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la tondue

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Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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monde rêvait d’en faire un peu pour gagner quatre sous. Ma femme a assez râlé parce que nous étions trop pauvres pour vendre quoi que ce soit… Il nous le fallait pour manger. Je lui disais : “Tant mieux, comme ça, personne ne pourra rien dire de nous après la guerre.” Et c’est bien ainsi que ça s’est passé…
    — Ouais !… Moi aussi, avec mes mioches et ma femme, j’avais autre chose à penser ! »
    Ils partirent d’un gros rire, trinquèrent encore une fois, puis, avec des efforts héroïques, parvinrent à se lever et, se tenant aux rochers, reprirent le chemin pour traverser le causse.

XVII
     
    La fuite de Jacques
     
    Le temps viraitde plus en plus au beau. Les petites herbes jaunies par l’hiver relevaient le bout de leurs pointes et donnaient aux prés un air printanier avant la saison.
    Le père, qui prévoyait l’arrivée de sa femme en même temps que celle du printemps, ne tenait plus en place. Il paraissait transformé, parlait beaucoup avec les mains, faisait des projets devant ses enfants. Ceux-ci l’écoutaient en pensant à autre chose.
    Jacques fut le premier à passer la porte pour échapper à ce bavardage extravagant.
    Le père se tourna alors vers Yvette :
    « Pense à me rendre la clé. Tu sais comment est ta mère ! »
    Yvette ne le savait que trop ! Et encore, si son père avait pu se douter de sa découverte, il aurait été bien ennuyé !
    Elle ne lui en parla pas, remit les boîtes à leur place et résista à la tentation de jeter un dernier regard aux photographies qui l’intriguaient de plus en plus depuis qu’elle avait deviné qu’elles racontaient la vie de David.
    Elle rendit la clé au père en disant :
    « Voilà, tout est en ordre. »
    Le père la fourra dans sa poche et sortit en sifflotant. Il se heurta presque à Jacques qui revenait, comme s’il n’avait attendu que la sortie du père pour rentrer à la cuisine.
    Il se tourna vers sa sœur et lui dit :
    « J’ai réfléchi à toute cette histoire… Il se pourrait que les papiers et les photos appartiennent à la femme du château, mais son nom n’était pas… Comment as-tu dit, déjà ?
    — Lefair.
    — Lefair ? Non, il me semble que c’était un nom beaucoup plus commun, comme…
    — Durand ?
    — Oui !… C’est ça ! Mais comment le sais-tu ?
    — Durand, comme David ! »
    Jacques en resta bouche bée. Visiblement il n’avait pas fait le lien entre les deux et s’en étonnait encore.
    « Durand, Durand… C’est ça. Le même nom. C’est bizarre, tu ne trouves pas ?
    — Pas tant que ça. Moi aussi j’ai tourné et retourné ces choses dans ma tête et j’ai fini par comprendre que David ne nous avait pas dit la vérité. Il doit rechercher ces gens… Est-ce que la femme avait un accent étranger ?
    — Non, pas du tout, elle avait l’accent parisien.
    — Alors, je ne comprends plus, tu disais que c’était des Belges ?
    — C’est elle qui le disait, mais va-t-en voir si c’était vrai !
    — Maman, elle, devait le savoir… Mais impossible de l’interroger.
    — En effet, impossible.
    — Je crois, reprit Jacques après avoir un peu hésité, que tu devrais en parler avec David. Je ne vois pas pourquoi il ne te le raconterait pas ! »
    Yvette secoua la tête :
    « Apparemment, il ne veut pas nous dire qu’il cherche ces gens, sinon, il aurait parlé. Ensuite, ensuite…
    — Ensuite quoi ?
    — … Rappelle-toi la lettre à l’adresse de la gestapo. Tu sais, cette lettre qui était dans la boîte… J’ai… J’ai peur que maman les ait dénoncés ! »
    Voilà, c’était dit. Il y avait longtemps que cette idée ne la quittait pas. Maintenant, elle venait enfin d’en faire part à son frère et elle se sentait soulagée. Elle n’avait jamais pu formuler tout haut ses soupçons tellement ils lui paraissaient monstrueux… Mais qu’avait donc bien pu faire la mère pour se mettre à dos le village tout entier ? Il fallait que ce fût un crime repoussant…
    Elle revit le vieux Camille et sa rancœur, le jour de son arrivée. Elle se rappela Casimir et surtout sa femme Marie, qui accusait la mère de dénonciations. Elle pensa à la discussion des deux ivrognes… Ils parlaient de Clémence et de son argent mal acquis comme d’une chose connue de tous… Un secret de polichinelle dont tout le village jasait avant de se détourner de la mère.
    Alors, elle répéta d’une voix rauque :
    « Je crois bien que

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