La Vallée des chevaux
faisait
trois ans que je ne l’avais pas vue. Je pensais qu’elle avait déjà trouvé un
compagnon. Je suis content que Dalanar ait décidé d’emmener cette année les Lanzadonii
à la Réunion d’Été des Zelandonii. Avec une seule Caverne, les Lanzadonii n’ont
pas beaucoup de choix. La Réunion devrait permettre à Joplaya de rencontrer
d’autres hommes.
— Marona va avoir une sacrée rivale ! Je regrette
presque de ne pas pouvoir assister à la rencontre de ces deux-là. Marona a
l’habitude d’être la plus belle de la bande et elle ne va pas tarder à haïr
Joplaya. Comme, en plus, tu ne seras pas là, elle risque de ne pas tellement
apprécier la Réunion d’Été cette année.
— Tu as raison, Thonolan. Elle va souffrir et elle sera
furieuse, et je la comprends. Même si elle a mauvais caractère, c’est une femme
de qualité et elle mérite un bon compagnon. Et elle sait s’y prendre pour
plaire à un homme. Je crois que j’étais vraiment décidé à nouer le lien, mais maintenant
que je ne la vois plus, je ne sais plus très bien... conclut Jondalar en
attachant une ceinture autour de sa pelisse après y avoir placé sa gourde.
— J’aimerais que tu me dises quelque chose, intervint
Thonolan, l’air soudain sérieux. Quel effet cela te ferait-il si elle décide de
s’unir à quelqu’un d’autre pendant ton absence ? Tu sais que c’est très
possible.
— Cela me fera de la peine et mon orgueil en souffrira
aussi, reconnut Jondalar. Mais je ne lui en voudrai pas. Je pense qu’elle
mérite de rencontrer quelqu’un de mieux que moi. Quelqu’un qui ne la laissera
pas tomber pour accomplir le Voyage au dernier moment. Et si elle est heureuse,
j’en serai content pour elle.
— C’est bien ce que je pensais, dit Thonolan. (Il ajouta
avec un sourire malicieux :) Si nous voulons échapper à la donii qui nous
court après, nous avons intérêt à nous mettre en route.
Thonolan finit de charger son sac. Puis, relevant sa pelisse, il
sortit son bras de la manche et suspendit sa gourde à son épaule.
La pelisse en fourrure des deux frères avait été fabriquée selon
un modèle très simple. Deux morceaux de peau à peu près rectangulaires,
attachés ensemble sur les côtés et aux épaules, auxquels étaient cousus deux
rectangles plus petits, pliés et cousus pour former deux tubes qui faisaient
office de manches. Les pelisses avaient un capuchon, attaché aussi dans le dos
et bordé de fourrure de glouton pour que la condensation provoquée par la
respiration n’y reste pas accrochée sous forme de glace. Elles étaient
richement décorées de perles en os, d’ivoire, de coquillages, de dents
d’animaux, ainsi que de queues d’hermine, blanches à bout noir. Elles
s’enfilaient par-dessus la tête, pendaient en plis lâches, comme des tuniques,
et descendaient jusqu’au milieu des cuisses. Une ceinture permettait de les
resserrer à la hauteur de la taille.
Sous leur pelisse, Thonolan et son frère portaient une peau de
daim taillée sur le même modèle et des pantalons en fourrure, avec un rabat sur
le devant, qu’une lanière en cuir retenait autour de la taille. Leurs moufles
en peau retournée étaient attachées à un long cordon passé dans une boucle
cousue au dos de la pelisse, si bien qu’ils pouvaient les enlever rapidement
sans risquer de les perdre. Leurs bottes avaient une semelle épaisse qui, comme
pour les mocassins, se rabattait autour du pied. Sur cette semelle était
attachée une peau plus souple qui épousait les contours de la jambe et qui,
rabattue, était maintenue en place à l’aide d’une lanière. A l’intérieur de
leurs bottes, ils glissaient une doublure de laine de mouflon, mouillée et
foulée jusqu’à obtenir du feutre. Lorsque le temps était particulièrement
humide, ils portaient par-dessus leurs bottes un boyau d’animal, imperméable et
adapté à la forme de leur pied. Cette protection s’usant très vite, ils ne s’en
servaient que rarement, en cas d’absolue nécessité.
Jondalar venait de prendre une hache en silex, au manche court
et solide, et il était en train de la passer dans une boucle de sa ceinture, à
côté de son couteau en silex au manche en os, quand il demanda à son
frère :
— Jusqu’où comptes-tu aller ? Quand tu as dit que tu
comptais descendre la Grande Rivière Mère jusqu’à son embouchure, tu ne parlais
pas sérieusement ?
— Mais si ! répondit Thonolan, qui était en
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