La Traque des Bannis
sont-ils arrivés jusqu’ici ?
Le Génovésien haussa de nouveau les épaules. Cette question n’avait aucune importance. Seul comptait le fait que ces redoutablesindividus suivaient la petite troupe de Bannis. Il resta muet, attendant que Tennyson continue.
L’esprit de ce dernier était en ébullition. Le contrebandier, évidemment ! Il avait dû leur révéler leur destination. Ils avaient dû soudoyer O’Malley et celui-ci l’avait trahi. Tennyson se mit à arpenter la tente. Il fallait à tout prix rassembler les convertis de Willey’s Flat. Néanmoins, il ne pouvait prendre le risque d’être traqué jusque là-bas par ces trois hommes.
— Ils sont loin ? demanda-t-il.
— Un jour, tout au plus, répondit Marisi.
Cela ne suffisait pas, songea Tennyson. Il prit rapidement une décision.
— Vous allez vous en débarrasser, ordonna-t-il d’un ton brusque.
— Nous en débarrasser ? répéta le Génovésien, surpris.
Le Banni se pencha au-dessus de la petite table.
— Tu m’as parfaitement compris ! C’est votre travail, non ? Toi et ton ami, tuez-les. Servez-vous donc de ces arbalètes dont vous êtes si fiers et faites en sorte qu’ils cessent de nous suivre.
« Qu’ils aillent au diable », se dit-il. Ces deux archers et leur compagnon musclé n’avaient cessé de lui créer des problèmes. Plus il y pensait, plus il avait envie de les savoir morts.
Marisi, songeur, réfléchissait à l’ordre qui venait de lui être donné.
— J’ai repéré un endroit idéal pour leur tendre une embuscade, finit-il par répondre. Il nous faudra rebrousser chemin et les mener sur une piste trompeuse. Cependant…
Il marqua une pause délibérée.
— Cependant ? gronda Tennyson.
— Ils sont dangereux. Or notre contrat ne mentionne pas que nous devons nous charger de tels individus.
Le sous-entendu n’échappa pas au chef des Bannis. Il inspira profondément, s’efforçant de maîtriser sa colère grandissante. Il avait besoin de ces Génovésiens, peu importait s’ils l’agaçaient.
— Je vous paierai plus que prévu, répliqua-t-il, les dents serrées.
Marisi, avec un sourire, tendit la main.
— Tout de suite ?
Tennyson secoua la tête avec vigueur. Il n’avait pas l’intention de capituler devant cet homme.
— Quand vous aurez rempli votre mission, pas avant.
Marisi haussa les épaules. Il s’était douté que le faux prophète refuserait, mais cela ne coûtait rien d’essayer.
— C’est d’accord, approuva-t-il. Nous conviendrons d’une somme. En revanche… si c’est plus tard, ce sera plus cher.
Tennyson écarta cette requête d’un geste de la main.
— Cela me convient. Va dire à Bacari de venir me trouver, nous nous arrangerons, lui et moi.
« Après tout, pensa-t-il, avec un peu de chance, tout ce petit monde finira peut-être par s’entretuer et je n’aurai pas à débourser un sou. »
— Il faut tenir compte du fait qu’il nous a sans doute vus, dit Halt alors qu’ils reprenaient leur route.
Afin de converser plus aisément, Horace et Will chevauchaient à la hauteur d’Abelard.
— Mais nous a-t-il reconnus ? s’enquit le jeune Rôdeur. Après tout, il était plutôt loin et il n’a dû distinguer que trois cavaliers.
Will n’avait pas tort, songea Halt. Toutefois, ce n’était pas en prenant des risques inutiles et en supposant que ses ennemis pouvaient commettre des erreurs que le vieux Rôdeur avait réussi à survivre jusqu’ici.
— S’il nous a vus, nous devons aussi partir du principe qu’il nous a reconnus.
— Après tout, quand vous n’êtes pas occupés à vous tapir dans des buissons, vous êtes facilement reconnaissables, tous les deux, intervint Horace. Peu de gens parcourent la campagne avec des arcs et des capes comme les vôtres.
— Merci de le souligner, rétorqua Halt d’un ton sec. Tu as néanmoins raison. Et les Génovésiens sont loin d’être des imbéciles. Maintenant, Tennyson saura que nous le traquons.
Il marqua une pause et se gratta la barbe, plongé dans ses pensées.
— Que faire, à présent ? Telle est la question… ajouta-t-il, comme pour lui-même.
— Nous pourrions ralentir un peu l’allure, proposa Will. Tennyson croira alors que le Génovésien s’est trompé et qu’il a simplement aperçu trois cavaliers anonymes.
— Non, ce serait trop en demander. Et si nous allions moins vite, nous perdrions sa piste. À mon avis, nous devrions faire exactement l’inverse : presser le
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