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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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avons-nous de son trépas ? Comment savons-nous s’il
ne vit pas dans la forêt ou s’il ne s’est pas caché à Beauchamp ? Il
pourrait reprendre sa danse macabre. Il est peut-être responsable des meurtres
de Molkyn, Thorkle et Deverell. Furrell connaît cette ville, ses chemins de
traverse et ses sentes. Il frappait souvent chez l’un ou chez l’autre : il
devait savoir qu’il y avait un cernel chez le charpentier.
    — Mais aurait-il pu tuer un homme comme
Molkyn ?
    L’argumentation de Tressilyian intriguait
Corbett.
    — Notre meunier était un rustre vigoureux,
certes, c’était aussi un ivrogne. On pouvait le décapiter comme on écrase une
mouche ; Thorkle, lui, n’était qu’un connil effrayé.
    — Si je suis votre idée, résuma Corbett,
Furrell a donc soutenu Sir Roger, pas seulement par dévouement mais également
parce qu’il connaissait la vérité. En même temps, il a compris en secret que
son témoignage ne serait pas pris au sérieux.
    — Et par la suite, ajouta le juge, Furrell
a presque tout avoué à Molkyn avant de se rendre compte de ce qu’il disait et
de disparaître. Comme tout bandit, il se cache, mais, quand le calme est
revenu, il recommence à tuer.
    — Je veux bien vous croire, déclara
Corbett, cependant je dois encore rencontrer quelqu’un.
    Il parla en quelques mots du Momeur à Tressilyian
et à Sir Maurice.
    — Je n’en ai jamais eu vent, chuchota le
juge. Mais ce pourrait être Furrell.
    Corbett regarda autour de lui. Il entendait
Matthew crier dans la cuisine ainsi que la rumeur et le bruit qui venaient de
la cour où les chalands, furieux, protestaient parce qu’on les écartait de la
taverne.
    — Nous discuterons de cela ce soir au
Guildhall, proposa Sir Louis, juste après vêpres.
    Le juge et Chapeleys prirent congé et le
magistrat emmena ses deux compagnons dans sa chambre.
    — Trouvez-vous la théorie de Tressilyian
cohérente ? interrogea Ranulf.
    — Tout est possible, répondit son maître en
ôtant ses bottes et en s’étendant sur le lit. Ce dont je suis certain c’est que
Furrell savait tout. Il m’est difficile d’accepter l’idée que c’est lui le meurtrier.
Sorrel ne ment pas. Sir Louis a peut-être raison : Furrell est sans doute
la clé du mystère, mais je suis toujours persuadé que le malheureux est mort.
Le boucher aussi a dit vrai : il n’avait rien à cacher.
    Corbett s’interrompit. Puis il reprit :
    — Quels étaient exactement les mots de
Furrell à Molkyn ? Que tout était aussi clair qu’une peinture ?
    Il contempla les emblèmes décorant le baldaquin
au-dessus de sa tête.
    — Clair comme une peinture, répéta-t-il.
    Il se tourna sur le flanc.
    — Chanson, as-tu fait une enquête soigneuse
au Guildhall ?
    — Je n’ai point trouvé grand-chose,
expliqua le palefrenier. Quelqu’un est porté disparu tous les ans.
    Son maître fixa un petit triptyque suspendu au
mur.
    — J’ai besoin de toi pour une course.
    — Oui, Messire.
    — Un message à remettre à Sir Maurice.
    — Mais il vient de sortir !
    — Je sais et je te présente mes excuses.
    Corbett se dirigea vers sa table. Ranulf jeta un
coup d’œil réprobateur à Chanson et secoua la tête pour l’avertir de ne pas
protester. Le magistrat écrivit un mot en hâte, prit un morceau de cire et
scella sa missive.
    — Donne ceci à Sir Maurice en main propre.
Il ne doit en parler à personne ni y faire allusion ce soir, sauf pour répondre
oui ou non. Tu comprends ? Bois une chope en bas et va-t’en.
    Chanson prit la lettre et s’en fut.
    — Et qu’est-ce qui te plaisait tant dans la
grand-salle que tu fredonnais et chantonnais dans ta barbe ? questionna
Corbett.
    — Adela. C’est un vrai moulin à paroles,
répondit Ranulf. Elle m’a dit que...
    — T’a dit ? l’interrompit le clerc.
Quand t’a-t-elle parlé, Ranulf ?
    Ce dernier rougit.
    — Ah, hier soir j’avais soif ! Chanson
n’est pas un compagnon des plus parfaits : non seulement il ronfle comme
un cheval, mais il pue tout autant !
    — Tu es donc descendu conter fleurette à la
belle Adela. Ranulf, si tu deviens prêtre, il faudra mettre un terme à ces
galanteries.
    — Elle a accepté une pièce d’argent de ma
part.
    Ranulf prit un tabouret et s’assit.
    — Les servantes d’auberge sont une source
de ragots : Grimstone aime le vin. Burghesh est plus prêtre que lui, une
vraie mouche du coche. Sir Louis Tressilyian n’aime point les

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