La Traque des Bannis
aucune présence, annonça Will lorsque ses deux compagnons arrivèrent à sa hauteur. Bien que le Génovésien puisse encore se trouver n’importe où dans les parages.
L’autre versant de la colline, lui aussi couvert d’ajoncs et de fougères, était en pente douce. Will avait raison : l’arbalétrier avait pu se dissimuler n’importe où dans ce fouillis végétal. Halt balaya attentivement les environs des yeux.
— Bon sang, marmonna-t-il. Cela va nous retarder.
— Ce qui est certainement l’intention de notre adversaire, commenta le jeune Rôdeur.
Halt poussa un soupir exaspéré.
— Je suppose que cela met un terme à votre idée de leur « mettre la pression », ajouta Horace.
Le vieux Rôdeur le fixa avec froideur. Décidément, la moindre contrariété entamait sa bonne humeur, songea le chevalier qui conclut que, pour l’heure, il ferait mieux de se taire. Halt, constatant que son message muet était passé, s’adressa à Will.
— Tu vas partir en éclaireur, à cinquante mètres devant nous. Tu connais la tactique : je vois, je crie, je tire.
Le jeune homme acquiesça. Après avoir fait signe à Folâtre de rester près de Halt, il partit à petites foulées, les yeux rivés au sol en quête de traces éventuelles. Halt plaça Abelard de biais afin de surveiller la piste tout en gardant assez de marge de manœuvre pour encocher ses flèches.
— Je peux vous demander quelque chose, Halt ? risqua Horace, qui ne savait s’il pouvait perturber le Rôdeur, très concentré.
Halt se contenta de hocher la tête, sans quitter les buissons des yeux.
— Vous avez parlé de « voir, crier, tirer » … en quoi cela consiste, au juste ?
Mieux valait que le jeune guerrier connaisse leurs méthodes, pensa Halt avant de répondre :
— C’est la manière dont nous…
Soudain, distinguant un léger mouvement dans les ajoncs à la droite de Will, il s’interrompit, se redressa sur ses étriers et banda la corde de son arc, une flèche prête à partir.
Un petit oiseau émergea d’un arbuste, voleta sur quelques mètres, se posa sur une autre branche où il plongea le bec entre les pétales d’une fleur.
Halt se détendit et abaissa son arme. Will, qui s’était lui aussi rendu compte de ce mouvement, s’était brusquement accroupi. Il se releva avec prudence et jeta un coup d’œil à son mentor, qui lui fit alors signe de reprendre sa progression.
— Désolé, Horace. Où en étais-je ? Oui. C’est notre manière à nous d’aborder ce genre de situation. Will cherche leurs traces et essaie de déceler si quelqu’un a pu quitter la piste pour s’embusquer dans les buissons. Pendant ce temps, je le couvre en observant la piste, au cas où l’ennemi chercherait à le surprendre par l’arrière. Et si je vois un arbalétrier sortir des broussailles, je crie pour avertir Will, qui plongera aussitôt à terre, et j’abats l’arbalétrier. Je vois, je crie, je tire, voilà tout. Par ailleurs, nous procédons de cinquante mètres en cinquante mètres, ce qui permet à ma flèche de toucher plus vite un assaillant potentiel. Nous aurons néanmoins un problème quand nous atteindrons ces arbres, là-bas.
Le terrain couvert d’ajoncs s’étendait sur deux ou trois kilomètres avant de céder la place à une forêt épaisse.
— Je me doute que votre champ de vision sera réduit, dit Horace.
— En effet. Il nous faudra rejoindre Will tous les vingt mètres. Allons-y, il nous fait signe d’avancer.
Ils descendirent la pente et retrouvèrent leur compagnon, souriant. Folâtre donna de petits coups de nez à Will en laissant échapper quelques reniflements. Il n’aimait pas que son jeune maître parte ainsi sans lui.
— Tu te fais du mauvais sang pour rien, lui dit Will.
— Cette fois, garde-le près de toi, conseilla Halt. Il percevra avant nous la présence de quelqu’un dans les buissons. J’aurais dû y penser plus tôt…
Mais le jeune Rôdeur s’inquiéta.
— Je n’ai pas envie qu’un carreau d’arbalète blesse Folâtre.
Halt lui sourit.
— Qui se fait du mauvais sang pour rien, à présent ? demanda-t-il avec ironie.
— Peu importe, répliqua Will avec un haussement d’épaules. Je serai plus tranquille de le savoir près de vous si l’ennemi décide de tirer.
— Et je serai plus tranquille de le savoir avec toi, insista le vieux Rôdeur avant de tapoter l’arc posé en travers de sa selle. Ne t’inquiète pas. Si quelqu’un se met à tirer, ce
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