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la tondue

la tondue

Titel: la tondue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie de Palet
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explications et David devait s’en apercevoir aussi…
    Elle voulait que David sache, mais si elle essayait de se pencher sur son passé, une nausée lui soulevait le cœur et ses lèvres refusaient obstinément de s’ouvrir.

XXXI
    Révélations
    Le temps avait passé. L’hiver s’était étiré, monotone et glacé, apportant peu de changements pour David et Yvette. Ils continuaient à se rencontrer mais sans oser aborder ce passé qui planait sur la jeune fille comme une menace. David n’insistait pas. Il se disait : «  Elle m ’ en parlera quand elle le décidera . » Mais, au fond de lui, il était peiné de ce manque de confiance.
    Le printemps souriait et éclatait dans toutes les haies d’aubépines bourdonnantes d’abeilles. Les prés se piquetaient du blanc des narcisses dont l’odeur enivrante parfumait la campagne. Mille et un insectes faisaient une ronde endiablée. Ils montaient et descendaient dans le firmament limpide comme des scies maniées par des mains invisibles.
    Cette ambiance de renouveau enchantait, en ce dimanche de mai, Jacques et Paulette, qui avaient choisi ce jour-là pour célébrer leurs fiançailles…
    Oh, c’était une fête modeste ! Les Martin étaient simplement invités à dîner chez les Mary où les femmes s’affairaient à la cuisine depuis le début de la matinée. Aux yeux du village, ce repas partagé scellait des promesses futures et annonçait l’alliance qui se préparait. Dans deux mois, Jacques serait libéré et les noces se feraient à l’automne, mais rien n’était encore vraiment décidé. Les fiancés n’avaient parlé à personne de leur désir d’habiter seuls. Et, en contemplant la bonne ambiance qui régnait aujourd’hui, Yvette, seule dans la confidence, ne pouvait que trembler en pensant au choc que recevraient les parents quand Jacques et Paulette dévoileraient leur plan…
    Pour le moment, le père et Paul Mary discutaient d’une école d’agriculture itinérante qui se mettait en place. Elle se faisait dans les mairies pour instruire les futurs agriculteurs sur les exigences de leur métier, leur expliquer les nouvelles techniques, leurs droits, leurs recours et les rudiments de gestion de la ferme.
    Le père Mary était enthousiasmé par ce projet. Il pensait tout haut que l’agriculture se modernisait comme naguère l’industrie, que les nouveaux paysans vivraient mieux et seraient surtout plus riches que ceux d’aujourd’hui. Joseph écoutait en silence, l’air plus que sceptique. Le bon petit vin, dont il avait largement arrosé le rôti, lui montait à la tête, lui donnant une trogne rouge et lui fermant à demi les paupières. Il n’osait pas protester trop fort, il se contentait de hochements de tête et de “hum, hum…” qui ne l’engageaient pas beaucoup. Il pensait, cependant, qu’il n’aurait jamais cru que son vieux voisin fût un révolutionnaire si convaincu ! Enfin, s’il fallait retourner à l’école, à plus de vingt ans, qui ferait le travail ? Avaient-ils pensé à ça, tous ces scribouillards ? Et puis il n’était pas sûr que l’on eût besoin de savoir tant de choses pour être paysan. La preuve, il s’en était bien tiré, lui. Et tout seul encore ! Il laissait discourir Paul. Il ne fallait pas le contrarier, on verrait cela en temps utile.
    Jacques, lui, feignait de s’intéresser aux paroles de son futur beau-père, mais il trouvait le temps long et jetait des regards impatients vers la cuisine où étaient parties les femmes. Il guettait les bruits de vaisselle et pensait que, sitôt Paulette libérée, ils pourraient s’éclipser pour vivre à leur manière cette journée de fiançailles.
    Mais ce qui parut le plus étrange à Yvette, ce fut l’attitude de sa mère. Elle était restée à la table, engoncée dans sa robe des dimanches, apparemment très attentive à la conversation des hommes… Mais Yvette avait remarqué les coups d’œil furtifs qu’elle lançait vers la porte et le pianotement impatient de ses doigts sur le rebord de la table. À la fin, elle n’y tint plus, voyant que la conversation s’éternisait et que les hommes tournaient des yeux gourmands vers la bouteille de cognac, elle se leva, prit la mère de Paulette en aparté et lui expliqua qu’elle devait aller s’occuper d’une de ses vaches qui était sur le point de vêler… Elle l’avait menée au pré, ce matin, avec les autres, mais elle avait peur qu’elle n’ait le mal et elle allait y

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