Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
Vom Netzwerk:
derniers pèlerins discutaient, vautrés à même le sol, à l’ombre des grands pins.
    Yvette s’approcha et saisit la main de David qu’elle serra sans rien dire. David eut un pauvre sourire et continua :
    « Excuse-moi, mais c’est dur de se dire qu’on est seul au monde… » Après un silence, il reprit : « Et ma vie d’étudiant reprit, l’insouciance en moins. Les rares lettres que maman arrivait à nous faire passer nous les montraient, elle et mon père, totalement isolés et relativement à l’abri dans ce village de Venède qu’ils ne connaissaient pas, car ils sortaient peu… Sa dernière lettre, très pessimiste, relatait le départ de mon père pour le maquis. Car, si une femme pouvait passer assez inaperçue dans ce petit village, il n’en était pas ainsi d’un homme, encore jeune et en bonne santé apparente ; pas de métier aussi, cela était on ne peut plus suspect… Mon père, sentant le danger, prit contact avec le maquis du coin et les rejoignit dans l’action.
    Que t’en dire ; il faisait partie du maquis de Bir Hakeim, celui-là même qui fut anéanti, ici, à la Tourette… Mais à ce moment-là, mon père n’y était déjà plus. Il tomba quelque temps avant, dans les Cévennes, au carrefour de deux voies, pendant l’attaque d’un fourgon allemand… Tu te demandes comment j’ai appris tous ces détails ? C’est un des vieux compagnons de mon père qui m’a retrouvé et qui m’a tout raconté. Ils s’étaient trouvés ensemble au combat et mon père, au moment de mourir l’avait chargé de prévenir ma mère. Hélas, il arriva trop tard, ma mère avait été arrêtée et enfermée dans un camp des environs de Mende : Rieucros. Ce camp fonctionnait depuis la guerre d’Espagne ; on y enfermait les femmes étrangères et leurs enfants.
    Ma mère resta quelques mois prisonnière avec d’autres femmes, puis le camp fut fermé et elle fut transférée, en même temps que beaucoup d’autres, à Brens, un autre camp près de Gaillac. Elle ne resta guère dans ce camp, son origine juive l’avait déjà condamnée… On la conduisit rapidement à Drancy, de là, un train l’emmena à Autschwitz… »
    Il s’arrêta un moment, laissant ses yeux errer au loin…
    « C’est tout, reprit-il, je n’ai jamais rien su d’autre ; mais je me l’imagine si bien que, la nuit, cela me réveille souvent.
    Restait mon frère… Avec Marie, ils faisaient partie d’un groupe de premiers résistants. Ils vivaient à moitié clandestinement et refusaient de porter l’étoile jaune, au risque de se faire ramasser par la police ; ils harcelaient sans cesse l’occupant. Un jour, alors que j’étais interne à l’hôpital Lariboisière, je vis arriver Marie, dans un brancard, grièvement blessée. Des miliciens et des soldats l’encadraient. Elle avait été prise en train de poser une bombe et le chef milicien, très en colère, exigeait que nous la maintenions en vie assez de temps pour qu’elle puisse donner le nom de ses complices… “Faites-lui une piqûre pour lui soutenir le cœur et laissez-la crever…”
    Souffrant beaucoup, mais avec encore toute sa lucidité, Marie me reconnut et, sans un signe, me supplia, des yeux, de la laisser mourir… Incapable de parler ou d’agir, je restai stupide à la regarder, sans oser faire un geste, au risque de me faire remarquer.
    À ce moment précis, le grand patron vint à passer. Il m’écarta, prit lui-même la direction des opérations et partit derrière la blessée, à demi inconsciente, qui gémissait par moments. Les miliciens, très nerveux, suivaient en silence, sans cesser de triturer leurs armes… Hélas, même entre des mains expertes, Marie mourut, sur la table d’opération, quelques minutes seulement après son admission… Elle ne vécut pas assez longtemps, en tout cas, pour livrer les noms qu’attendaient ses ennemis qui se retirèrent, furieux…
    Quand tout fut terminé et que le calme fut revenu, je fus convoqué chez le grand patron. En me voyant, il entra dans une violente colère, me demandant ce que je pensais pour agir de la sorte… Est-ce que je comprenais que ma stupidité avait mis l’hôpital à deux doigts de sa perte ? Etais-je assez fou pour risquer la vie de tout le personnel de l’hôpital ?
    En pleurant, je lui racontai mon histoire. II se calma aussitôt, me laissa parler, puis me proposa d’entrer dans le réseau de résistance dont il était le chef. Il termina en me

Weitere Kostenlose Bücher