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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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femme avant de sombrer dans l’inconscience.
    Personne n’avait vu l’accident. Ce n’est que bien plus tard que Jean Castan aperçut la malheureuse en entrouvrant son portail pour jeter un coup d’œil au chemin ! Rapidement relevée et ramenée chez elle, Clémence souffrait visiblement beaucoup. Elle ne savait quelle position prendre pour calmer ses douleurs. Le moindre mouvement lui arrachait des hurlements et elle ne supportait pas que l’on touche à sa jambe droite.
    Jacques partit pour Langlade téléphoner au docteur tandis qu’Yvette, aidée des voisines, essayait de soulager la pauvre accidentée mais sans y parvenir réellement.
    Oubliés, aujourd’hui, tous les griefs contre cette femme ? Non, pas tout à fait. Mais, contre le malheur, la maladie ou l’accident, le village faisait bloc pour essayer le vaincre la douleur, cette ennemie venue du fond des âges…
    Malgré les routes encombrées, le docteur parvint au bas du village en fin d’après-midi. Il diagnostiqua une fracture du col du fémur et exigea immédiatement le transport à l’hôpital.
    Alors Clémence poussa de hauts cris :
    « Je ne peux pas partir, qui fera le travail ?
    — Croyez-vous que vous allez en faire beaucoup de travail, avec votre patte cassée ? plaisanta le docteur, faites-vous soigner convenablement et, dans quelques mois, vous retravaillerez, sinon, je ne réponds de rien.
    — Voyons, Clémence, sois raisonnable, la calmait le père incapable de dire autre chose, tellement il était atterré.
    — Vous avez une fille qui a l’air très capable, continua le docteur en tournant les yeux vers Yvette, qui se taisait dans un coin de la chambre.
    — Mais laissez-moi mettre mes affaires en ordre, avant de partir, capitula enfin Clémence.
    — Madame, vous n’êtes pas mourante, vous reviendrez dans votre maison, et même assez rapidement, alors ne vous inquiétez pas. Vos enfants peuvent très bien seconder votre mari et, dans très peu de temps, je vous promets que vous serez de retour. »
    Et, sans plus écouter les protestations de la femme, le docteur vint s’installer à la table de la cuisine et rédigea le billet de transport pour l’hôpital.
    Il promit d’envoyer immédiatement une ambulance, fit une piqûre pour calmer la douleur et partit en empochant ses honoraires.
    « Ils ne pensent qu’aux sous ! » eut encore la force de grommeler la mère…
    Elle chassa tout le monde de la chambre, ne gardant que le père. Yvette aurait donné cher pour connaître les recommandations que faisait la mère, mais elle n’osa en parler à Jacques ni les demander à son père.
    L’ambulance arriva en fin de soirée et repartit lentement, vers Mende sur la route verglacée. Tout le village assista au départ d’un œil curieux.
    La vie s’organisa avec le travail de la mère en plus. Il retombait surtout sur Yvette. Elle ne s’en plaignait pas car cela l’aidait à surmonter ses moments de solitude.
    Comme si l’accident de Clémence avait marqué la fin de l’hiver, le redoux s’amorça subitement. Un vent du sud mêlé de pluie survint dès le lendemain. Les routes redevinrent libres et la neige ne s’accrocha plus que sur les sommets ou dans des creux, mal abrités. Le village sortit de sa léthargie et respira à nouveau.
    Clémence partie, les gens redevinrent plus aimables avec Joseph et les enfants, et Yvette commença à trouver le pays plus accueillant et à s’y sentir mieux.
    Le lendemain du départ de la mère, Yvette monta changer les draps du lit et nettoyer la chambre des parents.
    On avait posé la malade à même les couvertures. Beaucoup de gens étaient montés et descendus laissant des traînées de boue et de neige fondue. Armée d’un balai et d’une serpillière, elle pénétra dans la chambre.
    La veille, impressionnée par l’accident et reculée dans son coin, elle n’avait rien remarqué dans cette pièce où se pressait une foule de gens qui remplissaient tout l’espace disponible.
    Mais, aujourd’hui, à peine la porte poussée elle étouffa un cri d’admiration ! Ce n’était plus le vieux lit de bois ni l’armoire bancale qu’elle connaissait depuis son enfance. Tout avait disparu, remplacé par une des plus belles chambres modernes qu’il lui était donné de voir : armoire à trois portes avec une énorme glace en son milieu, lit décoré, commode assortie, table de nuit… Le tout en noyer verni, dernier cri de la mode actuelle. Aux fenêtres

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