La Vallée des chevaux
infusion, tu te
sentiras moins nerveux.
— J’ai l’air nerveux ?
— Un peu, reconnut gentiment Serenio. Et cela se comprend.
Tu as quelques raisons de l’être.
Après avoir rempli d’eau une boîte en bois de forme
rectangulaire, Serenio y ajouta des pierres chaudes. Jondalar s’assit sur un
tabouret en bois. Perdu dans ses pensées, il contemplait d’un air absent les
dessins géométriques gravés sur le récipient : une série de lignes
obliques et parallèles tracées au-dessus d’une seconde rangée de lignes qui
partaient dans l’autre sens, si bien que l’ensemble faisait penser à des arêtes
de hareng.
Les côtés de ces boîtes étaient fabriqués à partir d’un morceau
de bois d’un seul tenant, dans lequel étaient pratiquées trois rainures
verticales. On chauffait alors le bois à la vapeur pour le rendre flexible,
puis on le pliait à l’endroit des rainures pour former trois des angles de la
boîte et on chevillait le quatrième angle. Une rainure était pratiquée en bas
de la boîte dans laquelle on engageait une pièce de bois rectangulaire qui
constituait le fond du récipient. Le bois gonflait dès que le récipient était
rempli d’eau et ces boîtes étaient donc parfaitement étanches. Elles
possédaient toutes un couvercle démontable si bien qu’on pouvait les utiliser soit
comme ustensiles de cuisine, soit pour conserver des provisions.
En contemplant cette boîte, Jondalar pensa à son frère. Thonolan
avait rapidement compris les méthodes employées par les Sharamudoï pour cintrer
et façonner le bois car, lorsqu’il fabriquait des sagaies, il employait des
techniques semblables. Qu’il s’agisse de redresser un bois de lance ou de
cintrer celui qui servirait à fabriquer des raquettes, le principe était le
même. En pensant aux raquettes qu’ils portaient tous deux au début de leur
Voyage, Jondalar éprouva une poignante nostalgie. Reverrait-il un jour son
pays ?
Il se leva brusquement, renversant le tabouret sur lequel il
était assis. En se penchant pour le ramasser, il faillit heurter Serenio qui
s’approchait, un bol d’infusion chaude à la main. L’accident évité de justesse
rappela à Jondalar celui qui avait eu lieu pendant la Fête de la Promesse. Même
si Tholie et Shamio étaient maintenant parfaitement remises, il ne pouvait
s’empêcher de repenser à sa conversation avec le shamud et les derniers mots
prononcés par le guérisseur ne cessaient de le hanter.
— Bois ton infusion, lui conseilla Serenio. Cela te fera du
bien. Jondalar avala une gorgée de liquide. L’infusion avait un goût agréable,
sans doute à base de camomille. Très vite, il se sentit moins tendu.
— Serenio a raison, dit-il. Nettement mieux.
— Ce n’est pas tous les jours qu’un frère prend une
compagne. Je comprends que tu sois un peu nerveux.
Il prit la jeune femme dans ses bras et l’embrassa avec passion,
regrettant de devoir partir aussi vite.
— Ce soir, lui murmura-t-il tendrement à l’oreille.
— Ce soir, il y a une Fête en l’honneur de la Mère, lui
rappela Serenio. Avec tant de visiteurs, mieux vaut ne pas prendre
d’engagement. Chacun de nous sera libre de faire ce qu’il veut.
Jondalar hocha la tête en signe d’acquiescement. Mais il avait
l’impression que Serenio repoussait ses avances. Comme c’est étrange, se
dit-il. C’est la première fois que j’éprouve ce genre de sentiment. D’habitude,
lorsqu’il y avait une fête, c’était toujours lui qui insistait pour reprendre
sa liberté. Pourquoi se sentait-il blessé que Serenio lui ait facilité les
choses ? Sur le moment, il se dit qu’il passerait la nuit avec elle – Fête
ou pas.
— Jondalar ! appela Darvo qui venait à nouveau de faire
irruption dans l’abri. Ils t’attendent ! s’écria-t-il, tout fier qu’on lui
ait confié une tâche d’une telle importance. Dépêche-toi !
— Calme-toi, Darvo, lui conseilla Jondalar en souriant. Je
viens. Pas manquer la Cérémonie de l’Union de mon frère.
Darvo sourit d’un air penaud en réalisant qu’en effet la
cérémonie ne commencerait pas sans Jondalar. Incapable de réprimer son
impatience, il repartit en courant. Jondalar prit une profonde inspiration et
sortit de l’abri.
Lorsqu’il s’avança sur la terrasse, un murmure parcourut la
foule. Heureusement pour lui, Roshario et Tholie l’attendaient et l’emmenèrent
aussitôt vers un tertre situé près d’une des parois
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