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la tondue

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Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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demanda-t-elle d’une voix étouffée.
    — Pourquoi cela nous arrive-t-il à nous ? Pourquoi ne pouvons-nous nous faire confiance ? Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?
    — Peut-être simplement parce que tu m’as caché ta vraie personnalité, parce que tu t’es servi de moi. »
    David eut un sursaut et recula d’un pas, ce qui n’échappa pas à Yvette et la conforta dans l’idée qu’elle ne s’était, hélas, pas trompée. Après un long moment, David avoua :
    « Yvette, je ne pouvais pas faire autrement… Je ne pouvais pas !…
    — Il n’empêche que tu m’as menti. »
    La jeune fille ne put s’empêcher de penser qu’elle aussi mentait, et elle se sentit rougir. David soupira, fit quelques pas, puis revint s’accouder, en silence, à côté d’elle. Lentement, en pesant ses mots, il lui dit d’une voix où perçait l’angoisse :
    « D’accord, je te dois la vérité et je veux bien te la dire, mais, toi, de ton côté, ne me caches-tu pas quelque chose ? »
    Yvette leva vers lui ses yeux remplis de larmes :
    « David, j’ai peur… J’ai peur… »
    L’heure de la grand-messe approchait. Les gens prenaient place, autour d’eux. Ils quittèrent le mur et s’avancèrent vers un banc où ils s’installèrent côte à côte.

XXVI
    La jeunesse de David
    La messe dite, le dernier chant envolé, la foule impatiente avait grimpé le sentier et s’était égaillée dans les bois.
    Le pèlerinage se terminait en pique-nique et c’était la fête pour tous. Sacs posés sur l’herbe, torchons chargés de volailles voisinant avec la charcutaille et le rôti, chacun mangeait avidement car cette station de plein air avait creusé les estomacs. Les jeunes avaient choisi le promontoire de la croix et, du haut de leur observatoire, cassaient la croûte de bon appétit.
    Paulette avait invité David, négligeant le coup d’œil agacé d’Yvette qui jugeait qu’elle en faisait trop. La jeune fille grignotait un morceau de jambon, du bout des lèvres, en pensant à son entrevue avec David qui ne saurait tarder. Effectivement, quelques instants plus tard, il quitta Paulette et sa bande, s’approcha de Jacques et lui dit calmement :
    « Je dois parler à Yvette, on vous-laisse… Quand vous partirez, avertis-nous… »
    Jacques ne répondit rien, mais les regarda partir, dans la lumière, vers un gros rocher dominant le vide…
    «  S ’ ils pouvaient arriver à trouver une solution  », se dit-il en soupirant.
    Une fois installés, David commença sans préambule :
    « Yvette, je vais tout t’expliquer, mais d’abord, sache que si mon prénom est David, mon nom est Lévy.
    — Je le savais ! ne put s’empêcher de s’exclamer la jeune fille.
    — Tu le savais ? » s’étonna David.
    Comme Yvette ne réagissait pas, il continua :
    « Je suis né à Paris, dans le XVII e arrondissement. Mes parents possédaient un magasin de fourrures du côté des Champs-Elysées. Ils  étaient riches et très occupés. Aussi mon frère Julien, de deux ans mon aîné, et moi avons été élevés par des nurses. Contrairement à ce que l’on pense souvent, ce fut une vie très calme et très douillette. Nos parents nous aimaient beaucoup et nous réservaient leurs soirées. C’étaient alors de grandes parties de rire car ils étaient très gais… Quand nous étions petits, ils jouaient avec nous, regardaient nos cahiers de classe et nous racontaient, mon père surtout, des contes merveilleux, venus tout droit des lointaines pustzas dont il était originaire… À mesure que nous grandissions, nos parents nous entretenaient de leur vie, des difficultés du commerce. Mon père s’efforçait de nous apprendre son métier : l’art de la fourrure ! Ma mère lui disait en riant : “Mais, Elie, les enfants ne feront pas ce métier. Toi-même as voulu qu’ils fassent des études !
    — L’un n’empêche pas l’autre. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve… S’ils doivent interrompre leurs études, qu’ils aient une autre corde à leur arc !”
    Toujours prudent, il nous initia à la connaissance des différents poils, à l’achat des peaux, au commerce, à l’importation. Tout cela n’eut bientôt plus de secret, pour nous et, à l’âge de seize ans, mon frère et moi aurions pu nous occuper du magasin à sa place. Mon père était lucide et sentait monter le péril. Ma mère, une élégante et belle jeune femme, toujours vêtue d’habits vaporeux,

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