La Vallée des chevaux
l’impression que si j’arrivais à détacher un éclat de
lame de l’herminette qu’utilise Carlono, elle aurait alors une face interne de
forme concave et serait plus facile à utiliser. Je pense aussi que je pourrais
fabriquer un burin en silex qui leur permettrait de percer les trous beaucoup
plus vite.
— Quand je pense qu’ils sont tous persuadés que tu
t’intéresses à la construction de leurs bateaux ! s’écria Thonolan en
riant. J’aurais dû m’en douter. Ce ne sont pas les bateaux qui t’intéressent
mais les outils qu’ils utilisent pour les fabriquer. Tu es vraiment tailleur de
silex dans l’âme !
Jondalar sourit en songeant que Thonolan avait raison. Aussi
fascinante que soit la fabrication des bateaux, c’était surtout les outils qui
le captivaient. Il y avait de bons tailleurs de silex chez les Sharamudoï, mais
aucun d’eux ne s’était vraiment spécialisé dans ce domaine et il ne leur venait
pas à l’idée qu’on puisse améliorer un outil en le modifiant, même légèrement.
Jondalar avait toujours eu plaisir à fabriquer des outils adaptés à des tâches
bien précises et il imaginait d’avance les améliorations qu’il pourrait
apporter dans l’équipement des Sharamudoï. Grâce à son savoir-faire unique en
son genre, il s’acquitterait ainsi de la dette qu’il avait contractée envers
ces gens.
— Mère ! Jondalar ! cria Darvo en faisant
irruption dans l’abri. Il y a encore des gens qui viennent d’arriver. Avec
toutes les tentes qu’il y a déjà, je ne sais pas où ils vont pouvoir
s’installer.
Darvo n’était entré que pour annoncer ce qui se passait dehors.
Il était si excité par l’agitation qui régnait sur la terrasse qu’il ressortit
aussitôt en courant.
— Il y a encore plus de monde que pour l’Union de Markeno
et de Tholie, dit Serenio. Dire qu’à l’époque j’avais trouvé que c’était déjà
beaucoup ! Il faut dire que les gens connaissaient les Mamutoï, au moins
de nom. Tandis que personne n’a jamais entendu parler des Zelandonii.
— Est-ce qu’ils imaginent que nous n’avons pas deux yeux,
deux bras et deux jambes comme eux ? demanda Jondalar.
Il était atterré par le nombre d’invités. La Réunion d’Été des
Zelandonii réunissait plus de monde encore, mais ici, à l’exception des membres
de la Caverne de Dolando et du Ponton de Carlono, il s’agissait d’étrangers. La
nouvelle de cette union s’était répandue si vite que même les autres Cavernes
sharamudoï avaient tenu à venir. Il y avait aussi tous les parents et amis de
Tholie, plus quelques curieux qui s’étaient joints à eux. Sans parler de ceux
qui habitaient en amont du fleuve et même en amont de la Rivière Sœur.
Chez les Zelandonii, la coutume voulait que plusieurs Unions
soient célébrées en même temps. Il était donc étonné que tant de gens se
déplacent pour l’Union d’un seul couple. En plus, comme il était le seul parent
de Thonolan, il allait jouer un rôle important dans le déroulement de la
cérémonie, ce qui le rendait nerveux.
— Pas mal de gens seraient étonnés de voir que tu n’es pas
toujours aussi sûr de toi que tu en as l’air, lui dit Serenio, en s’approchant
de lui et en le prenant par le cou. Ne t’inquiète pas, tu vas être parfait. Tu
l’es toujours.
Ces paroles rassurantes lui firent du bien et il pressa ses
lèvres contre les siennes, tout heureux de pouvoir oublier un instant ses
appréhensions. Mais dès qu’il se sépara de Serenio, son inquiétude reprit le
dessus.
— Tu crois que je suis correctement habillé ?
demanda-t-il. Ma tenue de voyage n’est pas très adaptée à ce genre de
cérémonie...
— Personne ne saura qu’il s’agit de vêtements de voyage.
Les gens qui sont là n’ont encore jamais vu ce type de vêtement, ils trouveront
ça très original. Si tu étais habillé comme nous, ils seraient déçus. Ils se
sont déplacés autant pour toi que pour Thonolan. Tu te sentiras plus à l’aise
si tu portes tes propres vêtements. Et cette tenue te va parfaitement.
Jondalar s’approcha d’une des cloisons de l’abri et jeta un coup
d’œil à travers les fentes. En voyant la foule qui se pressait sur la terrasse,
son inquiétude ne fit qu’augmenter et il se mit à faire les cent pas à
l’intérieur de l’abri.
— Je vais te préparer une infusion, proposa Serenio. Un
mélange spécial que m’a enseigné le shamud. Grâce à cette
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