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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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disant : “Ne te tracasse pas, ta future belle-sœur n’a pas parlé. La piqûre que je lui ai administrée, soi-disant pour lui soutenir le cœur, était de l’eau distillée. – Quoi ! Je le regardai, ahuri.” Il continua, imperturbable : “Oui, je sais, j’aurai pu tenter de la prolonger, mais à quoi bon. Ses blessures étaient trop graves, elle n’avait pas l’ombre d’une chance de s’en tirer… Et puis, surtout, les autres la guettaient et ne lui auraient pas laissé le temps de survivre. Ils l’auraient torturée à mort pour qu’elle leur livre ses complices…” Il se tut et je n’ajoutai rien. Tout avait été fait pour sauver d’autres vies, il n’y avait rien à dire…
    J’entrai en résistance et c’est là que j’appris que, dans l’attentat où Marie avait été blessée, mon frère Julien avait été appréhendé et envoyé au fort Montluc. Il fut probablement torturé avant de partir, lui aussi, vers Autschwitz…
    Ce fut tout ce que je sus jamais sur lui… »

XXVIII
    L’aveu
    David s’assit alors dans l’herbe, s’appuya au rocher et ferma les yeux. De grosses larmes, qu’il ne songeait pas à retenir, roulaient sur ses joues et coulaient jusqu’à terre sans qu’il s’en aperçoive. Yvette restait muette devant cette douleur.
    Elle était figée d’horreur et en demeurait saisie au point de ne pouvoir bouger… Au point de n’oser faire un pas, de peur d’ajouter encore au chagrin de son ami…
    Les oiseaux se poursuivaient en criant, les mouches stridulaient en essaims exaspérés, la nature restait toujours semblable à ce qu’elle était… David leva les yeux, contempla d’un œil étonné le sous-bois desséché : alors, il parut se reprendre, la regarda et sourit à travers ses larmes :
    « Tu vois, j’avais des excuses de vouloir rechercher des souvenirs… Je suis tout seul sur terre et il me faut réapprendre à vivre ! »
    Yvette vint se blottir contre lui et il la serra dans ses bras, à lui faire mal, en terminant son récit.
    « Et enfin, ce fut la Libération… J’invitai Èlisa, qui venait de perdre sa sœur, à s’installer dans ma maison, seule rescapée des biens de la famille… Elle accepta mais seulement pour pouvoir tenir mon ménage comme elle disait… Je songeai un moment à partir vers ce pays nouveau, ce pays neuf qui allait se créer là-bas, en Palestine, avec les survivants de la Shoah… Mais je n’y connaissais personne, et puis, quitter la France où j’avais toujours vécu pour un pays que je n’aimais pas particulièrement me coûtait terriblement. Je pouvais aussi, avec mon diplôme en poche, me mettre à travailler et tout oublier…
    Seulement voilà, ce me fut tout à fait impossible. Il y avait trop de souvenirs qui m’assaillaient à chaque pas, trop d’incertitudes tapies dans les papiers officiels qui m’apprenaient la fin tragique des miens… Sous la couverture des mots se cachaient des sommes de souffrances, de peur, de doutes, et je résolus de vérifier, par moi-même, ce qui était arrivé à ceux que j’aimais…
    Je me devais, je devais à la mémoire de mes parents de revoir les lieux où ils avaient vécu, les endroits où ils avaient souffert et passé la dernière partie de leur vie sur la terre. Je voulais en démêler toute l’histoire. C’est pourquoi je suis venu incognito. Je ne voulais pas non plus étaler ma douleur sur la place publique, je voulais simplement les retrouver, et mettre mes pas dans les traces de leurs pas… Revivre leur dernière étape en ce monde…
    — David, dimanche prochain, je te conduirai au château…
    — Alors, tu savais ?
    — En partie, oui… Je me suis doutée de quelque chose, j’ai interrogé famille et voisins. Un couple d’étrangers dans un si petit village, ça ne passe pas inaperçu… Sais-tu que la famille où ta mère a trouvé un peu d’amitié, je crois… je crois que c’était chez moi.
    — Pourquoi dis-tu “je crois” ? Tu n’en es pas sûre ?
    — Non. Si quelqu’un s’est intéressé à ta mère, c’est ma belle-mère… Nous ne sommes pas bien intimes, et elle n’aime pas parler de ces choses. Mais j’ai trouvé une photo de toi, en fouillant l’armoire, dans une boîte.
    — C’est pour ça que tu t’es doutée de quelque chose ?
    — Oui.
    — Pourquoi ne m’en avoir pas parlé ? »
    Yvette leva vers David des yeux que la crainte et la douleur rendaient méconnaissables :
    « David, oh,

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