La Vallée des chevaux
des parents...
— Qu’est-ce qui te fait penser que je suis plus zelandonii
que toi ? Pourquoi ne serais-je pas heureux moi aussi en restant
ici ?
— Toi, tu n’es pas tombé amoureux. Et même si tu l’étais,
tu ferais des projets pour emmener l’élue de ton cœur avec toi au lieu de
rester ici avec elle.
— Pourquoi ne rentrerions-nous pas avec Jetamio ? Elle
est intelligente, débrouillarde et indépendante. Elle sait même chasser. Elle
ferait une parfaite Zelandonii.
— Je ne veux pas perdre une année à voyager. Je suis pressé
de vivre avec la femme que j’aime et j’ai envie qu’elle ait des enfants le plus
vite possible.
— Qu’est donc devenu le Thonolan qui voulait voyager
jusqu’à l’embouchure de la Grande Rivière Mère ?
— Un jour, j’irai. Rien ne presse. Ce n’est pas si loin que
ça. Je pense que je demanderai à Dolando de m’emmener la prochaine fois qu’il
ira troquer du sel. Je proposerai à Jetamio de m’accompagner. Je pense que ça
lui fera plaisir. A condition, bien entendu, que nous ne soyons pas absents
trop longtemps. N’ayant jamais connu sa mère, elle est très attachée à sa
tribu. C’est quelque chose que je comprends très bien. Toi aussi, tu es comme
elle, Grand Frère.
— Pourquoi en es-tu si sûr ? demanda Jondalar en
baissant les yeux pour éviter le regard de Thonolan. Qui te dit que je ne suis
pas, moi aussi, amoureux ? Serenio est très belle. Quant à Darvo,
ajouta-t-il en souriant pour la première fois, il a absolument besoin qu’un
homme s’occupe de lui. Je suis sûr qu’il fera un excellent tailleur de silex
plus tard.
— Je te connais trop bien, Grand Frère. Ce n’est pas parce
que tu vis avec une femme que tu l’aimes pour autant. Je sais que tu adores cet
enfant, mais ce n’est pas suffisant pour que tu t’engages vis-à-vis de sa mère
et surtout pour que tu décides de t’installer ici. Rentre chez toi et choisis
une femme d’un certain âge, qui ait déjà pas mal d’enfants. Comme ça, tu seras
assuré de pouvoir former toute une ribambelle de tailleurs de silex.
Avant que Jondalar ait pu répondre, un gamin de douze ans arriva
en courant. Il était grand pour son âge et élancé, et les traits de son visage
étaient fins et délicats, comme ceux d’une fille. Ses cheveux châtain clair
étaient raides et ses yeux couleur noisette brillaient d’intelligence.
— Jondalar ! s’écria-t-il en essayant de retrouver son
souffle. Je t’ai cherché partout ! Dolando est prêt et les hommes du
fleuve attendent.
— Va dire que nous arrivons, Darvo, répondit Jondalar dans
le langage des Sharamudoï.
Le jeune garçon repartit à toute vitesse. Les deux frères
s’apprêtaient à le suivre quand soudain Jondalar s’arrêta.
— J’ai l’impression que le moment est venu de te souhaiter
tout le bonheur possible, Petit Frère, dit-il avec un grand sourire. Je dois
avouer que je ne m’attendais pas à ce que tu fasses ça dans les formes. Mais
n’essaie pas d’en profiter pour te débarrasser de moi. Ce n’est pas tous les
jours que le frère d’un homme trouve la femme de sa vie. Je ne raterai pas
votre Union, même pour l’amour d’une donii.
Un sourire illumina le visage de Thonolan.
— Sais-tu, Jondalar, que quand j’ai vu Jetamio pour la
première fois, j’ai cru qu’il s’agissait d’un esprit envoyé par la Mère pour
agrémenter mon Voyage vers l’autre monde. Je n’avais aucune envie de résister
et j’étais prêt à la suivre n’importe où...
Emboîtant le pas à son frère, Jondalar ne dit rien, mais fronça
les sourcils. Cela l’inquiétait que Thonolan soit prêt à mourir pour suivre
Jetamio.
Les deux frères grimpèrent par un sentier qui descendait en
zigzaguant à travers une forêt à l’ombre profonde. Le sentier débouchait sur
une trouée. Quand Jondalar et Thonolan y parvinrent, ils s’approchèrent du
sommet de la falaise. La paroi avait été laborieusement entaillée et l’étroit
passage pratiqué permettait tout juste à deux hommes de s’avancer de front. Par
mesure de prudence, Jondalar préféra marcher derrière son frère. Bien qu’il eût
déjà passé tout l’hiver chez les Shamudoï, chaque fois qu’empruntant ce passage
il apercevait tout en bas de la corniche les eaux de la Grande Rivière Mère, la
tête lui tournait. Et pourtant ce sentier à pic constituait l’accès le plus
commode pour atteindre la Caverne de
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