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La Trahison Des Ombres

La Trahison Des Ombres

Titel: La Trahison Des Ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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félicitant du trépas de Deverell, fit
claquer sa langue et se demanda si le clerc progressait. Elle ne lui avait pas
tout confié. Oh, non ! Elle remit le vélin en place et écarta une
tapisserie suspendue au mur. Le dessin rudimentaire qu’elle dissimulait n’était
pas de la main de Furrell mais de la sienne : c’était une carte
approximative de la campagne alentour.
    Melford s’étendait au centre d’un cercle de boqueteaux
et de bois. Sur le pourtour du cercle étaient tracées des croix désignant les
emplacements où Sorrel savait que gisaient d’autres cadavres, au moins sept ou
huit. Très attentive, elle se pencha sur le document. Elle comprenait à présent
pourquoi les bohémiens restaient toujours à bonne distance de la ville et de
ses chemins. Elle ne pouvait confier tout ceci à Corbett. Elle avait elle-même
parfois des doutes. Et si Furrell était vivant ? Il pouvait se faufiler
entre les arbres comme un fantôme. Un hibou en chasse était plus bruyant que
lui. Elle laissa retomber la tapisserie et son regard se posa sur le lit à
quatre colonnes drapé de rouge. Furrell ne ferait pas ça ! Il était normal
au déduit. Elle se remémora leurs joutes amoureuses sur la couche. Furrell
était vigoureux comme un étalon en rut. Pourquoi aurait-il choisi pour proies
des jeunes filles esseulées ? Elle regrettait de ne pas l’avoir écouté
avec plus de sérieux pendant les semaines qui avaient suivi l’exécution de Sir
Roger.
    Elle entendit un bruit et se figea. Est-ce que
ça venait de la grand-salle ? Était-elle seule ? Elle s’empara de l’arbalète
appuyée contre le mur, puis ouvrit le coffre d’où elle sortit un petit carquois
de carreaux. Elle en encocha un et, avec maladresse, tira le treuil de la
corde. Ce n’était peut-être que le vent, rien d’inquiétant. Sorrel quitta la
pièce. De légères volutes de brume s’infiltraient dans la grand-salle.
    — Y a-t-il quelqu’un ?
    Un ramier, nichant dans une crevasse, s’envola
dans un bruyant battement d’ailes soudain déployées. Cela rassura Sorrel :
s’il y avait eu un indésirable, l’oiseau aurait déjà été dérangé. Traversant la
pièce, elle se rendit dans la cour pavée. Tout était en place. Elle fit
demi-tour, passa par le poste de garde, regarda le pont de bois et s’immobilisa,
glacée. Elle n’était pas venue par là depuis des heures : par endroits, le
bois décapé par le vent et la pluie était d’une blancheur d’ivoire, aussi la
trace d’humidité toute fraîche lui sauta-t-elle aux yeux. Quelqu’un ou quelque
chose était passé ici il y avait peu. Elle pivota sur elle-même. Un intrus s’était-il
glissé à la dérobée à Beauchamp ? Dans le pays, il était d’usage de s’annoncer
par de bruyantes salutations pour prévenir toute peur ou tout soupçon. Sorrel s’aperçut
qu’elle ne pouvait maîtriser le tremblement de ses mains. Elle retourna au
poste de garde et épia par les meurtrières : de petites ouvertures qui
permettaient de lancer des flèches ou de lâcher des projectiles enflammés si l’ennemi
faisait irruption par le grand portail. Nul signe de présence humaine dans les
haies des alentours. Un des points faibles de Beauchamp, admit-elle in
petto, c’est que c’était une garenne de murs en ruine et d’escaliers
écroulés. Une bande de pendards pouvait s’y réfugier et, pour peu qu’ils aient
le pied léger, s’y cacher pendant des heures avant d’être découverts.
    Sorrel arma l’arbalète, mais le treuil n’avait
pas été huilé comme il se doit et elle eut du mal à tendre davantage la corde.
Elle traversa la cour. Un bruit, un pas ? Elle se mit à courir. Dans sa
panique, elle ne gagna pas la grand-salle, mais monta vers la chapelle. Elle
atteignit la cage d’escalier et tourna ; sans entrer dans la chapelle,
elle monta encore, jusqu’à la resserre, tout en haut, en direction de ce que
Furrell appelait son poste de guet. Elle s’y jeta, claqua la porte délabrée et
s’y adossa, haletante, le cœur battant. Elle essaya de se maîtriser, essuya ses
mains moites, l’oreille tendue en quête de bruits de poursuite. Elle s’attendait
à des pas, à ce qu’on tente d’ouvrir l’huis, mais il ne se passa rien.
    Elle s’approcha d’une fenêtre et scruta la
campagne en direction de Melford. Elle aperçut un mouvement, celui d’un
cavalier qui descendait Falmer Lane. Qui était-ce ? Elle quitta l’appui
croulant et revint vers la

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