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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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dire
pour t’inciter à sortir de la taverne, ajouta-t-il en hâte.
    Adela haussa une épaule.
    — Quel mal peut causer un homme sur une
place de marché grouillante de monde ?
    — Quelqu’un a-t-il essayé de t’en faire,
Adela ?
    Elle sourit avec gentillesse.
    — La plupart des hommes sont des enfants :
ils pensent avec leur brayette !
    — Vraiment ? dit Corbett en riant.
Mais tu es capable de te défendre, non ?
    — Une prompte gifle et un coup de pied plus
prompt encore, Messire, sont de bonnes défenses.
    — Tu as bien été la dernière qui ait parlé
à Elizabeth, la fille du charron ?
    — Oui, mais j’ai déjà répondu à ça. Elle
était pressée de s’en aller. J’ai cru qu’elle rentrait chez elle.
    — A-t-elle jamais fait allusion au Momeur
ou à d’autres personnes ?
    — Non.
    — Dis-moi, Adela, si tu croisais un homme
chevauchant dans la campagne et portant un de ces masques qu’on met pour jouer
un miracle... ?
    — Je courrais me cacher, répondit-elle en
riant.
    — Et si ce soir, en rentrant, une voix
appelait « Adela ! » dans l’ombre ?
    — Je m’arrêterais, si j’étais accompagnée.
    — Si cette voix expliquait que tu devais
aller à tel ou tel endroit pour rencontrer un admirateur ou prendre un cadeau
qu’on y a déposé ?
    — Je n’y croirais point. Je ne resterais
sûrement pas là. Je chercherais à voir qui c’est.
    — Et si l’homme était masqué ?
    — Je hurlerais et détalerais. Pourquoi ces
questions ? J’ai appris ma leçon sur...
    — De quoi parles-tu ? coupa Corbett.
    — Oh, il y a environ quatre mois, ce sot de
Peterkin  – il n’est pas aussi stupide qu’il en a l’air ! - m’a remis
un message.
    — Que disait-il ?
    Elle ferma les yeux.
    — » Un présent attend ma bien-aimée à
Hamden Mere. Dès que la corne du marché aura sonné, il apparaîtra. »
    Corbett la fit répéter.
    — C’est de la poésie de bas étage,
murmura-t-il.
    — Peterkin est comme ça, remarqua la
servante. Il court en tous sens comme un petit lapin. Demandez à l’aubergiste :
même dans son enfance, les amoureux transis l’employaient comme messager.
    — Es-tu allée à Hamden Mere ?
    — Oui. C’est un marais dans un bosquet, au
sud de la ville. J’étais impatiente. Je voulais savoir de qui il s’agissait :
quand la corne a sonné et que le marché est clos, il y a beaucoup de monde à la
taverne.
    — Pourquoi Hamden Mere ? interrogea le
magistrat. Pourquoi pas Devil’s Oak ou Gully Lane ?
    Elle sourit.
    — C’est là-bas que je jouais enfant.
    — Et où tu conduis ton amant ?
    — Oui, mais n’en pipez mot à Matthew l’aubergiste :
il se vante toujours de diriger une maison honnête.
    — Qu’est-il arrivé alors ?
    — J’y suis allée et j’ai attendu. J’ai
fouillé et regardé partout, mais il n’y avait rien  – c’était un tour
cruel  –, je suis donc revenue.
    — As-tu par la suite interrogé Peterkin ?
    — Oui, et avec discrétion. Je ne voulais
pas avoir l’air aussi niaise que lui. Il est d’abord resté bouche bée, puis a
répondu que c’était un poème qu’il avait appris et c’est tout.
    — Mais tu l’avais cru la première fois ?
    — Il m’avait montré une pièce qu’il avait
reçue pour sa peine.
    Elle haussa les épaules.
    — Cela m’a convaincue.
    Adela devint soudain agitée.
    — Tu sais ce que je vais te demander,
déclara Corbett d’une voix douce. Est-ce ainsi qu’Elizabeth a été piégée ?
    — Je n’avais nulle preuve, siffla-t-elle. J’avais
peur. Je ne voulais pas devenir objet de risée. La grand-salle ne m’aurait
jamais laissée oublier le jour où j’avais fait confiance à l’idiot Peterkin. Et
même si j’avais dit quelque chose, qui m’aurait crue ? Que pouvais-je
prouver ?
    Corbett sortit une pièce de son escarcelle, s’approcha
et la fourra dans la main de la servante.
    — Pourquoi, Messire ?
questionna-t-elle avec insolence.
    — Pour ta compagnie, rétorqua le clerc. Si
j’étais toi j’irais à l’église faire brûler un cierge.
    La jeune fille parut intriguée. Le clerc ouvrit
la porte, elle se glissa dehors et Corbett referma et verrouilla l’huis
derrière elle.
    — Tu as dansé avec la mort, murmura-t-il,
et tu as eu la chance d’en réchapper !
    Il se dirigea vers la fenêtre et regarda un
palefrenier qui faisait se détendre des chevaux dans la cour.
    Bien entendu, pensa le

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