La Vallée des chevaux
terrasse et contourne la paroi de la falaise.
Thonolan et Jetamio se trouvaient juste derrière le joueur de flûte, suivi par
Markeno et Tholie, puis par Jondalar et Roshario, leurs parents les plus
proches. Ensuite venaient, par ordre, le reste de la parenté, la totalité des
membres de la Caverne et les invités. Le shamud en visite, jouant toujours du
tambour, suivait avec les membres de sa propre Caverne.
Le shamud aux cheveux blancs leur fit descendre le sentier qui
menait à la clairière où l’on fabriquait les bateaux, mais un peu avant d’y
arriver, il obliqua dans un sentier latéral et les emmena vers l’Arbre de la
Bénédiction. Pendant que la foule prenait place dans la clairière autour de l’énorme
chêne, le shamud s’adressa à Thonolan et Jetamio, leur donnant des conseils
pour qu’ils soient heureux et qu’ils appellent sur leur couple les bienfaits de
la Mère. Seuls les parents les plus intimes se trouvaient assez près pour
entendre cette partie de la cérémonie. Le reste des invités se tenait un peu à
l’écart et les gens discutaient entre eux.
Lorsque les invités s’aperçurent que le shamud attendait
tranquillement que le brouhaha se calme, ils se turent aussitôt. Le cri rauque
d’un geai troua le silence et le staccato d’un pic épeiche résonna dans les
bois, suivi aussitôt par le chant plus doux d’une alouette qui prenait son vol.
Comme s’il leur donnait la réplique, le personnage au masque
d’oiseau invita les deux jeunes gens à s’approcher. Puis il présenta une corde,
qu’il noua de manière à former une boucle. Les yeux dans les yeux, Jetamio et
Thonolan unirent leurs deux mains et les glissèrent à l’intérieur de la boucle.
— Jetamio et Thonolan, Thonolan et Jetamio, je vous lie
l’un à l’autre, dit le shamud en attachant leurs deux poignets à l’aide d’un
nœud serré. Ce nœud que je viens de faire vous engage non seulement l’un
vis-à-vis de l’autre mais aussi envers votre parenté et la Caverne tout
entière. A l’occasion de cette Union, vous complétez le carré formé par Markeno
et Tholie. (Les deux autres jeunes gens s’approchèrent à leur tour et
joignirent leurs mains à celles de Jetamio et Thonolan.) De même que les
Ramudoï partagent les dons de la terre et les Shamudoï ceux de l’eau, en tant
que Sharamudoï, vous vous devez pour toujours assistance mutuelle.
Tholie et Markeno se reculèrent et, accompagnés par les sons de
la flûte du shamud, Thonolan et Jetamio se mirent à tourner à pas lents autour
du vénérable chêne. Lorsqu’ils repassèrent pour la seconde fois devant les
invités, ceux-ci leur souhaitèrent tout le bonheur et lancèrent sur eux du
duvet d’oiseaux, des pétales de fleurs et des aiguilles de pin.
Quand ils entamèrent leur troisième circuit autour de l’Arbre de
la Bénédiction, les invités se joignirent à eux en riant et en faisant grand
bruit. L’un d’eux entama un chant traditionnel, rapidement repris en chœur,
d’autres sortirent leur flûte pour accompagner les chanteurs. D’autres encore
tapaient en mesure sur des tambours et des tubes creux. Avec un maillet, un des
Mamutoï frappa sur une omoplate de mammouth. Le son retentissant surprit les
assistants et tous cessèrent de chanter et de jouer pour écouter cet instrument
étonnant, capable, selon l’endroit où on le frappait, de produire un timbre différent
et des sons de hauteur variable et donc d’accompagner la mélodie jouée par le
shamud. Sans cesser de jouer, celui-ci entraîna à sa suite la foule vers la
clairière proche de la rivière.
Jondalar, qui n’avait pas assisté aux dernières finitions, ne
put retenir une exclamation de surprise en apercevant le bateau amarré sur le
fleuve. Sa longueur était maintenant parfaitement équilibrée par ses hauts
flancs garnis de madriers incurvés et par un étambot qui s’élevait fièrement à
l’arrière du bateau. Mais c’était surtout la proue qui provoquait les
exclamations émerveillées des invités. Elle se prolongeait pour former la tête
d’un oiseau aquatique au long cou, sculpté dans du bois et dont les joints
biseautés étaient solidement chevillés.
La proue était peinte avec de l’ocre jaune et de l’ocre rouge,
du noir de manganèse et de la chaux blanche. Les yeux peints en bas de la coque
regardaient sous l’eau afin d’éviter les dangers qui risquaient de menacer
l’embarcation. La proue et la poupe étaient
Weitere Kostenlose Bücher