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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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maman les a dénoncés ! »
    Jacques ne répondit pas tout de suite. Il la regarda fixement puis, prenant sa tête dans les mains, il éclata en sanglots !
    Yvette, stupéfaite de cette réaction qu’elle n’attendait pas, bondit vers lui et l’entoura de ses bras en disant :
    « Mais, Jacques, ne pleure pas ! Ce n’est peut-être pas ça du tout. Il se peut que nous fassions fausse route.
    — Oh si, ce doit être ça… Va, je comprends. Hier soir, non, l’autre soir, quand tu m’as montré les photos, je ne te l’ai pas dit… C’était elle et son mari. Tu sais, là où il y avait David. Sur le moment, je me suis mis en colère contre toi, parce que… parce que… j’ai… j’ai peur que ce soit ses parents et si… si elle les a dénoncés…
    — Oh non, ce serait trop horrible !…
    — C’est pourtant ainsi que les choses ont dû se passer. Elle les a dénoncés pour s’emparer de leur argent…
    — Jacques ! s’exclama Yvette, tu… tu ne crois pas une chose pareille !
    — Tu as une autre explication, toi ?
    Yvette se tut. Même si la dénonciation lui paraissait monstrueuse elle ne pensait pas que la mère l’eût faite pour de l’argent. Elle croyait plutôt en une sorte de patriotisme mal compris, une justice sommaire qui devait séparer les bons des méchants : les bons étant ceux qui avaient les mêmes idées qu’elle et les mauvais, tous les autres dont il fallait se débarrasser !
    Jacques reprit :
    « Je ne veux pas tirer cette affaire au clair. Je sais ce que je vais faire : je vais devancer l’appel et partir au régiment. »
    Yvette sursauta :
    « Tu ne peux pas faire ça !
    — Je ne vois pas qui m’en empêcherait. De toute façon, il me faut faire le service… Que je parte six mois plus tôt n’y changera pas grand-chose. Peut-être qu’à mon retour, j’y verrai plus clair.
    — Mais le père, tu y as pensé ? Il compte tellement sur toi ! Tu ne vas pas les laisser tous seuls !
    — Je ne les laisse pas seuls, tu y es, toi ! Mais moi, je peux très bien m’en aller ! Je viens de te dire que je ne fais que devancer l’appel. Père le comprendra. Plus tôt je partirai, plus tôt je reviendrai. Je pense que pendant ce temps-là, tu auras trouvé une solution à cette affaire. Je te répète qu’il faut que tu en parles à David. Il n’y a que vous deux qui puissiez vous entendre. »
    Il ajouta en s’éloignant :
    « Quant à moi, je me rangerai de votre côté. »
    Yvette resta un long moment sans bouger. Jacques refusait de regarder la vérité en face. Il ne voulait même pas s’assurer si la mère avait réellement dénoncé les parents de David. Il fuyait ! Il la laissait seule avec des problèmes insolubles… Pourrait-elle jamais dire à David en le regardant dans les yeux : « Ma mère a dénoncé tes parents et les a envoyés à la mort. » Non, non, elle préférait encore se taire. Et pourtant, elle ne voulait pas perdre David !
    Le cœur gros à l’étouffer, les yeux brûlants de larmes, elle sortit dans le soleil matinal qui, indifférent à sa souffrance, rayonnait de tout son éclat. Elle marcha au hasard des sentiers et se retrouva, sans l’avoir cherché, devant le château. Elle n’y était pas revenue depuis les temps lointains de son enfance, quand elle jouait à cache-cache avec les gamins du village et qu’une maison abandonnée leur paraissait le comble de l’aventure…
    Cette bâtisse n’avait rien d’un château. Construite dans un style rude et utilitaire par un artisan du coin, elle était massive et imposante. Elle dominait toutes les constructions du pays, d’où le surnom qu’elle avait toujours porté. Elle se cachait derrière d’immenses peupliers qui avaient dû être émondés au temps de leur jeunesse. Ces arbres, ne pouvant pousser en hauteur, avaient jeté des ramifications dans tous les sens. Les branches étaient devenues des troncs qui se tordaient, maintenant, torturés et vieillissants. Ils emplissaient l’espace et ne laissaient passer qu’une lumière glauque qui donnait à la demeure un air d’abandon encore plus tragique.
    Yvette s’approcha. Vue de près, la maison devenait pathétique. Elle était en train de mourir et sa lente décrépitude semblait irréversible. Le toit de tuiles s’affaissait. Les fenêtres béaient. La porte, rongée d’humidité, se recouvrait d’une mousse verdâtre. L’entrée disparaissait derrière les buissons et les marches des

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