Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Sibylle De La Révolution

La Sibylle De La Révolution

Titel: La Sibylle De La Révolution Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Bouchard
Vom Netzwerk:
passions les plus folles.
N’est-ce pas ?
    Il baissa les yeux.
    — Oui, en quelque sorte, mais
je n’ai rien fait de mal. Il n’y a rien ici de contraire à la loi.
    — C’est ce que vous raconterez
à Fouquier-Tinville et au Tribunal révolutionnaire, gronda Sénart excédé.
Maintenant, parlez, que savez-vous des loges noires ?
    — Les loges noires ?
    Une expression de stupéfaction
mêlée à la peur la plus extrême se lut sur son visage.
    Au même moment, il se fit un
grand tumulte. Une explosion, une fusillade, des sonneries de trompettes. Tout
s’effondrait autour d’eux.
    — Au nom de la Nation,
rendez-vous !
    — Que se passe-t-il ?
    Le faux Saint-Germain venait de
se jeter sous une des tables chargées de fruits, de sucreries et de bouteilles
de vin qui meublaient la tente.
    Son arme à la main, Sénart se
débarrassa de tout ce que son déguisement avait d’encombrant  – chapeau,
perruque, cape, cuirasse  – et se précipita à l’extérieur de l’abri. Le
plus grand désordre régnait dans le parc d’Ermenonville. Partout, on courait,
on s’interpellait. On tirait en l’air, on menaçait.
    — Au nom de la République,
arrêtez-vous !
    Il vit passer le long de
l’étang un petit groupe mené par un officier vêtu de bleu et coiffé d’un grand
bicorne. Ils portaient des lanternes et cherchaient les invités de la fête,
hommes et femmes à moitié nus qui s’égaillaient à travers les allées.
    La garde nationale ! Qui
l’avait donc alertée ?
    Un peu plus bas, vers les
grottes préhistoriques, il vit une dizaine de silhouettes nues courir en
direction d’un hypothétique abri.
    — Au nom de la République,
halte !
    L’officier tira en l’air. Il y
eut encore deux autres sommations puis enfin le peloton tira sur les fuyards.
Plusieurs silhouettes s’écroulèrent, encore qu’à cette distance et à la seule
lueur de la lune on ne distinguât pas bien.
    — Rechargez !
    Sénart prit une profonde
inspiration. Il rentra dans la tente où il surprit son prisonnier en train de
se glisser sous un des pans de la toile et l’attrapa par le col.
    — Viens un peu ici, toi.
    Puis il fit signe à
Marie-Adélaïde, qui sirotait tranquillement un verre de muscat, de la suivre.
    — Lieutenant !
    C’est avec cet étrange équipage
qu’il s’en alla à la rencontre de la garde nationale.
    — Halte, baissez votre arme,
qui êtes-vous ?
    — Je suis Gabriel-Jérôme
Sénart, secrétaire rédacteur au service du Comité de sûreté générale. J’ai été
mandaté par le citoyen Vadier pour infiltrer ce groupe de contre-révolutionnaires.
Vous n’arrivez pas au bon moment.
    L’homme incrédule baissa son
sabre et, à la lueur des torches, lut les documents que lui tendait le nouveau
venu.
    — Le Comité de sûreté générale.
Oh, alors vous devez connaître ces deux-là.
    Il se retourna et désigna deux
silhouettes qui attendaient en retrait, derrière les soldats. Évidemment, il
les reconnut tout de suite.
    — Lepoulet, Duglas ! Je
vous avais dit de m’attendre au village ! Pourquoi avez-vous
désobéi ?
    Le sinistre Duglas fit un pas
en avant.
    — Il se passait là des choses
innommables. Les villageois nous ont raconté. Orgies, sabbats, diableries… Ce
sont tous des tyrans, des despotes et des adversaires de la Raison. Nous
n’allions tout de même pas les laisser faire ?
    — D’autant que nous avons craint
pour ta vie, citoyen, ajouta Lepoulet. Il paraît qu’on pratique les sacrifices
humains ici et même l’anthrapa…
    — L’anthropophagie, compléta
Duglas. Vadier n’aurait pas apprécié que son favori fût dévoré par des ennemis
de la Révolution !
    Sénart eut un geste
d’impatience. Il ne tirerait rien de ces deux-là. Et puis sa mission était
accomplie, il avait capturé l’homme qu’il recherchait. Restait néanmoins cette
impression de gâchis.
    Les gardes emmenèrent les
prisonniers : pauvres hères, tous à peu près nus, tremblants, la poudre
recouvrant encore à moitié leur visage, leurs perruques défaites ajoutaient à
leur lamentable aspect.
    — Ces individus seront conduits
devant le tribunal révolutionnaire, commenta le lieutenant. Grâce à toi,
citoyen, la prise a été bonne. Le Comité de salut public sera content.
    Et puis ce furent les cadavres
des malheureux tués par la mitraille. Pauvres corps entassés sur une charrette
qu’il distingua à la lueur tremblotante des torches. Il reconnut la fille

Weitere Kostenlose Bücher