La Vallée des chevaux
comme leur
barbe. Et ils semblaient très poilus, surtout en haut du dos.
C’était facile à voir puisque leur vêtement en fourrure ne
couvrait que le torse, laissant les bras et les épaules nus malgré la
température presque glaciale. Ce qui surprenait Jondalar, ce n’était pas qu’ils
soient aussi peu sensibles au froid, mais le fait qu’ils portent des vêtements.
Avait-on jamais vu un animal se vêtir et porter des armes ? Car les Têtes
Plates étaient armés. Ils avaient des lances en bois, certainement utilisées
pour porter un coup plutôt que comme armes de jet, mais dont l’extrémité
pointue ne laissait aucun doute sur leur efficacité. Certains portaient sur
l’épaule le tibia d’un herbivore de grande taille, qui leur servait de massue.
Ils n’ont pas une mâchoire d’animal, pensa Jondalar. Elle est
simplement plus puissante que la nôtre. Et leur nez est large, sans plus. Par
contre leur tête est vraiment différente.
Au lieu d’avoir le front haut comme lui et Thonolan, les Têtes
Plates avaient un front bas qui fuyait sur un crâne large et étiré.
Jondalar, qui mesurait un bon mètre quatre-vingt-quinze,
dépassait d’au moins trente centimètres le plus grand d’entre eux et même
Thonolan, avec son mètre quatre-vingts, semblait un géant comparé au costaud
qui devait être leur chef.
Les deux frères étaient bien bâtis, mais la musculature des
Têtes Plates était tellement puissante qu’à côté d’eux, ils paraissaient
presque efflanqués. Les Têtes Plates avaient des torses de taureau, des membres
étonnamment musclés. Leurs jambes étaient arquées, mais ils se tenaient
parfaitement droits et marchaient normalement. Plus Jondalar les regardait,
plus il trouvait qu’ils ressemblaient à des hommes – mais des hommes
comme il n’en avait jamais vu.
Pendant un long moment, personne ne bougea. Thonolan était
toujours accroupi, la sagaie à la main. Jondalar se tenait debout, prêt à
lancer la sienne en même temps que son frère. Les six Têtes Plates étaient
d’une immobilité de pierre mais on les sentait prêts à passer à l’action avec
la rapidité de l’éclair. Chacun campait sur ses positions et Jondalar se
demandait comment faire pour sortir de cette impasse.
Soudain, le costaud émit un grognement et fit un mouvement du
bras. Thonolan arma son bras. Jondalar l’arrêta d’un geste. Seul le jeune Tête
Plate avait bougé : il venait de disparaître derrière le buisson qui, un
moment plus tôt, avait servi de cachette à toute la bande. Il réapparut presque
aussitôt, portant la sagaie de Thonolan, et, à la grande surprise de ce
dernier, la lui rapporta. Puis il s’approcha du tronc d’arbre qui enjambait la
rivière et ramassa une pierre. Il revint alors vers le costaud et, tenant
toujours la pierre, inclina la tête d’un air contrit. La seconde d’après, ils
avaient disparu tous les six derrière le buisson sans aucun bruit.
— J’ai bien cru que nous n’arriverions pas à nous en
sortir, avoua Thonolan en poussant un soupir de soulagement. Je m’étais juré
d’en avoir un ! Il n’empêche que je n’y comprends rien...
— A mon avis, le plus jeune a commencé quelque chose que le
costaud n’a pas voulu finir. Mais ce n’est pas parce qu’il avait peur de nous.
Il fallait un sacré sang-froid pour faire ce geste en sachant que tu le visais.
— Peut-être n’avait-il pas compris ce qu’il risquait.
— Il avait parfaitement compris, oui ! Il t’avait vu
lancer ta première sagaie. Sinon, pourquoi demander au jeune d’aller la
chercher et de te la rendre ?
— Crois-tu vraiment qu’il lui ait dit de faire ça ?
Mais comment ? Puisqu’ils ne savent pas parler.
— Je n’en sais rien. Mais je suis sûr que le costaud a
ordonné au jeune de te rapporter ta sagaie et d’aller rechercher sa pierre.
Comme ça, on était quitte. Personne n’a été blessé et je pense que c’est ce
qu’il voulait. C’était drôlement futé de sa part. Tu sais, j’ai l’impression
que ces Têtes Plates ne sont pas vraiment des animaux. Je ne savais pas qu’ils
portaient des fourrures, avaient des armes et marchaient comme nous.
— En tout cas, je comprends pourquoi on les appelle les
Têtes Plates ! Et quelle force ! Je n’aimerais pas avoir à me battre
à mains nues avec l’un d’eux.
— Oui... J’ai l’impression qu’ils doivent te casser un bras
aussi facilement que s’il s’agissait
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