Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
Vom Netzwerk:
d’Yvette et continuaient à égrener leurs souvenirs.
    « C’est comme la Clémence, elle a ce fichu caractère, mais depuis qu’elle est à Venède, l’affaire tourne, alors qu’avant !
    — Je me demande où elle a trouvé tout cet argent pour acheter la ferme de Ségala… Les Martin n’avaient jamais roulé sur l’or, avant. Et elle, elle est arrivée avec juste ce qu’elle avait sur le dos !
    — Je… Je crois qu’elle a un peu trafiqué… Tu sais, le marché noir…
    — Mais non ! Ailleurs aussi, il y en avait qui faisaient du marché noir ; d’accord, ça les a aidés mais pas au point de leur permettre d’acheter une ferme, surtout comme celle des Ségala… Tu te figures, une des plus belles de la région !
    — C’est vrai qu’ils l’ont eu pour pas cher, mais même, il a dû falloir un joli paquet !
    — Il y a bien l’histoire de la Belge…
    — Quoi ? Quelle histoire ?
    — Tu sais, celle qui habitait au château, on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’elle a donné de l’argent à Clémence.
    — Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Paul hésita un moment puis murmura doucement, fermant à demi les yeux :
    — C’était une dame… Mais une dame ! Je ne peux pas te dire ! Ça se voyait. Elle était riche, très riche… Ça, pour avoir de l’argent, elle en avait ! Fallait voir les billets… Quand elle achetait quelque chose, elle payait toujours largement… Au début, elle était venue chercher du ravitaillement à la maison. Elle avait raconté à Èlisa qu’ils avaient un grand magasin de fourrures à Paris et qu’ils l’avaient vendu à la débâcle. Ils étaient venus se réfugier ici, parce qu’ils n’aimaient pas les Allemands. Ils avaient deux fils qui étaient restés chez eux. Ils faisaient de grandes études de je ne sais plus quoi… Lui, je crois qu’il est parti parce que quelqu’un l’avait dénoncé, on disait même que c’était Clémence qui l’avait fait !
    — Elle en aurait été bien capable !
    — C’est vrai, on a beaucoup parlé à ce moment-là… On a raconté que c’étaient des juifs qui se cachaient et que les Allemands voulaient les envoyer dans des camps…
    — Et lui, il est parti où ?
    — Rejoindre le maquis, bien sûr.
    — Et elle ?
    — Elle est restée toute seule quelque temps, même qu’on se demandait si elle était vraiment seule ou si elle avait un autre galant. Tu sais comment c’est, dans les villages… Mais non, elle restait chez elle, ne sortant plus du tout ou seulement à la tombée de la nuit pour aller se ravitailler chez Clémence.
    — Et comment tout cela a-t-il fini ?
    — Tu ne t’en souviens pas ? Pourtant ça a fait du bruit dans le village ! C’est vrai que toi tu n’habites pas Venède… Un matin, deux voitures traversent en trombe le village. Elles arrivent au château sans crier gare, embarquent la femme et le tour est joué…
    — Je ne comprends pas. Pourquoi l’emmener ? Elle n’avait rien fait !
    — C’était une étrangère ! On disait même qu’elle était juive ! Il n’en fallait pas plus pour qu’on vienne l’arrêter.
    — Et vous savez ce qu’ils en ont fait ? »
    Paul hésita, un instant, grommela, baissa la voix et jeta rapidement :
    « Ils l’ont enfermée au camp de Rieucros, avec les étrangères. Et on n’a plus entendu parler d’elle… »
     
    Le silence s’installa. Yvette n’osait tourner la tête, de peur que les deux hommes ne se rendent compte de sa présence. Ils l’avaient totalement oubliée !
    Au bout d’un long moment, Louis siffla :
    « Eh bien moi, je n’ai pas eu la chance de Joseph. Ma femme courait après les Allemands, mais ça ne lui a pas rapporté un liard… Lui, sa femme lui a fait gagner une ferme ! On en a dit beaucoup sur le compte de Clémence. Elle aurait, paraît-il, dénoncé des réfractaires… Il y en a qui ne l’ont pas oublié et qui lui en veulent toujours…
    — Oui, on l’a dit. Mais va-t-en voir si c’est vrai, on l’a accusée de bien de choses… En tout cas, il y a quelque chose de vrai dans tous ces racontars c’est qu’elle a eu de l’argent. Elle a acheté cette ferme, elle a arrangé sa maison, et on ne me fera pas croire que c’est avec la vente de quelques poulets, de fromages et de douzaines d’œufs au marché noir qu’elle aurait pu faire tout ça ! »
    Les deux hommes se turent un instant. Paul reprit :
    « Tu sais, ce marché noir, tout le

Weitere Kostenlose Bücher