais la place de la victime. Et c’est alors que j’ai assisté à son
assassinat. Une abomination. Son corps a été jeté à la Seine sous mes yeux, et
j’ai vu le démon. Il existe, soyez-en sûr. Il broie les os, comme un enfant
s’amuse à casser ses jouets. Il est immortel, il ne sent pas la douleur. Nulle
arme ne peut le tuer. J’ai vu une balle de pistolet s’écraser sur sa poitrine.
Il a continué comme si de rien n’était et a arraché la tête de sa victime telle
une vulgaire poupée de chiffon. Citoyen, si tu veux vivre, éloigne-toi d’eux. Depuis,
je vis dans la hantise de les revoir. Je sais qu’un jour ils reviendront et me
demanderont leur dû. Vous voyez, Girardin m’a proposé cet abri à Ermenonville.
Lorsque je vous ai vu tout d’abord, j’ai cru que vous étiez l’un de leurs
envoyés. Je vous en prie, laissez-moi partir !
    Sénart réfléchit un instant à
ces propos : la Loge Noire savait impressionner ses victimes, cela était
certain. Ses membres employaient sans doute des méthodes similaires à celles
qui étaient utilisées par la loge souterraine, mais plus perverses, plus sanglantes.
Rien de tel pour impressionner des esprits faibles comme celui de ce pauvre
charlatan.
    — Svendenborg, conclut-il. Tu
as le choix entre deux possibilités. Soit je t’arrête et tu es traduit devant
le Tribunal révolutionnaire. Tu sais ce qui t’attend dans ce cas-là ?
    L’autre se contenta de hocher
la tête d’un air morne.
    — L’autre possibilité
sous-entend que tu travailles pour nous.
    Dans la petite voiture, agité
par les cahots de la route, le faux Saint-Germain se jeta aux pieds de
l’officier :
    — Dites-moi et je ferai tout ce
que vous demanderez. Pitié, seigneur officier. J’ai toujours profondément
admiré la Révolution. Vive Robespierre ! Vive la Convention !
    — Tu retourneras les voir. Tu
leur parleras d’une de tes connaissances. D’un homme fort riche et estimable
qui souhaiterait rejoindre leurs rangs.
    Un instant le visage de
Svendenborg fut pris d’une pâleur mortelle. Il ouvrit la bouche, puis la
referma. Une expression rusée avait remplacé la terreur qu’on lisait sur sa
figure.
    — Vous voulez dire que vous
risqueriez votre vie pour…
    Sénart eut un geste
impatient :
    — Tu ne m’intéresses pas,
Svendenborg, tu n’es qu’un simple filou de bas étage, un escroc, un
moins-que-rien. Je t’écraserais volontiers comme l’insecte parasite que tu es
mais tu peux éventuellement m’être utile. Obtiens-moi une entrevue avec l’un de
leurs dirigeants. Mieux, fais-moi rejoindre leur ordre et tu auras la vie
sauve.
    Nouveau coup d’œil par en
dessous :
    — Et s’il me prenait la
fantaisie de disparaître ?
    Sénart se rapprocha de lui. Il
le prit par le col et le tira vers lui jusqu’à ce que leurs visages se touchent
presque.
    — Tu n’irais pas loin. Je
donnerais ton signalement à toutes les portes de Paris. Personne ne te
viendrait en aide, à part moi. Si je meurs, on te pourchassera, même s’il faut
pour cela retourner toute la capitale. Ta tête finira au bout d’une pique et ce
sera encore une mort trop douce pour un scélérat tel que toi. Est-ce bien
compris ?
    L’autre roulait de grands yeux
effarés. Il finit par approuver du

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