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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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qu’elle posait sur le jeune homme quand elle ne se croyait pas observée…
    Et lui, et David, qu’avait-il à voir dans tout cela ? Yvette se sentait très malheureuse. Malheureuse était un mot faible. Elle se sentait trahie, flouée, ignorée, moquée… David lui avait dit qu’il l’aimait, mais il avait menti…
    Elle savait, elle le sentait : s’il était venu ici, justement dans cette vallée, ce n’était pas par hasard comme il l’avait prétendu, mais pour retrouver ces lettres et ces photos ! Pourquoi, mais pourquoi n’avait-il pas eu confiance en elle et ne lui en avait-il pas parlé ?…
    Elle se rappela alors que celle qui possédait lettres et photos était la mère… Elle, Yvette, n’aurait jamais dû connaître la vérité. Elle pensa aussi que si David manquait de confiance en elle, comment aurait-elle pu qualifier son attitude, à elle, qui lui avait caché cette partie de sa vie dont elle avait tant honte ?
    Comment lui expliquer, maintenant, que c’était seulement la peur de le perdre qui l’avait forcée à se taire !
    Il y avait encore des feuilles éparses au fond de la boîte.
    Yvette y jeta un coup d’œil distrait, quand une adresse sur une vieille enveloppe la fit tressaillir.
    “Monsieur Le Chef de la Gestapo
    Préfecture de Mende.”
    Sur les brouillons, elle vit que plusieurs formules de politesse avaient été essayées, ainsi que des terminaisons. Des fragments de lettres froissées se trouvaient au fond, cachés sous un fatras de buvards et de papiers sans intérêt…
    «  Je vous signale ces choses parce que je pense que c ’ est mon devoir . » (…) «  Le pays doit être purifié de tous ces étrangers  » (…) «  Une Française indignée … »
    Des formules à l’emporte-pièce se retrouvaient un peu partout dans la boîte. Aucune n’était terminée. La main qui les avait écrites n’avait peut-être pas osé faire le travail jusqu’au bout. Un reste de pudeur avait retenu les phrases avant qu’elles ne commettent l’irréparable…
    Yvette remit toutes les boîtes à leur place mais elle y pensait sans cesse, imaginant une chose puis une autre jusqu’à ce qu’une troisième lui paraisse plus plausible. Après avoir tourné et retourné plusieurs solutions, elle vint se conformer à celle qui lui semblait la plus logique. La famille dont elle avait trouvé les photos dans la boîte devait être celle qui avait habité le château. Clémence aurait reçu, en dépôt, photos et bijoux. Ensuite, eh bien… Yvette n’abordait cette partie qu’avec réticence.
    La mère aurait-elle dénoncé ces gens-là ? La jeune femme n’osait envisager une telle solution… Et pourtant, pourtant, ces lettres inachevées, ces bouts de phrases lancées sur le papier… Cela était plus que troublant.
    Et David ? Pourquoi David ? Elle tremblait en pensant qu’il était, peut-être, apparenté à ces gens. Et si sa mère… Non, il valait mieux ne pas songer à tout ça. Il fallait laisser couler le temps. Hélas, le temps ne saurait faire oublier une histoire pareille.
    Elle continua son travail, l’esprit ailleurs et, un soir où le père était allé se coucher tôt, se plaignant de douleurs à la jambe, elle interpella Jacques :
    « Dis-moi, cette histoire que tu m’avais racontée sur les étrangers qui habitaient le château pendant la guerre et pour lesquels tu étais allé chercher une enveloppe à Mende… »
    Jacques la regarda, ahuri.
    « Ces étrangers ? Ah, oui… Et alors ?
    — Alors, ne se seraient-ils pas appelés Lefair, par hasard ?
    — Lefair ? Non, il ne me semble pas… Lefair… Lefair, non, ça ne me dit vraiment rien. Mais il faut dire que je ne me suis jamais intéressé spécialement à ces gens. Pourquoi me demandes-tu ça ? »
    Sans dire un mot, Yvette partit chercher les boîtes et en vida le contenu sur la table.
    Jacques siffla d’admiration : « Mazette, les beaux bijoux !… Mais, d’où sors-tu tout ça ?
    — De l’armoire de maman. Elle ne voulait pas qu’on y touche, c’est pour ça qu’elle fermait tout à clé.
    — Hé bien, hé bien ! »
    Jacques examina, en silence, les différents titres de propriété des magasins parisiens mais, pour lui aussi, tout cela paraissait obscur.
    Il se pencha sur les photos, les contempla un moment mais ne fit aucun commentaire.
    « Qu’en penses-tu ? » lui demanda Yvette, impatiente de voir sa réaction.
    Jacques ne répondit pas tout de suite,

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